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19 février 2007, Brive la Gaillarde [NALA PETIJEAN]

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19 février 2007, Brive la Gaillarde
[NALA PETIJEAN]

Heureusement que j'ai toujours un livre dans mon sac.

Le prof d'espagnol n'est pas là, résultat nous passons notre première heure de cours en salle de permanence. Olivia fait un baccalauréat avec Bastien et Malik, et Nabil, devant moi, gratte de nombreuses lignes sur une feuille, rature, et recommence. Je l'observe quelques minutes, tout en mordillant le bout de mon crayon à papier que j'utilise pour annoter ma lecture.

Je souris doucement, fière de le voir aussi investi dans sa passion pour le rap, et m'apprête à reprendre les prises de notes sur mon livre, quand mon copain m'interpelle

Nabil : torkan ? T'as pas du papier à lettre ? Il se tourne sur sa chaise pour me faire face

-si, je dois avoir ça. Je me penche et farfouille dans mon sac

—Andrieu, on se retourne ! L algérien lâche quelques jurons

Nabil: je lui demande juste une feuille m'sieur

—bon, vite alors. Je lui sors mon calepin, et lui indique qu'il n'aura qu'à me le rendre quand il aura fini son écrit

Nabil: merci bébé. Il me fait son petit sourire charmeur, et se retourne, avant de recommencer sa tâche, visiblement très concentré

A la fin de l'heure, Nabil me redonne mon dû, et s'en va rapidement rejoindre les garçons. Quant à moi, je traine à ranger mes affaires, si bien que je suis une des dernières à quitter la salle.
Je fronce les sourcils en voyant une boule de papier froissé, tombée à côté de la chaise du deuxième fils Andrieu, et, comprenant que c'est un essai infructueux pour un de ses textes, je décide de ramasser le brouillon, de défroisser le papier et de le lire. Qui sait, c'est peut-être loin d'être le torchon qu'il pense, et, en le raisonnant, il pourrait peut-être s'en servir ?

Sauf que ce n'est pas un énième texte de rap. C'est une lettre, adressée à une famille domiciliée à Corbeil Essonnes

« Cher Albert, merci pour votre lettre , et notamment pour les 100 euros que Bernadette et vous m'avez envoyés. Ce qui me permet d'économiser car j'ai l'intention de m'inscrire au permis »

Je mords ma lèvre. Je savais qu'ils manquaient d'argent, mais je ne pensais pas qu'ils en étaient au point d'en demander aux gens. Et puis, pourquoi il ne m'en a pas parlé ? C'est con, mais je le prends comme une trahison, comme s'il ne me faisait pas assez confiance pour me confier leur réelle situation financière

« Le monde en général me semble hypocrite et chacun ne marche qu'à l'intérêt. Ainsi, malgré mon jeune âge, je me méfie de chacune des personnes de mon entourage »

Mes yeux me piquent, et mon cœur me brûle, me serre. J'en ai maintenant la preuve. Nabil ne me fait pas confiance, il se méfie de moi. Alors que moi, je lui fais aveuglément confiance. Je me suis bien fait avoir, je ricane amèrement.

[N.O.S] 𝐋𝐄𝐒 𝐋𝐀𝐑𝐌𝐄𝐒 𝐒𝐎𝐍𝐓 𝐁𝐑𝐔̂𝐋𝐀𝐍𝐓𝐄𝐒Où les histoires vivent. Découvrez maintenant