[N.O.S] 𝐋𝐄𝐒 𝐋𝐀𝐑𝐌𝐄𝐒 𝐒𝐎𝐍𝐓 𝐁𝐑𝐔̂𝐋𝐀𝐍𝐓𝐄𝐒

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Avril 2012, Gagarine
[NALA PETIJEAN]

Encore une main qui toque contre le porte de ma chambre
Encore Nabil qui entre dans la pièce et qui s'assoit sur le lit, alors que les garçons viennent de le faire rentrer avant d'aller au four

-ça fait un moment qu'on s'est pas vus... je lui fais remarquer

Nabil: ouais, le trajet en voiture jusqu'ici ça tire sur ma cicatrice, c'est encore frais. J'acquiesce. Du coup je vends que sur le rain-té de Bebeil en c'moment. J'opine

-et donc, quelle est l'objet de ta venue ? M'insulter ? Attends, calculons... je fais mine de réfléchir. Peut-être que c'est l'heure de la trêve ou tu vas vouloir me sauter pour dès le le lendemain me recracher ton venin ? Je dis méchamment

Nabil: j'ai besoin de toi... il dit d'une petite voix, comme si c'était un enfant

J'éteins les lumières de ma chambre, ouvre mes volets, et nous nous accoudons silencieusement contre le rebord de la fenêtre, pour regarder la lune. J'ai jamais compris pourquoi, mais on ne s'est jamais engueulés sous elle. Comme s'il se radoucissait, qu'il retrouvait sa vraie nature. Ou peut-être juste qu'il a peur que maman lui fasse payer de me faire du mal

J'attrape dans mon tiroir tout le nécessaire pour me préparer un joint, et je sens son regard détailler mon profil. Je serre les mâchoires tout en m'appliquant sur le cylindre, énervée contre moi-même de ne pas réussir à lui tenir tête. Pourquoi je suis si faible face à l'algérien ? Pourquoi je me laisse autant marcher dessus et me faire manquer de respect de la sorte ? Je tente de le détester, de lui faire comprendre que je ne tolère pas son comportement, et il suffit qu'il batte des cils pour que j'oublie tout. Je suis bête, comme si je ne comprenais pas la leçon, que je n'apprenais pas de mes erreurs

Qu'est-ce que les gens penseraient de moi d'un avis extérieur, d'un œil neutre ? Une fille ridicule qui rapplique dans la seconde quand un mec qui l'humilie et l'insulte à longueur de temps daigne lui envoyer 4 mots ? Faut croire que la dignité ne fait pas partie de mon vocabulaire

Nabil: j'ai reçu ça, c'matin. Il me tend une feuille de papier pliée en 3, juste après que j'ai inspiré les premières taffes de chanvre. Je déplie la lettre, et commence à lire les lignes manuscrites. C'est une écriture de femme, assez raffinée, et, de loin, on pourrait même imaginer une calligraphie arabe

-Houria ? Je tique sur la dernière ligne. C'est ta mère c'est ça ? Il me répond par un grognement. Sa lettre est assez belle, mais j'imagine que le brun à mes côtés ne partage pas mon avis

Nabil: j'trouve ça culotté qu'elle revienne comme ça et demande à me voir. J'vois pas pourquoi elle veut prendre de mes nouvelles alors qu'elle s'en bat les couilles de nous, et qu'elle veuille « tisser un lien » comme elle le dit, alors que le lien, on aurait dû le tisser ensemble quand on était ti-peu. Il m'arrache des mains mon joint, et commence lui aussi à tirer dessus. Et tu vois, c'est là où je vais passer pour un bouffon... comme ça tu seras plus la seule à avoir cette impression vis à vis de moi. Il crache sa fumée. Je la déteste. J'ai la haine contre elle. Mais. Je sens que ce qu'il va dire lui arrache la bouche. Je crois que j'ai envie de la voir et d'écouter ce qu'elle a à me dire