Le Portrait 3/3 ✔️

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Quand Aube s'était réveillée ce matin-là, seule dans son lit, tout ce qu'elle avait fait la veille lui avait été comme craché à la figure

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Quand Aube s'était réveillée ce matin-là, seule dans son lit, tout ce qu'elle avait fait la veille lui avait été comme craché à la figure. Oui, un énorme molard au coin du nez... Roban, sa dégringolade vers la dépression et l'amour pour Vadim qui n'était pas parti, même après cette nuit torride.

Non, elle avait essayé, mais une fois l'alcool retombé, Aube réalisa qu'il était toujours là, présent en elle, la torturant d'amertume et de haine. Elle criait en silence, se tordait de douleur. Si seulement... Il pouvait disparaître définitivement de sa vie... ou lui revenir.

Si seulement... cette maudite princesse pouvait mourir... Tout s'arrangerait.

Cette sombre idée lui apporta un frémissement. Elle et son bébé, perdant la vie sur la table d'accouchement... Elle s'en frotterait les mains.

Non, Ymos ne saurait pardonner de telles pensées impures. Son âme serait châtiée pour avoir osé souhaiter la mort. Ce pourquoi, aux aurores, elle se retrouvait devant les marches du Temple Ymosien de Cassandore. Pâle et marquée par la fatigue, une cape drapée sur ses épaules, elle contempla longuement ce havre de paix, se demandant si elle y était réellement la bienvenue. Aube ressentait le besoin d'expier ses péchés, de se recueillir et de s'entretenir avec son dieu pour ne pas virer folle.

Quelques pas dans les allées dallées du complexe extérieur, ornées de drapeaux de prière blancs, et les âmes se retrouvaient plongées dans l'ambiance assainie des lieux. Chaque étape de l'ascension vers la grande arche d'entrée revêtait une symbolique religieuse très forte et importante pour les cassandoriens.

Le claquement de ses bottes répercutait de façon communicative à travers le vestibule du temple. Un petit couloir dévoilait une pièce majestueuse sculptée à même la roche, s'élevant vertigineusement vers les cieux. Le plafond d'ogive dépeignait de somptueuses fresques relatant l'avènement d'Ymos sur l'île : un dieu né des glaces, brandissant fièrement sa faux pour déchirer les nuages et dispenser les rayons du soleil sur les champs luxuriants du sud.

Autrefois modeste église de la foi, le bâtiment fut transformé en un temple grandiose, puis s'agrandit progressivement au gré de l'expansion de Cassandore pour devenir un vaste ensemble de halls et de chapelles aux façades magnifiquement ouvragées. Ce lieu abritait une formidable collection de statues, peintures et sculptures religieuses. Il était difficile de détourner son regard des détails minutieux qui conféraient à cet endroit toute sa splendeur.

On racontait qu'à l'intérieur se trouvait un trésor classé inestimable : le Jadana Ymosïam, plus de dix mille parchemins datant de l'arrivée des premiers colons glascales sur lesquels avaient été écrits les tous premiers textes sacrés du canon ymosien. Seuls les archevêques, sommités du haut conseil religieux et les rois, pouvaient le voir et le consulter.

Une poignée de fidèles adressait leurs prières les plus sincères à leur dieu. À genoux sur le sol, alignés ou près de la nef éclairée par la lueur vacillante des bougies, leurs voix se mêlaient en une mélodieuse complainte murmurée vers le ciel. La plupart imploraient qu'aucune guerre ne vienne les frapper et que leurs familles demeurent à l'abri du danger. Peut-être que le père des glaces daignerait entendre leurs suppliques.

𝐋𝐄 𝐂𝐑𝐈 𝐃𝐄 𝐋'𝐇𝐈𝐕𝐄𝐑Où les histoires vivent. Découvrez maintenant