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Le lendemain, cité Gagarine, Ivry sur Seine [NABIL ANDRIEU]

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Le lendemain, cité Gagarine, Ivry sur Seine
[NABIL ANDRIEU]

Après m'être garé, je verrouille ma Seat, et rejoins mon bâtiment. La cité est calme ce matin, les petits sont déjà tous à l'école, et les vendeurs en bas des tours doivent être partis se coucher depuis un quart d'heure grand max

Je shoote dans une seringue qui traîne dans le hall, et, comme tous ceux qui habitent ici, je fais semblant de n'avoir rien vu. Jusqu'au jour où un gamin va se piquer avec et chopper une merde. Je soupire. Ça devient vraiment de pire en pire ici, pour ceux qui sont encore innocents.

L'ascenseur me dépose sur mon palier, et je suis rassuré de voir que j'ai atterri en un seul morceau devant ma porte. En ce moment, le truc fait des bruits chelous, et la lumière marche une fois sur deux. A coup sûr, dans moins d'une semaine, il sera encore en panne, et mamie va râler, à juste titre, de devoir monter tous ces étages à pied

Je pousse la porte d'entrée, me déchausse, et après avoir embrassé la joue de ma grand-mère, je file dans notre chambre. La porte est entrebâillée, alors je la pousse doucement, avant de la refermer derrière moi. Tarik est assis par terre, penché en avant, et quand il entend la porte, il ne relève même pas la tête, apparemment trop occupé dans sa tâche

-salam. Il marmonne un truc incompréhensible, mais je suppose qu'il doit me répondre. Je commence à fouiller dans le placard pour me trouver des sapes propres, quand mon œil est involontairement attiré par les mains de mon reuf, qui triturent machinalement les billets. Putain mais t'es un ouf de faire ça là ! Je commence à l'engueuler, complètement paniqué. Imagine mamie elle tombe sur ça ? Elle va nous défoncer !

Tarik: tranquille, elle vient pas dans notre piaule. Il hausse les épaules. Et elle va jamais aller chercher sous le matelas. Il répond comme s'il ne voyait pas le mal

-et si y a une perquisition ? On peut pas la mêler à ça ! Je le sermonne, mais lui continue à compter comme si de rien n'était

Tarik: déjà quand tu dis « on » tu parles de qui ? Il pose la liasse dans une boîte en métal et me regarde enfin, les yeux noirs. Y'a que moi qui me salit les mains dans cette maison. Et j'suis pas con, je sais ce que je fais, mamie sera pas inquiétée si y'a heja

-parce que tu crois que les baqueux ils vont le comprendre ça ? Bah non. A partir du moment où ça se passe sous son toit, elle est complice aux yeux de la loi. Il souffle longuement en basculant sa tête en arrière

Tarik: mais qu'est-ce que tu m'prends la tête dès le sbah comme ça ? Hé j'suis sous nuit blanche là, j'ai juste envie de nehess, et toi tu m'fais ta morale à deux balles comme si j'étais ton p'tit ? Il marque une pause. D'ailleurs qu'est-ce que tu fous là ? T'es pas censé être en cours ?

-Nan, pas c'matin. Je mens. Il recommence à compter les biftons, oubliant complètement ma présence. Je peux filer un coup de main ? Sa tête se tourne vivement vers la mienne, comme s'il pensait avoir mal entendu. Plus vite t'as fini et plus vite tu pourras dormir. Il semble réfléchir à ma proposition, et finalement il accepte

[N.O.S] 𝐋𝐄𝐒 𝐋𝐀𝐑𝐌𝐄𝐒 𝐒𝐎𝐍𝐓 𝐁𝐑𝐔̂𝐋𝐀𝐍𝐓𝐄𝐒Où les histoires vivent. Découvrez maintenant