Chapitre IL : Fuite

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- Arlette ! cria Joseph dans le couloir, avant de se lancer à sa poursuite. 

Mais dans sa fuite désespérée, la jeune fille demeurait inatteignable : quand il arriva, à bout de souffle, à un croisement entre deux couloirs, elle avait disparu : Elle avait trente-cinq ans d'avance sur lui.

Affolé, il alla jusque dans le hall. Là encore, nulle trace d'Arlette. 

Un secrétaire triait des papiers à l'accueil : il se précipita vers elle.

- Excusez-moi, haleta-t-il, vous n'auriez pas vu passer une jeune fille rousse, d'environ dix-sept ans ? Je la cherche.

La femme leva les yeux vers lui avec une lenteur exaspérante. 

- Je crois bien, oui... il y a... peut-être cinq minutes. Elle n'avait pas l'air bien du tout, cette petite. Elle est passée en courant, et je crois bien qu'elle pleurait. Elle a du sortir...

Mais sans répondre à sa question informulée, il hocha la tête et fit volte-face sous son regard étonné, traversant l'entrée d'un pas rapide avant de sortir. 

La pluie tombait à saut, et le froid était glacial. On entendait déjà le tonnerre gronder au loin.

Et la rue était vide, totalement vide.

Joseph soupira. Personne. Elle devait être partie. Et peut-être cela valait-il mieux.

Il se détourna et rentra, ignorant le scintillement fiévreux d'une paire d'yeux au dessus de lui.

Arlette laissait la pluie couler sur elle, emportant les derniers reliquats de cohérence et de raison qui lui restait.

Joseph revint d'un pas mal assuré dans le studio.

- Scheiße, Joseph, qu'as-tu fait ?! maugréa-t-il. 

Il se sentait profondément misérable.

Un objet, au sol, attira son attention : le téléphone d'Arlette. 

Il s'en approcha lentement, puis se pencha pour le ramasser. Elle l'avait oublié... Elle risquait d'en avoir besoin. 

Ah oui, et pourquoi ? Pour recevoir des insultes de gamins malintentionnés ?  lui glissa une petite voix ironique, celle de sa conscience. 

Naturellement, il cherchait un prétexte pour lui parler. Mais il devait la voir, savoir comment elle allait. Son inquiétude allait finir par lui faire perdre la tête. 

Il sortit du studio, l'objet en main, et traversa le couloir pour entrer dans son bureau.

Il avait, comme chaque adulte intervenant de S.F, un annuaire contenant les coordonnées des élèves. 

Il mit quelques minutes à trouver celles d'Arlette. Il y avait un numéro de téléphone portable, mais c'était celui de la jeune fille, et une adresse. Il attrapa un post-it et la griffonna à la hâte, avant de quitter le bureau et de traverser une partie des bâtiments.

Quelques minutes plus tard, il était en route à travers la ville. Il rongea son frein pendant la petite dizaine de minutes que dura le trajet, mais enfin, se gara dans la rue indiquée et sonna chez la jeune fille. 

Un homme, d'environ son âge, peut-être un peu plus jeune, ouvrit immédiatement. Il avait l'air un peu inquiet.

- Bonjour, salua le musicien, agité. 

- Monsieur, répondit l'homme, sûrement le père d' Arlette. Il avait la même couleur de cheveux. Que puis-je faire pour vous ? 

- Je suis musicien à Semplice Furioso... Votre fille a oublié ceci en répétition, et je n'avais pas votre numéro. 

Il tendit le téléphone portable d'Arlette.

- Merci beaucoup, c'est très aimable de votre part. Monsieur ... ?

- Silbervolgen. Joseph von Silbervolgen.

Son interlocuteur afficha une expression surprise.

- Le violoncelliste ?

- Lui-même. 

Une lueur impressionnée traversa les yeux de M. Flavigny.

- Arlette ne nous avait pas dit qu'elle vous connaissait. En parlant d'Arlette... - Il parut gêné, mais se força à continuer - Étiez-vous avec elle lors de son dernier cours ? Normalement, elle aurait dû rentrer depuis longtemps, mais... Et elle est injoignable.

Joseph sentit son sang se glacer.

- Pardon ? mais j'ai vu Arlette pour la dernière fois il y a une bonne trentaine de minutes, et elle a quitté Semplice !

Les deux hommes échangèrent un regard plein d'incompréhension.

- Que dites-vous ? intervint une voix féminine derrière eux. Arlette n'est pas à S.F. non plus ?

C'était une femme, encore assez jeune, sûrement la mère de la jeune fille, qui fixait sur lui son regard inquiet.  Il hocha la tête, essayant de contrôler la panique qui l'envahissait à nouveau. Les trois adultes échangèrent un regard interloqué, comprenant : 

Arlette avait disparu.

* Suspens... Où est passée Arlette ?! Alors, des idées ? 

Comment avez-vous réagi lors de la révélation ?

Alors, surpris, ou pas ? 

J'espère que vous aimez toujours ( ou pas ? ) me lire, et je vous souhaite d'Espagne, où je suis en vacances, une bonne journée/soirée/matinée/après-midi.

A très bientôt !*

                                        Jeanne Flamingo











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