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Septembre 2007, Mozambique [NALA PETIJEAN]

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Septembre 2007, Mozambique
[NALA PETIJEAN]

La nuit nous enveloppe de sa noirceur réconfortante, et je sors de notre petite habitation pour aller fumer une cigarette.

Je m'assois sur un rocher, actionne mon briquet et absorbe la fumée toxique. Le petit cylindre de tabac permet d'apaiser mon manque de nicotine, puisque, avec tout ce qu'on fait dans la journée, je n'ai pas le temps de me poser et d'en griller une.

Je me plais beaucoup ici, même si, bien évidemment, j'ai parfois une petite pointe de nostalgie dans mon coeur. Ma vie est ici si différente de celle de Brive, que parfois, le manque se fait fortement ressentir. Parfois aussi j'ai envie de rentrer, mais, après une bonne nuit de sommeil, tous mes doutes s'envolent.

Je soupire doucement, et frotte ma main gauche, celle qui ne tient pas le tabac, sur mon visage. Sans que je le fasse consciemment, mes yeux se posent sur mon poignet gauche, celui qui arbore ma gourmette. Le vent est bon... sacré connerie. Le bijou me laisse un goût amer en bouche, et pourtant je suis incapable de l'enlever. Parce que j'y suis trop attachée.

Je me perds dans mes pensées, et écrase mon mégot, avant de le jeter dans une canette de soda qui traînait et qu'un de nous a certainement oublié ici, quand un corps apparaît sur mon côté droit, et s'assoit silencieusement, comme pour me tenir compagnie

Jérémie: ça va ? Tu tiens le coup ? Il s'inquiète. Je t'ai vu partir et t'isoler, je me suis demandé si quelque chose n'allait pas

-Ouais, t'en fais pas. Il opine. C'est pas le premier décès auquel je dois faire face. Lui avouais-je. Et puis, je suis arrivée ici il n'y a qu'un mois. Si y'a bien quelqu'un qui était attaché à Nyeleti, c'est toi

Nyeleti. Le prénom de la petite fille dont on s'occupait depuis que ses parents sont morts de faim. En discutant avec l'équipe, j'avais appris que son prénom signifiait « étoile ». Et voilà qu'aujourd'hui, elle aussi a rejoint les étoiles. Malgré qu'on ait fait tout ce qu'on a pu pour la sauver, la petite fille, malnutrie, était trop faible pour rester parmi nous

Jérémie: elle s'était aussi attachée à toi, tu sais. Il souffle, les larmes aux yeux. Nala, c'est du swahili. Il me fait remarquer

-ma mère a fait de l'humanitaire. Ça vient de là. Il lâche un petit « oh » étonné

On se regarde longuement, simplement éclairé par le petit satellite avant de détourner le regard, autant gênés l'un que l'autre.

Dire que Jérémie n'est pas un bel homme, ça serait mentir. Ses cheveux blonds foncés n'ont pas été coupés depuis qu'il est ici, si bien qu'ils lui tombent désormais aux épaules, dans de petites ondulations. Son nez fin, toujours victime des coups de soleil, tout comme ses pommettes, présente une multitude de petites tâches de rousseur, tandis que son teint caramel fait ressortir sa musculature athlétique. Ses yeux, d'un marron clair, dégagent une énergie tellement rassurante et apaisante que je me suis directement sentie en confiance avec lui. C'est peut-être également dû au fait que c'est lui qui m'a accueilli et mis à l'aise au sein du groupe

[N.O.S] 𝐋𝐄𝐒 𝐋𝐀𝐑𝐌𝐄𝐒 𝐒𝐎𝐍𝐓 𝐁𝐑𝐔̂𝐋𝐀𝐍𝐓𝐄𝐒Où les histoires vivent. Découvrez maintenant