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À la nuit tombée, le traîneau de Cassandore traversa les contrées enneigées d'Alhora

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À la nuit tombée, le traîneau de Cassandore traversa les contrées enneigées d'Alhora. Le voyage avait été long et éprouvant, toutefois, moins ardu que la première fois, car Vadim avait eu le privilège de partager la compagnie d'une épouse bavarde. Parfois, lors de moments plus calmes, elle observait pensivement les paysages extérieurs se teinter progressivement d'une blancheur immaculée. Vadim savait que quelque chose troublait son esprit. Peut-être l'altercation avec Leftheris avant leur départ ? Jaya se sentait probablement coupable malgré elle. Qu'elle n'en tienne pas compte. Les mésententes entre Vadim et Leftheris étaient bien antérieures à son arrivée dans leur vie.

Cela faisait des années qu'ils n'avaient pas eu une conversation cordiale sans animosité. Des jalousies cachées, des larmes et parfois des coups se sont échangés entre les deux frères.

Le cadet se souvenait très bien de l'époque où, sous l'injonction de leur père, son aîné avait dû l'initier à l'art du combat à l'âge de quinze ans. Leftheris avait acquis une solide formation guerrière bien avant lui, ayant été pris sous l'aile protectrice de leur noble géniteur et de son cortège de précepteurs royaux qui ne tarissaient pas d'éloges à son égard. À l'aube de ses dix-sept ans, il rivalisait déjà avec des combattants aguerris ayant servi dans l'armée pendant des décennies. Vadim aurait dû bénéficier de la même éducation, mais avait été écarté en raison de sa fragilité, conséquence de ses blessures héritées de la folie de l'archevêque Giroald. Durant sa longue et pénible convalescence, il demeurait alité à l'infirmerie, observant chaque soir son père revenir aux côtés de son frère, proférant des louanges écoeurantes à n'en plus finir.

Cela avait nourri en lui une haine incommensurable à son égard au point où il s'était rouvert de nombreuses blessures aux mains à force de les serrer de toute sa puissance.

Lorsqu'il fut pleinement guéri, Leftheris s'était donné à cœur joie au niveau des coups, laissant parfois le Vadim frêle d'autrefois écrasé dans la boue, dans un sale état, avec pour seul argument : « ça va t'endurcir, faiblard, un vrai guerrier ne craint pas les coups ». Des propos qu'il avait suivi à la lettre jusqu'à ce qu'il réussisse, assez vite, à résister et à esquiver avec une adresse hors du commun. Il s'était relevé avec courage, sa force se décuplant en même temps que ses muscles. Sa colère enfouie fut son moteur à se surpasser.

Vadim était porteur du même gène prodigieux que Leftheris concernant le Vhaïka, ce qui ravit Byron, à l'époque, qui voyait son jeune fils fragile devenir un homme robuste et habile.

Le cadet s'était fait un malin plaisir à abandonner un coquart sur le visage déformé de rage de son privilégié de frère, lors de ce lointain examen de Vhaïka. Il se remémorait avec une précision saisissante sa longue silhouette étendue sur le sol du camp d'entraînement, la lèvre ensanglantée et l'œil tuméfié. Ce jour-là, Vadim s'était promis une chose : surpasser son frère et lui démontrer que ses faiblesses pouvaient se muer en forces. Qu'il n'était plus un enfant marqué par la souffrance, mais un homme prêt à le terrasser à la moindre provocation.

𝐋𝐄 𝐂𝐑𝐈 𝐃𝐄 𝐋'𝐇𝐈𝐕𝐄𝐑Où les histoires vivent. Découvrez maintenant