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Septembre 2008, Cité des Tarterêts, Corbeil Essonnes[NABIL ANDRIEU]

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Septembre 2008, Cité des Tarterêts, Corbeil Essonnes
[NABIL ANDRIEU]

Après avoir raccroché de mon appel hebdomadaire, je retourne dans le bâtiment de l'asso de mon daron, là où j'étais parti il y a une heure de ça pour m'isoler et prendre le coup de téléphone en toute intimité

René: alors ? Il donne un coup de tête vers ma poche, là où j'ai rangé mon bigo

-tout va bien. Je souris doucement, imité par mon père

René: et elle, qu'est-ce qu'elle raconte ?

-rien d'extraordinaire, Brive c'est une ville de vieux hein. On pouffe de rire. Elle te passe le bonjour. Il hoche la tête. Et elle me félicite d'avoir validé ma première année

Involontairement, je me mets à sourire comme un mongole. Bien sûr que ma famille est contente que je réussisse à l'école, enfin je suppose. Mais on est tellement pudiques qu'on le dit pas ouvertement. On le dit pas tout court en fait. Quand j'ai appris que j'avais validé ma première année, mon père m'a simplement tapé le dos si fort que j'ai cru qu'il m'avait pété une vertèbre, et mon reuf a simplement acquiescé en grognant, visiblement satisfait que je tienne mon engagement.

Et puis, notre mère, c'est silence radio. La dernière fois que je l'ai eu au téléphone, c'était pour me demander si j'avais eu mon bac. Et depuis, plus rien. A vrai dire, j'en attendais pas plus de sa part

Ce qui fait que Manou est réellement la seule personne à m'avoir dit mot pour mot « félicitations mon grand, je suis fière de toi ». Et sur le coup, je m'y attendais tellement pas que j'ai failli chialer. C'est pas ma grand-mère qui m'aurait dit ça. Elle, quand elle a appris, elle m'a simplement dit d'un ton imperturbable « j'en attendais pas moins de toi »

Quand je vois l'heure qu'il est, je décide de saluer mon père, et de décaler chez ma grand-mère. Mais avant de regagner Ivry, je fais un crochet par Paris, histoire de régler un souci dans mon dossier de deuxième année. D'après la secrétaire, c'est une histoire d'échéancier

J'commence à me ronger les ongles jusqu'au sang, inquiet qu'à cause de cette douille, je puisse pas assister à mes cours, dont la rentrée a lieu dans deux semaines à peine. Je savais que les frais allaient être élevés, alors en prévision, j'avais exposé la situation à Tarik qui avait accepté que je bicrave un peu plus pendant mes vacances. J'avais même refusé de partir avec mes gars en Espagne, histoire d'économiser un max. Mais visiblement, tout ça n'a pas suffit.

Je vis actuellement la peur au bide, parce que je suis sur la réserve, et je parle pas que de ma caisse. Je tape dans toutes mes économies pour pouvoir financer mes études, et je me dis que si je me mets déjà dans le rouge pour la première mensualité, c'est mal barré. Je sais même pas si je vais pouvoir aller au bout de cette année, c'est pour dire

[N.O.S] 𝐋𝐄𝐒 𝐋𝐀𝐑𝐌𝐄𝐒 𝐒𝐎𝐍𝐓 𝐁𝐑𝐔̂𝐋𝐀𝐍𝐓𝐄𝐒Où les histoires vivent. Découvrez maintenant