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16 août 2013, Gagarine [NALA PETIJEAN]

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16 août 2013, Gagarine
[NALA PETIJEAN]

J'ai l'impression d'être arrivée la veille ici, d'avoir juste fait une sieste, fatiguée par mon trajet en voiture, et de me réveiller là, sur le départ. Pourquoi la vie passe vite, comme ça ?
Je glisse mes derniers souvenirs dans ma valise, et me dirige vers le salon les yeux larmoyants, là où mes deux frères de coeur sont dans le même état que moi

Karim: faudra pas dire qu'on a pleuré, d'accord ? Je pouffe de rire avant de foncer dans leurs bras, et d'éclater en sanglots. Je n'ai plus la force de me retenir

J'ai 24 ans, et je pleure actuellement comme un enfant qui aurait perdu son doudou

Quand je m'écarte d'eux, j'ai l'impression que mon coeur se déchire en deux, et je suis à pas grand chose de suffoquer, et de m'étouffer dans mes larmes. Alors ça y est ? C'est déjà la fin ?

-vous avez bien mon adresse, hein ? On perd pas contact ?

Samy: jamais. T'es la reuss maintenant. Je secoue doucement la tête. Et tu seras toujours la bienvenue ici

Karim: d'ailleurs, tu gardes les clefs d'ici. Il baisse mon poignet alors que j'allais leur rendre mon double. Et puis, t'avais dit que t'allais remonter pour les fêtes de fin d'année, alors t'as plus qu'à faire le décompte. Samy se met dos à moi en lâchant un « Zeubi » qui se perd entre deux sanglots, et mes pleurs reprennent de plus belle

-putain, pourquoi c'est dur comme ça de vous dire au revoir ? Je passe mes doigts sous mes yeux pour essayer d'essuyer mes larmes. En vain, puisqu'elles continuent de couler silencieusement sur mon visage

A chaque fois que mes yeux se posent sur une surface de l'appartement, j'ai des milliers de souvenirs qui m'envahissent. Et je n'ai pas envie de partir de ce lieu, qui a été le mien pendant deux années. Je n'ai pas envie de quitter mes amis, pas envie de me détacher de cet appart' si symbolique, pas envie de partir loin de tous mes souvenirs et moments de joie. C'est encore plus dur de partir d'ici que de quitter Brive et ma grand-mère pour venir à Gag.

Parce que pour la première fois, en plus de ça, je vais habiter seule, dans un endroit qui sera donc vide de toute chaleur humaine et de bonne humeur. Je ne râlerai plus après Karim qui claque les portes; je ne monterai plus sur le toit pour voir les étoiles en espérant secrètement que mon petit lion me rejoigne; je ne me réveillerai plus en sursaut quand Samy insultera le coin du meuble, qu'il se sera pris dans le petit orteil; je ne les entendrai plus râler quand une panne de courant gâchera leur partie de console; je ne verrais plus ma tour en briques rouges

Je vais encore une fois perdre tous mes repères et tout recommencer à zéro. Ma routine, ma vie, tout. Je vais devoir tout réorganiser, encore une fois

J'entends la porte se fermer dans mon dos, et René arrive, vêtu de son cuir habituel. Lui aussi va me manquer

René: si tu pleures, je pleure. Il dit d'une voix brisée, et les yeux rougis par l'émotion qu'il tente de refouler. Je savais que je comptais pour lui, mais pas à ce point. Peut-être que j'ai pris une place plus importante dans son cœur depuis que je lui ai donné un coup de main pour contrer l'ancien maire de Corbeil ? Il faut y aller, si tu veux avoir le temps de dire au revoir à tout le monde. Je m'approche une ultime fois des gars, et les prends dans mes bras tout en reniflant bruyamment

[N.O.S] 𝐋𝐄𝐒 𝐋𝐀𝐑𝐌𝐄𝐒 𝐒𝐎𝐍𝐓 𝐁𝐑𝐔̂𝐋𝐀𝐍𝐓𝐄𝐒Où les histoires vivent. Découvrez maintenant