Le Jugement du Martyr 2/7 ✔️

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Le palais de justice cassandorien fut bâti en parallèle avec le Beffroi, bien avant que la famille Blanchecombe ne s'installe sur ces terres fertiles

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Le palais de justice cassandorien fut bâti en parallèle avec le Beffroi, bien avant que la famille Blanchecombe ne s'installe sur ces terres fertiles. Au fil des années, sa beauté s'était enrichie, mais sa lourdeur oppressante et les innombrables regards de pierre nichés dans les aspérités du plafond parvenaient à intimider même les âmes les plus téméraires.

Quand elle y était entrée, ce matin-là, Jaya avait retenu un souffle. Les immenses marches d'escalier lui paraissaient sans fin, ses jambes flageolantes trahissant son anxiété. Deux jours s'étaient écoulés depuis l'incident, et elle n'avait pu revoir son mari, la garde lui interdisant l'accès au poste pénitencier par mesure de sécurité. La gorge nouée, elle comprenait que ce jour revêtait une importance cruciale. La décision d'un procès par le seigneur Byron avait suscité l'indignation à Cassandore, les citoyens criant à l'injustice face aux dégâts engendrés et aux victimes. Une importante foule s'était rassemblée devant les portes du tribunal, réclamant la mort du Marqué, désormais affublé d'un nouveau surnom sinistre : le Démon Bleu.

Les entendre clamer leur rage à l'égard de Vadim attristait Jaya à en mourir. Comment rester digne et forte dans de telles conditions ? Retenir ses larmes devant les membres de la royauté et les juges religieux devenait impossible. Mais une main délicate posée sur son épaule l'aida à relever la tête.

Son père, Frost, bouleversé en apprenant la terrible nouvelle, n'avait pas hésité à entreprendre un long voyage pour rejoindre au plus vite sa fille bien-aimée. Il l'avait soutenue de son mieux. Inconsolable, elle pleurait sans cesse, jour et nuit, jusqu'à l'épuisement. Mais en ce matin solennel au palais de justice, elle sut trouver la force de retenir ses larmes.

— Ça va aller, ma petite.

Elle aurait tant voulu croire aveuglément en ses paroles, mais la haine que nourrissaient le peuple et la religion envers le Risen ne faisait qu'accentuer l'angoisse dans son cœur. Derrière Byron et Leftheris, qui pénétrèrent dans l'immense salle de jugement, Jaya déglutit face à la foule déjà présente. D'éminentes figures religieuses avaient été conviées d'autres provinces pour assister à ce procès hors norme. Elle identifia le père Olien parmi les jurés prenant place dans les gradins entourant le pupitre central où trônait dignement l'archevêque Thésélius. Les élégants bancs royaux étaient disposés à sa droite.

Byron y prit place, suivi de près par Frost, Jaya et Leftheris. La jeune femme se trouvait enserrée entre son père et son beau-frère qui, après s'être installé, osa poser un regard sur elle. Sa respiration saccadée trahissait le stress qui l'étreignait. Cependant, elle ne lui prêtait aucune attention, les yeux inébranlablement rivés sur l'estrade de marbre circulaire, située au cœur de la salle, où le prisonnier allait être présenté face à ses juges impitoyables.

Leftheris aurait tant souhaité lui apporter un soutien en ces temps difficiles. Un simple geste, un mot réconfortant, un souffle apaisant qui dissiperait sa tristesse. Mais comment s'y prendre ? Elle qui l'avait repoussé et l'ignorait, peut-être ne saurait-elle apprécier ses intentions bienveillantes...

𝐋𝐄 𝐂𝐑𝐈 𝐃𝐄 𝐋'𝐇𝐈𝐕𝐄𝐑Où les histoires vivent. Découvrez maintenant