[N.O.S] 𝐋𝐄𝐒 𝐋𝐀𝐑𝐌𝐄𝐒 𝐒𝐎𝐍𝐓 𝐁𝐑𝐔̂𝐋𝐀𝐍𝐓𝐄𝐒

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Quelques jours plus tard, Cité Gagarine
[NABIL ANDRIEU]

Bien décidé à revoir ensemble notre organisation au four maintenant que mon reuf est tombé et que j'ai dû prendre la relève, je me dirige d'un pas nonchalant vers le bâtiment C, là où habitent deux de mes comparses sur le rain-té. C'est pas que j'y vais à contre coeur, simplement que j'aurais aimé leur rendre visite pour autre chose, de plus joyeux et de plus léger

J'ai le coeur lourd de me dire que les baqueux ont eu raison, et que le destin a fini par nous rattraper, en faisant tomber la sentence qui nous pendait au nez. Et désormais, j'ai la pression de me dire que c'est maintenant moi qui dirige les fours que possédait Tarik il y a encore quelques jours de cela. Comme quoi, la vie peut basculer du jour au lendemain

J'ai même pas eu le temps de me poser pour réfléchir à tout ce que cela implique vis à vis de mes cours à la fac. Peut-être parce que je cherche à me voiler la face jusqu'au bout, alors que je sais pourtant ce que cela signifie; et que je connais donc ce qui m'attend dans le virage. De toute façon, l'espoir a été enterré le jour où Adé est tombé.

C'est aujourd'hui qu'a lieu son jugement. Et au vu de son casier, déjà bien rempli par toutes sortes de petits délits, son avocat ne nous a pas donné de faux espoirs. Il ira au zonz, et ce, pour quelques années. Bien évidemment, il va essayer de faire en sorte que sa peine soit la plus courte possible, et j'ai envie de dire «j'espère bien », parce que je me suis un peu renseigné et que certains délais de réclusions me font froid dans le dos. Ça peut aller jusqu'à 20-30 ans dans certains cas

Et j'arrive pas à imaginer construire ma vie solo, sans la présence de mon reuf à mes côtés. Genre là, je vais rencontrer une femme, me marier avec, avoir des enfants, etc... en bref, construire ma vie de famille, et il ne sera même pas là pour y assister ? Je déglutis difficilement en m'imaginant lui présenter mes enfants au parlu. Des p'tits humains tout innocents, purs d'âme, et d'esprit, qui vont dire « salam tonton » dans un lieu gris, froid, à l'ambiance pesante ? Nan. C'est inimaginable pour moi

J'espère vraiment que le baveux va bien bosser parce que sinon, je sais pas ce que je vais devenir.

Le visage fermé, je m'apprête à entrer dans le bat', tout en me rappelant tout d'un coup que je risque aussi de tomber sur Nala. Autant l'autre soir, j'étais tellement dans le mal que j'ai pas capté plus que ça la situation, autant maintenant j'ai v'la la haine contre elle. Zehma maintenant elle revient comme ça, mine de rien, comme si elle était partie en vacances pendant quelques jours ? Elle sympathise avec mes reufs, en plus de ça, et eux, là, ils étaient dans le coup et l'aidaient à se cacher de nous. J'sais pas si elle se rend compte à quel point faut être sacrément baisé du veau-cer pour faire ça.

Et voilà que quand on parle du loup, on en voit la queue.

A peine j'ouvre la porte du bat', que la brunette finit de descendre les escaliers, et attrape mon poignet alors que j'allais faire comme si je l'avais pas vu. Clairement la flemme de lui parler. Sauf qu'apparemment elle ne l'entend pas de la même oreille, vu qu'elle me force à rester dans le hall, alors que je comptais simplement lui passer à côté en l'ignorant