Et si tout s'arrêtait ?
Plus les jours passaient, plus les humiliations s'aggravaient, plus cette question s'imposait dans l'esprit d'Arlette.
Une semaine passa comme cela. La jeune fille voulait fuir, voulait fuir tout cela.
Elle voulait se fuir elle-même. Après tout, ne lui répétait-on pas quotidiennement qu'elle ne méritait pas de vivre ?
Un matin, alors qu'elle retrouvait une énième fois les affaires qu'elle avait laissé en classe couvertes de graffitis injurieux, Charlie s'approcha d'elle.
- Et si tu en parlais enfin ? demanda son camarade, l'air grave.
Arlette lui jeta un regard vide. Elle ressemblait désormais plus à une morte qu'à une vivante.
- C'est non. murmura-t-elle.
Une idée sembla traverser l'esprit de son ami.
- Et si tu parlais Cassandre ?
- Pour quoi faire ?
- Peut-être que cela pourrait t'aider à comprendre que rien n'est de ta faute...
- Non. Elle a déjà expliqué ses raisons, et tu te souviens comment ça a fini ?!
Charlie hocha la tête. Une semaine auparavant, le lendemain de leur découverte, iel, accompagné de Sabrya, avait confronté l'auteur de la photographie à la sortie des toilettes. Cassandre ne s'était absolument pas défendue d'avoir publié cette image.
"Tout le monde verra ce qu'elle est", avait craché avec haine celle-ci, une haine qui avait choqué Sabrya au plus haut point. Charlie lui avait alors assené une gifle mémorable, et les deux assaillants s'étaient alors jeté l'une sur l'autre. Bagarre qui avait terminé chez le proviseur, mais les deux jeunes adolescents avaient écopés de quatre heures de retenue chacun.
Arlette, qui était à cette heure-ci en cours, n'avait pas assisté à l'altercation, mais en avait eu les échos de ses amis. Charlie, loin de regretter son geste, s'était montré particulièrement fier du coquard dont elle avait gratifié l'hypocrite. Mais Arlette évitait toujours celle-ci. Son regard magnétique remuait en elle des sentiments contradictoires et douloureux qu'elle n'était pas près d'affronter.
Timothée, lui, avait été mis au courant de la situation par Sabrya, et avait le soir même envoyé un message pour s'excuser de tout. "Je me suis comporté comme un abruti", avait-il admis, avant d'expliquer qu'après ce qu'il s'était passé à la fameuse soirée, il n'avait pas osé l'approcher en pensant qu'elle était bien trop en colère contre lui. Il n'avait émis aucun jugement quant à l'incident de la photographie, et lui avait même exprimé son soutien, expliquant qu'il n'était pas au courant que les persécutions dont elle était victime avaient pris tant d'ampleur.
Leur réconciliation avait été pour Arlette un profond soulagement, mais n'avait pas ralenti sa descente aux enfers.
Parce qu'Arlette sombrait, et personne n'était en mesure de la rattraper.
Le point de rupture allait être atteint bien plus tôt que prévu. Ce midi-là, un des sbires d'Andreas avait bousculé la jeune fille à la cafétéria, lui faisant renverser le contenu de son plateau.
- Qu'importe, avait-elle dit à Sabrya, un sourire résigné sur le lèvres. Je n'avais pas faim.
Quand elle était sortie, elle était au bord des larmes, toute cette violence la poursuivant.
Une douleur vive lui transperçait sa poitrine, mais ce jour-là, elle devait encore affronter Joseph.
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- Dissimilarity -
Romance{ HISTOIRE TERMINÉE } Arlette, jeune passionnée de musique d'à peine dix-sept ans, vit la tête pleine de rêves, et comme dans toutes les histoires d'adolescents, elle est amoureuse ; rien de très étonnant. Si l'on oublie le fait que cet amour soit d...