𝐄 𝐏 𝐈 𝐒 𝐎 𝐃 𝐄 - 17 : Le Portrait 1/3 ✔️

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La lune glissa son bras par la fenêtre

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La lune glissa son bras par la fenêtre.

Ses doigts caressèrent de leur douce lueur blafarde le visage de Leftheris. Allongé dans son lit, le prince se trouvait plongé dans ses pensées, se sentant à la fois seul et détaché du monde qui l'entourait. Épuisé à son retour, il était désormais incapable de fermer l'œil. Tournant et virant dans ses draps si fades sans la présence chaleureuse d'une compagne, sa poitrine nue se souleva d'un soupir de lassitude.

Pas moyen d'y trouver une place confortable quand nous ne le somme même pas dans notre tête...

— C'est pas vrai...

Il s'arrachait presque le visage entre ses mains. La dernière nouvelle terminait d'achever sa bien triste descente au gouffre. Dans quelques mois seulement, un Vadim miniature viendrait envahir le Beffroi... Avec lui, l'espoir de ne plus pouvoir approcher Jaya. Les mères ne vivaient que pour leur enfant et leur mari. Qu'aurait-il comme place dans sa vie, après ça ? Toujours celle d'un ami... d'un beau-frère que l'on saluait au coin d'un couloir...

Ça le prenait à la gorge.

Comme sa vie avait changé depuis que cette fille y était entrée... Un homme comme lui à qui tout avait toujours souri, qui avait toujours obtenu ce qu'il voulait depuis l'enfance : les louanges, la considération, les regards admiratifs, sa précieuse place de général...

Comment pouvait-il tomber si bas et se voir refuser le plus pur des sentiments ?

Parfois, on avait beau se convaincre que la vie allait suivre une voie prédéfinie depuis longtemps, toutes ces belles certitudes acquises au fil des ans pouvaient être balayées par un simple changement de marée. Un simple regard. Une simple fille venue dans son champ de vision.

Lui qui brillait tant autrefois, il ne se considérait plus que comme la honte de la famille...

La famille... Ce mot le dégoutait.

Les Blanchecombe n'avaient rien d'une famille et Leftheris le pensait bien davantage avec le temps. Avec Vadim, l'entente était définitivement morte depuis son mariage. Depuis qu'il le narguait d'être heureux tandis qu'il pourrissait tout seul dans cette chambre. Il le détestait... si fort... pour ce qu'il lui avait pris.

Mais personne ne devait le savoir.

Leftheris revêtait constamment son image impeccable devant le peuple et son père pour qu'on ne décèle pas son tourment, l'écorchure béante et sanglante dans son cœur qui s'ouvrait un peu plus de jour en jour, et malgré tous ses efforts, Byron n'était pas dupe.

Parfois, Leftheris surprenait son regard chargé de sévérité à son égard et, intimement, l'aîné s'en voulait de mettre son cher père dans un tel état. Il était bien le seul membre de sa « famille » qu'il considérait comme tel. Il lui devait tout et n'était bon qu'à le décevoir. Tout ça, cette abstinence, cette frustration qu'il stockait inlassablement dans son âme, c'était pour son père... Uniquement pour son père. Cet homme qui avait toujours eu confiance en lui, en ses capacités et en son avenir.

𝐋𝐄 𝐂𝐑𝐈 𝐃𝐄 𝐋'𝐇𝐈𝐕𝐄𝐑Où les histoires vivent. Découvrez maintenant