Le Jugement du Martyr 7/7 ✔️

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Le jour se leva sur Cassandore, plus morne qu'il ne l'avait jamais été

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Le jour se leva sur Cassandore, plus morne qu'il ne l'avait jamais été.

Ce matin-là, Jaya s'habilla d'une longue robe anthracite doublée aux coutures argentées. Les servantes l'aidèrent à se coiffer et arranger les derniers fils de son corset. Le grand départ était enfin arrivé et la grisaille accompagnait ce moment qui l'avait torturée tout au long de la nuit. Après l'enterrement de Vadim survenu sur la falaise où siégeait le caveau des Blanchecombe, l'héritière du trône avait décidé de suivre son père et regagner leur royaume dans la montagne. Désormais, elle n'était plus princesse de Cassandore et n'avait donc plus aucune raison de rester ici. Frost ne s'était pas opposé à ce choix. Sa place était sur ses terres natales.

Ses femmes de chambre étaient venues l'aider à préparer et sortir ses bagages, peu avant. Jaya avait pris soin d'emballer sa boîte à coquillages et avait réclamé aux domestiques d'y faire très attention jusqu'au traîneau de son père, monté dans la cour.

Léontine, en larmes, l'avait prise dans ses bras. Jaya allait terriblement lui manquer. La vie n'aurait plus le même goût, plus la même couleur, désormais.

Varvara n'était pas réapparue au Beffroi depuis l'annonce de la mort d'Omaima et la princesse était encore plus triste de partir sans lui dire un dernier au revoir. Elle espérait simplement qu'elle aille bien et qu'elle soit en sécurité.

Ce fut lorsqu'elle se retrouva à nouveau seule que l'alhorienne se dirigea vers sa commode pour remplir son dernier sac à main. Cette chambre dans laquelle elle avait tant aimé, tant ri, était plus vide que jamais. Autant d'objets que de sentiments. Des milliers de souvenirs y étaient gravés, là, au cœur de chaque mur, de chaque bout de tissu, de chaque corolle de fleurs fanées. Au cœur de ce lit qui ne connaîtrait jamais plus l'amour.

Retournant ses yeux de celui-ci afin de chasser les images langoureuses de ce passé douloureusement heureux, Jaya se pencha sur son tiroir ouvert. Elle en sortit quelques livres qu'elle rangea dans sa besace, y compris les Contes du Fjord de l'Oubli. Vadim adorait ce manuscrit, il le fascinait. Il aspirait tant à en percer les secrets et comprendre les rouages mystiques de cette histoire risenienne qu'elle n'avait jamais vraiment saisie. Peut-être par candeur, ou parce qu'elle était jeune... Son mari lui avait fait découvrir sous un tout autre jour, plus mystérieux et incroyable encore.

Un morceau de tissu blanc se dévoila dessous la pile de livres.

Le masque de Vadim.

Ce loup de soie, abandonné depuis des lustres. C'était avec lui qu'elle l'avait vu pour la toute première fois, au bal de la floraison. Les souvenirs de cette rencontre demeuraient vivaces. Le port intrigant de ce masque avait éveillé en elle une irrésistible curiosité qui l'avait attirée à lui. Seuls ses yeux étaient visibles à travers, cette magnifique mer turquoise.

Son pouce caressa l'emplacement de la pommette où une ancienne trace de rouge à lèvre subsistait, vestige de leur folie d'amour dans le couloir du Beffroi.

𝐋𝐄 𝐂𝐑𝐈 𝐃𝐄 𝐋'𝐇𝐈𝐕𝐄𝐑Où les histoires vivent. Découvrez maintenant