La Sélection des Soldats 6/7 ✔️

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La brise s'insinuait par la fenêtre ouverte

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La brise s'insinuait par la fenêtre ouverte. Sa délicatesse, telle une caresse dans sa longue chevelure, fit fermer les paupières de Jaya. Un papillon bleu s'introduisit dans la pièce, y exécutant une sarabande, avant de ressortir par où il était apparu. Elle appréciait cet instant de quiétude, loin des tensions et des cris.

Une jolie tasse de porcelaine s'entrechoqua à une soucoupe assortie portant un liseré d'or. Du thé bien chaud y coula, prenant garde à ne pas dépasser les bords. La volute de vapeur s'en échappant imita l'envolée gracieuse d'un lâché d'oiseaux sur la baie.

— Tout va bien, princesse ? Vous m'avez l'air maussade depuis ce matin.

Retirée dans le salon de thé, Jaya leva ses yeux sur Varvara. Celle-ci venait de déposer la boisson sur la petite table jouxtant le fauteuil où son amie était assise, près de la fenêtre offrant un panorama époustouflant sur les quartiers nobles de Cassandore. Néanmoins, ces bouquets d'édifices chics, couronnant le village et sa précarité, ne captaient pas son attention.

— La sélection est pour demain, à ce qu'il parait. C'est parce que le prince Vadim est peu présent que vous êtes ainsi ?

Si elle savait seulement... Trois jours s'étaient écoulés sans qu'ils ne se parlent, à peine s'étaient-ils vus. Calfeutrée dans sa chambre, portes closes, Jaya avait refusé qu'il la rejoigne. Il avait pourtant tenté d'entrer, frappant à la porte, l'exhortant à ouvrir, mais elle s'était rendue à feindre la surdité pour qu'il daigne lui ficher la paix. Même si dormir seule était devenu une épreuve pour elle, dormir avec lui après ce qui s'était passé serait encore plus difficile. Elle ne pouvait plus le voir en peinture. À aucun moment il n'avait présenté d'excuses, se contentant de lui jeter des regards furtifs lors des repas.

Qu'il les conserve pour Aube...

— Non, tout va pour le mieux, Varvara. Il fait son possible pour que l'armée de son père soit au maximum de sa puissance. Par contre, je...

Jaya n'osait détourner ses cils du point invisible niché au pied de la table. Les propos durs et menaçants de Vadim lui revenaient inlassablement, martelant ses oreilles.

« Je brûlerai tous les carrosses pour que tu n'ailles nulle part ! »

Une lame dans le cœur, elle reprit un fil d'air douloureux.

— Je pense repartir un peu à Alhora avec mon père, lorsqu'il quittera Cassandore.

— Euh, oui... Quand est-ce que vous pensez revenir ?

— Je... je l'ignore...

— Comment ça ?

La culpabilité la dévorait sous les yeux arrondis de la servante. Sa détresse plaquait une angoisse sourde dans la poitrine de Jaya, une douleur lancinante au ventre au point qu'elle dut glisser une paume sur cet endroit pour l'atténuer. Elle en avait presque la nausée.

𝐋𝐄 𝐂𝐑𝐈 𝐃𝐄 𝐋'𝐇𝐈𝐕𝐄𝐑Où les histoires vivent. Découvrez maintenant