Un vent de combativité souffla sur le camp d'entraînement. La tension s'intensifia, s'ajoutant à l'atmosphère électrique qui planait entre les deux frères. Des souvenirs affluèrent dans la mémoire de Vadim, le ramenant à ses années adolescentes, superposant l'image du garçon frêle et gorgé de haine à celle de l'homme sans pitié qu'il était devenu. Il s'était tant battu ici avec son aîné qu'il ne pouvait plus dénombrer les confrontations. C'était en ce lieu, de cette manière, qu'il s'était façonné sous ce regard gris d'acier le méprisant de son excellence. Endurci dans une cuirasse forgée de souffrances et de larmes, une carapace indestructible de colère et de rancoeur.
Il n'avait plus peur désormais, et ce, depuis bien longtemps.
Rajustant ses bandages de protection autour de ses poignes fermes et impatientes d'en découdre, l'instructeur observait Leftheris ôter sa redingote beige qu'il laissa tomber lentement au sol. Son torse athlétique, sculpté de muscles secs et surmonté d'une fine toison claire, était revêtu d'un simple débardeur de lin qu'il retira à son tour pour dévoiler ses abdominaux saillants. Leurs regards se croisèrent, si similaires dans leur forme et leur transparence. Un salut conforme aux règles du Vhaïka original : un pied glissant en arrière, une courbette que Vadim ponctua d'un sourire narquois.
— Tu as encore une chance de changer d'avis, mon frère.
Il adorait le provoquer et attiser ses nerfs, c'était un jeu où il sortait toujours gagnant. Les poings serrés devant lui, Leftheris répondit sur le même ton, ne cachant pas une courbe condescendante au coin de sa bouche.
— Est-ce une ruse pour abandonner, faiblard ?
Vadim eut un léger frisson d'aigreur à l'entente de ce surnom, comme un glaçon coulant sournoisement le long de sa colonne. Cela faisait des années qu'il ne l'avait pas appelé ainsi... Autrefois, « Faiblard » faisait éclore sa rage, exploser le sel de ses yeux, frapper les dalles du camp à s'en faire saigner les mains, car cela signifiait qu'il avait échoué face à lui, encore une fois terrassé sous la supériorité physique de son aîné. Aujourd'hui, ce n'était plus la même chose. Le « Faiblard » était mort et il comptait lui montrer de la meilleure des façons.
— Tu aimerais bien...
— Approche donc, si tu l'oses.
Aux extrémités du camp, les frères Blanchecombe s'impressionnaient du regard, tels deux animaux sauvages et majestueux, prêts à déchiqueter l'autre. Plus affamé que son adversaire, Vadim fut le premier à s'élancer. Leftheris enchaîna aussitôt, galopant en ligne droite, fonçant tel un char de guerre. Le choc titanesque de leurs bras les repoussa chacun à l'opposé.
Leftheris chancela sous la force colossale de son cadet. Habilement retombé sur un genou, les paumes au sol, le vice-général leva un œil vif sur la créature marbrée se redressant face à lui. Il frappait fort dès le début et le toisait avec tant d'insolence, comme s'il se régalait à le mettre à rude épreuve. C'était le cas ; une douce vengeance dont il se délectait autant qu'un bon verre de vin.
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𝐋𝐄 𝐂𝐑𝐈 𝐃𝐄 𝐋'𝐇𝐈𝐕𝐄𝐑
Romance✐ ROMANTASY / ÉROTIQUE 🔞 ✐ ENNEMIES TO LOVERS / SLOW BURN Jaya est la fille unique et héritière du roi de la dynastie Northwall tenant à ses mains Alhora, la puissante cité du nord aux glaces éternelles. Toute sa vie, elle a été drapée par l'aile...