Chapitre LXXV : Contact

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Arlette descendit de la scène de la Philarmonie au milieu du flot d'artistes sans quitter Joseph. Les joues rouges, elle posait sur lui à intervalle régulier un regard enfiévré et étincelant de bonheur qu'il lui rendait volontiers. 

Lorsqu'ils furent dans le couloir principal des loges, les félicitations se mirent à pleuvoir : des membres de son choeur ou de l'orchestre s'approchaient d'elle, et la louaient avec émotion. Trop heureuse pour être embarrassée, elle y répondait sans vanité mais avec un plaisir non feint qui fit sourire Joseph.

  Elle échangeait des remerciements avec Soledad, tandis que Joseph discutait avec un des violonistes derrière elle, quand elle vit M. Lefebvre en personne s'approcher d'elle.

Il était un ténor très célèbre et très doué, et c'était d'ailleurs la première fois qu'elle le rencontrait en personne : grand, la carrure puissante, il avait du être très beau dans sa jeunesse, bien qu'il fut un peu dégarni.

Un sourire large, il vint poser une main sur l'épaule de Soledad, qui, ne l'ayant pas vu, sursauta. Sans s'en préoccuper, il adressa à la mezzo-soprano un sourire charmeur ;

- C'est une merveilleuse chanteuse que vous nous avez formé, ma chère ! Ariette se montre assurément digne de son professeur ! s'exclama-t-il, et Arlette eut la surprise de voir le visage de son enseignante prendre une belle teinte rouge. 

Elle balbutia une réponse hâtive, et le célèbre chanteur acquiesça, puis se tourna à nouveau vers la jeune chanteuse :

- Tu es assurément douée, Adèle. Tu chantes bien, mais plus que cela, tu exprimes. Tu sais, dit-il, hochant la tête avec un air de séducteur un peu ridicule, j'en ai connu une, comme toi, y'a longtemps. Madeline, qu'elle s'appelait. Elle est devenue une chanteuse ex.tra.or.di.naire. 

Il faisait visiblement référence à Madeline Van Mondsteen, la célèbre cantatrice, et l'adolescente se sentit flattée de la comparaison malgré son erreur concernant son nom. 

- Merci beaucoup, se sentit-elle obligée de remercier, pour tout et...

- Oh, pas de quoi, Agnès, chantonna-t-il presque, faussement modeste. Allons, il faut que j'y aille ! 

- Euh, glissa la jeune fille, un peu gênée qu'il parte sans son prénom, moi, c'est Arlette...

- C'est ce que je viens dire. Allons, au revoir, Annette ! salua-t-il avec grandiloquence. Il adressa un clin d'œil à Soledad, qui s'empourpra encore davantage, et fit volte-face avant de disparaître dans la foule. 

Arlette resta plantée là, partagée entre sa déception et son envie de rire. Après tout, tout les musiciens ne pouvaient pas être parfaits en dehors de la scène. Tous n'étaient pas Joseph. 

- Le dernier était presque le bon, glissa une voix bien connue à son oreille.

 Quand on parlait du loup...  Arlette se tourna avec un sourire espiègle :

- Vous ne l'aimez vraiment pas, pas vrai ?! s'esclaffa-t-elle tandis qu'il secouait la tête. 

Ils se sourirent encore, les yeux dans les yeux, fascinés l'un par l'autre. 

Soudain, Arlette se sentit submergée. Submergée par la foule, la chaleur, la fatigue, la cohue. Submergée par la force de ses propres sentiments. 

- Arlette ? Tout va bien ?! 

Le regard inquiet du musicien la fit reprendre pied, et elle se rendit compte qu'elle vacillait. 

- Tu es très pâle... Veux-tu sortir ?

Elle hocha la tête, la gorge serrée, et il l'entraîna à travers le couloir bondé, posant une main sur son dos pour ne pas la perdre. 

Ce simple contact lui donna l'impression de brûler encore plus, et une sensation inconnue se répandit dans sa gorge, dans sa poitrine, dans ses entrailles, comme un besoin urgent de plus de contact. De son contact.

Elle secoua la tête, chassant ces pensées envahissantes, et se contenta de le suivre dans un couloir désert. Enfin, ils arrivèrent au bout de l'allée, et Joseph ouvrit galamment la porte pour la laisser sortir sur le balcon, ce qu'elle fit sans dire un mot. 

Lorsqu'elle sentit l'air froid entrer en contact avec sa peau brûlante, il lui sembla qu'elle perdait le peu de raison qui lui restait tant elle sentait tout son corps s'enflammer. 

C'était lui. Lui, qui causait cette réaction incontrôlable. 

Car Arlette ne contrôlait plus rien. Dès qu'il sortit sur le balcon à sa suite, il sentit deux mains fébriles agripper sa veste de smoking, et une bouche moite s'écrasa sur la sienne. 

Bonjour, chers lecteurs !

Je commence la publication des derniers chapitres ( mais il en reste encore un peu, rassurez-vous !)

Je sais que j'ai été longtemps absente, et que l'intérêt que suscitait mon espoir au début est retombé depuis un bout de temps, mais je m'inquiète de ne plus avoir de retours... Ils me sont précieux pour m'améliorer, rester motivée et parfois même m'inspirent pour l'histoire en elle-même !

Alors s'il-vous-plaît, qu'il soit positif ou négatif, pourriez-vous me donner votre avis sur cette histoire, ses personnages, le tour qu'elle prend ?

J'ai hâte de partager la suite avec vous :)

Merci et à très vite, j'espère !

                       Alecto

- Dissimilarity -Où les histoires vivent. Découvrez maintenant