La Nature Dangereuse et Passionnelle 6/8 ✔️

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Neuf heures passèrent et le jour fut tendrement accueilli par le crépuscule

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Neuf heures passèrent et le jour fut tendrement accueilli par le crépuscule.

Les sublimes variations de lavande et d'or qui couronnaient les vastes champs d'herbes hautes offraient un spectacle époustouflant. La pluie, ayant perdu de son intensité, laissait entrevoir une incision lumineuse dans le ciel aux reflets chatoyants. Les vallées du Massif Sempervirent devaient leur appellation à leur foisonnante verdure, épargnée par le gel du nord et demeurant éclatante la majeure partie de l'année. Elles abritaient de nombreuses haltes forestières que les voyageurs empruntaient pour se ressourcer lors de leurs trop longs périples. Des cabanes modestes, fruits de la générosité des travailleurs sillonnant ces montagnes en quête d'herbes médicinales et de minéraux précieux –bien moins communs que dans les contrées septentrionales.

Cette chaîne montagneuse, se dressant fièrement à près de trois mille cinq cents mètres, représentait le deuxième point culminant de l'île. Les Montagnes Boréales conservaient toutefois leur suprématie avec leurs impressionnants quatre mille mètres. Ces terres paisibles et préservées des conflits constituaient la frontière entre les territoires staraniens et cassandoriens. Si jamais la guerre venait à embraser la contrée, nombre de villageois des deux cités chercheraient refuge en ces lieux, à l'abri des attaques.

Les cours d'eau serpentaient en murmurant une mélodie enchanteresse, de concert avec le chant des grenouilles et le chuchotement de la bruine. Une cascade, timidement rougie par un éclat solaire, se brisait avec fracas sur les roches, issues de l'effondrement des perchoirs montagneux. Sur le cheval, émerveillée, Jaya se demandait depuis combien de temps ces imposants blocs avaient été séparés de leur matrice originelle. Comment avaient-ils pu résister à la force prodigieuse de la cascade qui les martelait inlassablement depuis des siècles, voire des millénaires ? À la faveur du grand air, il était indéniablement plus aisé d'embrasser la beauté du monde qu'à bord d'un carrosse.

Ils n'avaient fait que de brèves pauses, afin de ne laisser que peu de traces de leur passage sur les terres ennemies. La nuit tombait doucement et Vadim savait qu'ils étaient encore à un bout de Cassandore. Les vallées s'étendaient sur des kilomètres, tranchant entre bois et reliefs escarpés. Ils allaient devoir s'arrêter pour dormir et se sustenter. Jaya était épuisée, elle avait passé les deux dernières heures appuyée sur son torse, à moitié endormie. Son épouse n'était pas habituée à voyager de la sorte et comprenait qu'elle puisse être facilement abattue dans ces conditions ralenties et peu favorables.

Les prochains chalets d'accueil se trouvaient au cœur de la Forêt des Embrumes, se dressant devant eux tel un mur infranchissable. Une masse sylvestre dense, sombre et gigantesque. Sous les yeux anxieux de Jaya, la cime des arbres semblait lécher les nuages tant ils étaient grands et feuillus. La lumière n'y passait presque pas. C'était d'autant plus inquiétant avec le soir venu.

𝐋𝐄 𝐂𝐑𝐈 𝐃𝐄 𝐋'𝐇𝐈𝐕𝐄𝐑Où les histoires vivent. Découvrez maintenant