La Reception 7/8 ✔️

897 128 154
                                    

— Est-ce que tu pries encore, Jaya ?

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.

— Est-ce que tu pries encore, Jaya ?

Un frisson parcourut son échine. Tournant le dos à son père, elle plaça délicatement sa précieuse boîte à musique sur le sommet de sa commode, n'osant lui répondre. Ymos interdisait tant de joies simples pour des gens biens qui, en s'aimant dans l'interdit ou en pratiquant l'art interdit, se détruisaient dans la clandestinité. Elle portait un regard mauvais sur cette religion dans laquelle elle avait hélas baignée, et ce bien avant sa rencontre avec Vadim. La question n'était plus à débattre : elle avait joué le jeu pendant des années, apprenant les codes de ce culte si précieux aux yeux de son roi et de son île par obligation. Son époux ne lui imposait rien, bien trop dégoûté par ces fanatiques obtus et dépassés. Alors pourquoi continuerait-elle de prier ?

Que pouvait-elle répondre ? Certainement pas une telle chose...

— Tu ne vas jamais à l'église, n'est-ce pas ?

Il décelait si rapidement ses failles... Il la connaissait par cœur.

— Il n'y a pas d'église ici, il n'y a qu'un temple. On dit que... la meilleure église pour prier est située dans notre cœur. Il ne sert à rien de le montrer aux autres.

Debout dans la chambre, Frost sourit malgré lui.

— Tu as raison... C'est une chose que l'on oublie facilement. Ymos est notre maison, soyons son foyer. Tu es devenue si... mature, Jaya. Ta pensée me ravit et reflète celle que je voulais que tu sois. Celle que je t'ai forcée à être...

Avec lenteur, la jeune femme se retourna pour faire face au grand homme qui s'installait dans son fauteuil, les coudes enfoncés sur les genoux. Son œil égaré présageait mille tourments.

— Je réalisé que... J'ai peut-être été trop prompt à te marier. Je sais que nous étions en difficulté et que l'aide de Cassandore nous a été précieuse durant ces mois, mais... Je regrette beaucoup mon choix, parfois. Je me dis que tu n'étais peut-être pas prête à céder ton innocence, à partir si loin de chez toi et que ma propre solitude est entièrement de ma faute. Il est si difficile de prendre de bonnes décisions quand notre cœur balance entre le devoir de roi et celui de père...

— Vous n'avez pas à regretter. Le peuple se porte mieux, c'est donc que votre choix était le bon. L'avenir de notre royaume est plus important que tout.

— Le plus important, c'est toi, ma fille.

Elle le fixa, intensément troublée. Ce n'était pas ce qu'il lui avait laissé entendre lorsqu'il lui avait annoncé ses fiançailles, suite à son retour de Cassandore, quatre mois auparavant. Être digne de la reine inestimable qu'était sa mère, prendre ses responsabilités la tête haute pour honorer son rang et sa cité à l'agonie... Avait-il enfin réalisé l'ampleur de cette charge ?

— Es-tu... heureuse, ici ?

Jaya l'observa en silence, puis laissa son regard glisser doucement vers le tapis. Ses mains se crispèrent dans son dos, agrippées aux poignées de la commode, retenant sous ses paupières les éclats de souvenirs qui la bouleversaient et la ramenaient aux tourments de ses débuts difficiles.

𝐋𝐄 𝐂𝐑𝐈 𝐃𝐄 𝐋'𝐇𝐈𝐕𝐄𝐑Où les histoires vivent. Découvrez maintenant