[N.O.S] 𝐋𝐄𝐒 𝐋𝐀𝐑𝐌𝐄𝐒 𝐒𝐎𝐍𝐓 𝐁𝐑𝐔̂𝐋𝐀𝐍𝐓𝐄𝐒

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2 juillet 2005, Brive la Gaillarde
[NALA PETIJEAN]

Nous revenons, Manou et moi,  d'un rendez-vous à la préfecture. Je tiens dans mes mains ma nouvelle carte d'identité, où le nom de mon père,  « Amaury », a été remplacé par le nom de ma mère et de ma grand-mère, « Petijean ».

Manou: c'est pas trop tôt n'empêche. Je pouffe de rire.

Effectivement, ça aura mis du temps. Il aura fallu plusieurs années d'attente, de démarches administratives et de paperasse, avant de pouvoir porter le même nom que ma tutrice.

C'est Manou qui a dû faire la demande, puisque j'étais et suis encore mineure. On a dû prouver l'intérêt légitime de la demande, avec pléthore d'arguments, à commencer par le plus évident, celui que je ne voulais plus être associée à mon père au vu de la situation, et puisqu'il n'a plus aucun droits parentaux sur moi. Et pour appuyer encore plus, nous avons sorti l'argument de la préservation du nom de famille Petitjean.

On a dû payer 110€ pour la publication de la demande de changement de nom au Journal officiel, car il est obligatoire de rendre la demande publique. Et encore une petite centaine d'euros supplémentaires pour la publication de cette même demande dans un journal local d'annonces légales.

Une fois que cela a été fait, nous avons adressé notre dossier de demande au ministre de la justice. C'était un gros dossier, qui nous a demandé pas mal de temps, puisqu'il fallait regrouper la demande de changement de nom, une copie de mon acte de naissance, un justificatif de nationalité, un bulletin de casier judiciaire, ainsi qu'un exemplaire des journaux où l'annonce de ma demande de changement de nom a été publiée.

Et enfin, la délivrance est arrivée. Il y a quelques jours, après avoir eu un coup de téléphone nous annonçant que ma demande avait été acceptée, nous avons eu le bonne surprise, Manou et moi, de voir un décret dans le Journal officiel qui officialisait ce changement de nom. Et ni une ni deux, nous avons recommencé les papiers administratifs, mais cette fois-ci pour refaire mes papiers à mon nouveau nom.

En passant devant la maison des Andrieu, je suis surprise de voir le monde garé devant, ainsi que l'agitation des enfants et le nombre de ballons. Et puis, en me rappelant du jour que nous sommes, tout fait tilt dans ma tête.

C'est l'anniversaire de Yanis.

Je me rappelle avoir acheté une grosse peluche en forme de lapin il y a quelques jours, exprès pour l'anniversaire du petit garçon. C'était juste avant ma débauche à la supérette où je travaille.

Alors, quand nous rentrons à la maison, je m'empresse d'aller la chercher, et ressors aussitôt pour aller l'offrir à Yanis.

Quand il me voit débarquer au milieu de ses amis, il écarquille ses yeux bruns et ouvre la bouche en grand. Je pouffe de rire en maintenant l'animal en peluche dans mon dos. Je m'accroupis pour être à sa hauteur, et il me fonce dessus avant de pleurer.