Arlette, depuis quelques semaines, était loin d'être la même, Sidonie l'avait bien remarqué.
Ça avait commencé par des yeux cernés, tristes, des gestes lents et un manque de conviction évident. Sa soeur aînée restait en permanence enfermée dans sa chambre.
A table, elle prenait quelques bouchées, tournait sans conviction sa fourchette entre ses doigts, puis finissait par jeter le contenu de son assiette à la poubelle. Elle ne parlait plus guère, elle qui aimait tant parler de ses nouvelles découvertes passionnantes en cours de musique.
Sidonie avait demandé à sa mère pourquoi Arlette semblait si... ailleurs. Mais celle-ci, plongée dans son travail, s'était contenté de hausser ses épaules sans prêter attention à elle, répondant à la hâte simplement "Elle doit être amoureuse.".
Mais Arlette était différente.
Sidonie, le soir, l'entendait sangloter longuement.
Plus les jours passaient, plus Arlette semblait s'enfoncer, et elle seule, du haut de ses douze ans, semblait s'en apercevoir. Les adultes, de toute façon, étaient bien trop absorbés par leur travail et leurs "affaires de grandes personnes" pour y prêter attention.
Mais quelque chose, définitivement, n'allait pas.
Ce jour-là, ses parents discutaient dans la cuisine quand elle rentra du collège, et elle prit la décision de leur parler.
- Papa, Maman ?
Auguste se tourna vers sa fille :
- Oui ?
L'enfant s'avança, un peu maladroite. Elle vint s'asseoir aux côtés de ses parents.
- Dites, vous ne trouvez pas... qu'Arlette a l'air un peu triste, en ce moment ? demanda-t-elle avec gravité.
Son père et sa mère échangèrent un regard, et cette dernière lui offrit son sourire rassurant :
- Ne t'inquiète pas, ma chérie. Arlette traverse juste l'âge difficile... c'est, tu sais, la crise d'adolescence. Et puis, avec les répétitions pour son concert, le Bac qui approche... elle est un peu stressée. C'est tout à fait normal, tu comprends !
Sidonie acquiesça, mais elle n'était pas convaincue.
Un peu plus tard, elle entendit la porte claquer, et quelqu'un monter les escaliers. Cela ne pouvait être que son aînée.
Sidonie sentait que quelque chose n'allait définitivement pas. Mais que pouvait-elle faire, à part regarder battre la pluie contre les vitres ? Arlette était imperméable, impénétrable. Et sa jeune soeur voyait l'orage se rapprocher, sans pouvoir le définir.
°*°*°
Arlette avait quitté Semplice Furioso seule, en ayant expressément fait la demande à ses amis. Ce qu'elle venait d'apprendre lui avait porté le dernier coup. Plus les jours passaient, et plus elle avait la sensation qu'elle ne pourrait en supporter plus.
En traversant la route, son regard s'était perdu dans la file de voiture, et elle s'était imaginée un bref instant que tout s'arrête.
Et si sa douleur était emportée, en même temps que sa vie, par les roues chuintantes des véhicules, le bruit de son dernier cri étouffé par la pluie battante ?
Elle voulait se sentir s'élever dans le ciel gris, loin de tout cela.
La jeune fille était rentrée chez elle, les larmes se mêlant sur son visage à la pluie battante.
La nuit fut longue. Elle resta, comme souvent, longuement les yeux grand ouverts dans l'obscurité, écoutant le vent hurler à travers la ville endormie.
Une question, qui allait encore la hanter des jours, tournait et tournait encore dans son esprit.
Et si tout s'arrêtait ?
* De mauvaises pensées commencent à envahir l'esprit d'Arlette, et ses proches s'inquiètent de plus en plus ! Alors, des idées sur la suite ?
A votre avis, est-ce que les parents d'Arlette vont se rendre compte à temps qu'il y a un problème ?
Son désespoir va-t-il la pousser aller jusqu'au bout ?
Que pensez-vous de la tournure que prennent les événements ?
Merci pour votre soutien et à bientôt !*
Jeanne Flamingo
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- Dissimilarity -
Romance{ HISTOIRE TERMINÉE } Arlette, jeune passionnée de musique d'à peine dix-sept ans, vit la tête pleine de rêves, et comme dans toutes les histoires d'adolescents, elle est amoureuse ; rien de très étonnant. Si l'on oublie le fait que cet amour soit d...