Mai 2008, Paris
[NABIL ANDRIEU]Le RER s'arrête à ma station, et je quitte brusquement ma place pour sortir du wagon. J'ai beau avoir le permis, c'est quand même plus pratique d'aller à la fac avec les transports en commun. Déjà rien que pour se garer, c'est une galère pas possible en gova et les seules places que je trouve, elles sont payantes. Comme si on nous pompait pas suffisamment de fric comme ça
Je pousse les gens qui marchent devant moi à vitesse réduite, et qui commencent à me taper clairement sur le système, me faisant bouillonner derrière eux. Peut-être qu'eux ne sont pas pressés, mais dans ce cas, prends pas toute la place et mets-toi sur le té-cô poto. Y'en a qui sont à deux doigts d'être en retard pour leurs partiels.
-excusez-moi ? Je dis derrière la mamie qui s'est mise en plein milieu de l'escalator, m'empêchant de la doubler. Pardon ? Excusez-moi ? Je tapote légèrement son épaule avec mon index, mais elle fait comme si de rien n'était, et je fulmine
Dès qu'une brèche s'ouvre, je m'engouffre dedans, et double la vieille dame, non sans lui jeter un regard noir au passage. Les vieux sont vraiment casse-couilles
Au moment où je vais sortir de la bouche de RER, un mec avec une chasuble aux couleurs d'un journal distribué gratuitement dans les transports en commun me tend l'édition du jour, et je suis prêt à le refuser, comme tous les autres jours, quand mon regard se bloque sur la une. « UNICEF: ils dédient leur vie à l'humanitaire ». Je lui arrache presque le journal des mains, et le fourre dans mon sac. Je le lirais après avoir composé sur ma copie pendant 5h.
Je risque un regard sur ma montre, et en voyant l'heure, je me mets à courir, histoire d'arriver à l'heure dans l'amphi. Et ça se joue à pas grand chose, puisqu'on referme les portes du bâtiment juste après mon passage, et qu'on annonce le début de l'épreuve. Encore essoufflé, je retourne mon sujet, un petit sourire aux lèvres quand j'ai l'impression d'entendre la voix de la brune, me taquiner sur mon manque de cardio.
T'en fais pas, j'ai ma ventoline, ma petite étoile
[...]
Épuisé d'avoir autant réfléchi, je m'arrête à la première boulangerie que je croise pour me prendre un sandwich, et je fais bouger douloureusement mes doigts, et mon poignet. Une ampoule a commencé à se former à mon majeur, signe que ces partiels ressemblent plus à de la torture qu'à autre chose.
Je sais pas si ça vient de moi, mais j'ai quand même l'impression que le niveau est extrêmement haut pour cette promo. Les questions étaient hyper vicieuses, et j'ai perdu un temps considérable sur mes brouillons, le temps de réfléchir à comment formuler mes réponses, et de m'assurer que je ne répondais pas à côté de la plaque. Résultat, j'ai là aussi fini ric-rac
Je fouille dans mon sac pour en sortir une bouteille d'eau, que je descends cul sec, avant de sortir une poignée de feuilles de brouillons, froissés et raturées de tous les côtés. J'ai quasiment vidé tout un quatre-couleurs là-dessus, et mes annotations sont inscrites dans tous les sens. Certaines sont entourées, d'autres surlignées, et je me suis même auto répondu. Ça va pas bien dans ma tête
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[N.O.S] 𝐋𝐄𝐒 𝐋𝐀𝐑𝐌𝐄𝐒 𝐒𝐎𝐍𝐓 𝐁𝐑𝐔̂𝐋𝐀𝐍𝐓𝐄𝐒
FanficUn adage nous affirme que les épreuves de la vie consolident les liens forts existant auparavant entre deux personnes. Pourtant, un autre dicton, diamétralement opposé, nous indique que les personnes ayant vécu moult drames, proches ou éloignés de l...