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Janvier 2004, Brive la Gaillarde [NALA  AMAURY]

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Janvier 2004, Brive la Gaillarde
[NALA  AMAURY]

—et donc pour le café tu fais comme ça. M'explique Abdel, en me montrant comment faire fonctionner la machine à café.

J'ai décidé de faire mon stage d'observation de 3ème au Drop, parce que de toute façon, dans le coin, y'a pas énormément d'entreprises, alors même si ce n'est pas forcément ce que je veux faire dans la vie, je prends un peu le premier truc qui arrive. Et vu que ce stage ne m'engage à rien, autant joindre l'utile à l'agréable en le réalisant dans un endroit où je me sens bien.

Abdel: bon écoute, je vais faire un peu de compta dans le bureau juste derrière, je te laisse gérer ? Si y'a un problème, tu sais où me trouver. Il me lance un clin d'œil, tape mon épaule et part, sa calculatrice à la main.

Le temps passe, et aucun client. Je laisse tomber ma joue sur ma main, elle-même posée sur le bar, en écoutant Radio Grand Brive qu'Abdel a mis en fond sonore. Je soupire bruyamment, sentant que la journée va être longue, mais la clochette me sauve l'après-midi. Je tourne la tête vers l'horloge, et constate qu'il est en avance de presque un quart d'heure.

-bonjour ! Dis-je poliment

René: alors je vais prendre-

-je sais, ne vous inquiétez pas. Je le coupe en lui offrant un sourire chaleureux, et me tourne le temps de faire couler son café

René: stage de troisième, pas vrai ?

-exactement. J'acquiesce. Comment vous savez ?

René: mon deuxième a le même âge que toi. Il est parti le faire à l'Étoile de Brive

-un footballeur alors. Je lui sers sa tasse et sa grille de loto, et lui fais un petit sourire quand il me remercie

René: t'es bien renseigné. Il boit une gorgée avant de froncer les sourcils. Comment tu sais ce que je prends ?

-je vous observe. Je baisse la tête, honteuse. En fait, vous m'intriguez. Je vous vois jamais sourire, alors j'en déduis que Brive ne vous plait pas forcément... je mords ma lèvre en comprenant que j'en ai trop dit

René: tu as toujours vécu ici toi ? Je secoue négativement la tête

-j'suis bordelaise. Il hausse les sourcils, visiblement étonné. Et j'habite route de Bordeaux, ça devait être un signe. Je ricane. Je suis venue ici pour le collège. Racontais-je. J'ai mis du temps à m'habituer à Brive, c'est tellement rural par rapport aux Aubiers... c'est la cité où j'habitais. Je précise

René: je te comprends. C'est dépaysant ici, et puis, y'a pas grand-chose dans le coin. Il m'offre un petit sourire, et j'essuie une tache de café sur le bar avant de me servir un chocolat chaud. Je tire ensuite un tabouret, m'y assois, et m'accoude au bar de manière à être en face de mon interlocuteur, même de l'autre côté du meuble. On habitait à Corbeil-Essonne, aux Tarterêts. Et j'ai été muté ici pour le travail. Mes garçons m'en veulent de les avoir bougé comme ça, mais j'avais pas le choix. J'hoche la tête en repensant aux mots de ma grand-mère. Il n'a vraiment pas l'air de tenir à ce que les vraies raisons de son départ s'ébruitent. En plus, j'avais une association là-haut. J'ai dû la laisser à un ami de confiance. Et même si je sais tout ce qu'il se passe et que je prends des nouvelles régulièrement, c'est pas pareil

[N.O.S] 𝐋𝐄𝐒 𝐋𝐀𝐑𝐌𝐄𝐒 𝐒𝐎𝐍𝐓 𝐁𝐑𝐔̂𝐋𝐀𝐍𝐓𝐄𝐒Où les histoires vivent. Découvrez maintenant