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Août 2007, Brive la Gaillarde [NALA PETIJEAN]

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Août 2007, Brive la Gaillarde
[NALA PETIJEAN]

Voilà, c'est l'heure.

Je regarde une dernière fois ma chambre, et mon balcon, lieux dans lesquels j'ai tant de souvenirs. Mon regard se remplit de larmes, et mes yeux se posent sur les nouveaux cadres que j'ai accrochés au mur il y a quelques semaines, notamment mon diplôme du baccalauréat.

Et puis mon regard se perd un peu, et tombe bien rapidement sur mon étagère. Celle sur laquelle trône encore l'encyclopédie de musculation que Nabil m'a offert avant que nous sortions ensemble, le livre sur les étoiles que j'ai eu de sa part le soir où il m'a embrassé, et la tiare du soir où nous nous sommes séparés.

Toute ma relation résumée en trois objets

J'essuie rapidement une larme qui coule sur mon visage, et souffle un bon coup en passant une dernière fois dans le couloir de l'étage. Tous les bons moments que j'ai passé ici remontent à la surface, et serrent mon cœur tellement fort que j'ai soudainement envie de tout annuler. Mais je sais que j'ai pris la bonne décision, et que tourner cette page de ma vie, de mon adolescence ici à Brive, est une étape nécessaire dans ma construction de jeune femme.

Hadès lèche mes mains, et pleure quand je passe la porte d'entrée, suivie de Manou et de mes valises. Lui aussi a compris que je ne reviendrai pas avant longtemps.

Je commence à charger le coffre de l'automobile, là où le sticker « conduite accompagnée » a disparu. J'ai tenté de passer mon permis, mais je ne l'ai pas obtenu. Et ce n'est pas demain la veille que je vais le repasser une deuxième fois.

Le coffre claque, signe qu'il ne manque que moi pour le grand départ, et je prends quelques instants pour me graver en mémoire le paysage, les bruits, et les odeurs de Brive la Gaillarde.

Comme si je cherchais à m'imprégner une dernière fois de tout ce qui m'a bercé jusqu'à présent

En parlant de bruit, l'avenue est incroyablement calme aujourd'hui. Comme si tous les enfants de Brive avaient déjà abandonné la petite ville dans laquelle ils ont passé le plus clair de leur vie.

Et ce n'est pas qu'une impression, puisque, faute de repreneur, Solann a fermé définitivement sa salle il y a quelques semaines, juste avant de s'envoler pour Sydney. Olivia, elle, s'est déjà installée dans son studio à Portland, là où va commencer son apprentissage pour devenir tatoueuse. Le chien des Andrieu a été donné à Abdel, et le dernier né de la fratrie est déjà remonté sur Corbeil, avec sa maman.

Alors, Brive est devenue une espèce de ville fantôme; sans aucune âme

Je murmure un petit au revoir à ce cadre de vie, monte en voiture, et attache ma ceinture, direction la gare de Tulle, là où je rejoindrai ensuite Bordeaux, puis l'aéroport de Mérignac

Nous n'avons même pas fait 5m, que je demande à ma grand-mère de stopper le véhicule, en voyant Nabil dans son jardin. Il regarde la voiture s'arrêter, tout en continuant de tirer frénétiquement sur sa cigarette, et je comprends qu'il a dû me voir charger le coffre il y a quelques minutes.

Je sors de l'auto, presse le pas et me dirige vers lui, puisque je n'ai pas encore eu l'occasion de lui dire au revoir, contrairement à son père, ou même à ses frères. La tension est électrique entre nous, et je pourrais rebrousser chemin, mais mon coeur et mon corps me poussent à avoir une ultime discussion avec lui.

-salut. Je dis, timidement

Nabil: salut. Il me répond sur le même ton. Alors ça y est ? C'est le départ ?

-Ouais... un silence pesant plane. Et toi ? C'est pour bientôt aussi, non ?

Nabil: semaine pro. Je secoue ma tête

-écoute, je voulais pas que ça se passe comme ça, sincèrement. C'est juste que c'est quelque chose qui me tient à cœur et que-

Nabil: te fatigues pas, ça sert à rien qu'on ait encore cette discussion. Il me coupe, et je ne réponds qu'un petit « ok »

-t'es quelqu'un de bien Nabil, et je te souhaite vraiment le meilleur. Je mordille ma lèvre, les larmes au bord des yeux. Ça ressemble vraiment à des adieux, là. Je ricane amèrement, et détourne quelques instants mon regard, commençant à réaliser ce qui se passe. Je... si tu veux prendre de mes nouvelles, passe par Manou pour qu'elle te donne le bon numéro, on va souvent changer de campement, ça risque d'être compliqué sinon. Il continue de me fixer, sans une once d'émotions. Prends soin de toi. Je prends sa tête entre mes mains, la lui incline, et embrasse son front avec toute l'affection que j'ai pour lui, tandis qu'une perle salée roule sur ma joue, avant de s'échouer sur le bitume. On se sépare, et je constate que ses yeux sont rouges. Bonne continuation Simba. Ma voix s'étrangle et je commence à faire demi tour quand il prend la parole

Nabil: moi non plus j'ai jamais voulu que ça se passe comme ça. Je ne retiens plus mes pleurs, et me tourne à nouveau vers lui, le visage complètement trempé. Peut-être qu'on était simplement faits pour passer un bout de chemin ensemble, et pas toute la vie comme on se l'était promis. Il passe le dos de sa main sur son visage, et je comprends que lui aussi pleure. Le vent sera bon pour toi Torka, je le sens. Je bouge doucement ma tête de haut en bas, comme pour le remercier de ses gentilles paroles. Et j'garderai toujours ma ventoline sur moi, j'te le promets. Je lâche un petit rire, et lui renifle discrètement. Je... tiens, je te le redonne. Il sort de sa poche le grigri que je lui avais donné il y a quelques temps de ça, quand tout allait bien être nous

-garde-le. Je pose ma main sur son poignet pour l'obliger à baisser sa main. Je serai toujours là pour toi, que tu aies besoin de moi dans 10, 20, 30, ou même 50 ans. Pour n'importe pour quoi, que ça soit un coup de main, te sortir d'une galère, un soutien émotionnel ou je sais pas. Et j'espère bien qu'il te le rappellera. Je donne un coup de menton vers la poche dans laquelle il vient de remettre l'objet. Tu m'as dit qu'avec Tarik et Déborah, tu avais la preuve qu'on oublie jamais réellement son premier amour. Je lève les yeux au ciel en soufflant pour essayer de contrôler mes émotions. Et moi, c'est avec toi que je l'ai compris. Tu auras toujours une place spéciale dans mon coeur et dans ma vie, et quoi qu'il arrive, ma porte te sera toujours ouverte, je t'en fais la promesse solennelle. J'espère que j'ai encore ta confiance pour que tu me croies. Il opine de la tête, et après que nos regards se soient croisés une dernière fois, je boucle ma ceinture, et donne le signal à ma grand-mère pour que nous reprenions la route

Au revoir Brive, au revoir Hadès, au revoir Manou

Et au revoir Nabil

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Et voilà la fin de la première partie 🥺
J'ai beaucoup pleuré sur l'écriture, ils me font trop mal au cœur
Mais comme on dit, toute bonne chose a une fin ...
Instagram: thereal_auda

[N.O.S] 𝐋𝐄𝐒 𝐋𝐀𝐑𝐌𝐄𝐒 𝐒𝐎𝐍𝐓 𝐁𝐑𝐔̂𝐋𝐀𝐍𝐓𝐄𝐒Où les histoires vivent. Découvrez maintenant