Une Grande Nouvelle 6/8 ✔️

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Des couverts heurtèrent la porcelaine d'une assiette vide

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Des couverts heurtèrent la porcelaine d'une assiette vide. Un doux tintement qui amena le soupir de Jaya.

Seule avec Vadim, elle avait pris son repas sans s'épancher sur de grandes discussions. Les autres membres de la famille Blanchecombe n'étaient pas venus, bien trop occupés à la forge royale. Le sommeil réparateur semblait avoir éveillé la bonne humeur de son mari, Jaya en était enchantée. Il était si rare qu'il ne réprimande pas les servantes un peu trop lentes à servir ou bien, qu'il ne se plaigne pas d'un quelconque manque de sel. Elles-mêmes arboraient une mine confuse devant tant de calme de la part du prince.

À croire que ce repas en tête à tête le rendait heureux.

Mais il allait devoir repartir ensuite... Jaya le savait pertinemment. La reconstruction de l'entrée n'étant pas encore achevée, sa présence pour gérer les travailleurs et les soldats en poste sur l'esplanade était indispensable. Elle l'avait entendu parler avec le seigneur Byron, la veille. Son père allait bientôt revenir d'Alhora avec bien plus de métaux pour la fonte de l'artillerie. D'après son beau-père, ils étaient bientôt prêts et la présence constante de ses fils allaient être de mise durant les prochaines semaines.

Encore une journée triste à passer en solitaire. Une journée qui allait bientôt s'allonger sur des jours et des jours. Vadim n'avait pas l'air pressé de s'y rendre vu comme il prenait son temps à siroter sa coupe de vin, à l'autre bout de la table.

La sortant de sa rêverie, Varvara s'approcha pour débarrasser. Un regard échangé avec la princesse suffit pour que celle-ci comprenne : son amie l'encourageait à parler avec Vadim. Leur conversation dans le retrait des servantes l'avait travaillée tout au long du déjeuner. C'était peut-être le moment idéal pour lui révéler cette grossesse, puisqu'il semblait être levé du bon pied. Mais que se passerait-il s'il changeait d'attitude en apprenant qu'elle lui avait caché durant tout ce temps ? S'il entrait dans une colère noire ?

— Tu sais que tu n'as pas besoin de t'habiller si formellement ici, avec moi...

Cette voix l'arracha dans ses pensées. De sa place, Vadim ne la quittait pas du regard. Cela faisait plusieurs minutes qu'il l'observait sans un mot. Elle avait l'air ailleurs, presque triste. Muette, par moment. Surprise, Jaya baissa les yeux sur sa robe émeraude rehaussée de coutures dorées et de perles. Bien belle, mais un peu lourde à porter.

— Je suis habituée à m'habiller lors des repas.

— Le contraire ne m'aurait pas dérangé.

Son sourire égrillard se réverbéra sur la jeune femme, plus timidement. Elle avait parfaitement compris son sous-entendu. Elle espérait que les servantes non. L'avoir nue dans un plat d'argent aurait été le meilleur repas de sa vie, à n'en point douter.

𝐋𝐄 𝐂𝐑𝐈 𝐃𝐄 𝐋'𝐇𝐈𝐕𝐄𝐑Où les histoires vivent. Découvrez maintenant