Le Bal de la Floraison 4/5 ✔️

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Au cœur de la nuit, Jaya se résolut enfin à quitter ce bal ronflant pour rejoindre la ville

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Au cœur de la nuit, Jaya se résolut enfin à quitter ce bal ronflant pour rejoindre la ville. Cela faisait un moment qu'elle n'avait pas vu son père. Celui-ci avait pris congé pour se livrer à une conversation intime avec de hauts dignitaires. Autant profiter de son absence pour s'éclipser discrètement. Toutefois, il était impossible pour elle d'emprunter l'entrée principale du palais. Les soldats postés en faction ne manqueraient rien de ses faits et gestes, et alerteraient immédiatement le roi s'ils la voyaient franchir les portes.

Il ne devait jamais être au courant... Quoi qu'il arrive.

Heureusement, une autre issue secrète se trouvait dans la bibliothèque. Jaya y allait souvent pour apaiser sa soif de liberté lorsqu'elle se lassait des espaces confinés de pierres. En quelques instants, elle s'y rendit, telle une ombre dans l'obscurité, pour ne pas être repérée par les derniers invités. Les montagnes de livres, s'élevant devant elle, lui donnaient le tournis. À chaque visite en ces lieux, d'innombrables souvenirs l'assaillaient : des explosions, des larmes, le visage fugace de sa mère qui se dissipait pour laisser place au crâne terrifiant du Géant Gelé.

Les années avaient passé, mais l'événement traumatisant avait laissé des cicatrices profondes en elle, même si elle avait bénéficié du soutien infaillible de son père. Il avait tout mis en œuvre pour la relever, la sortir de ses terreurs nocturnes et de ses larmes incessantes, devenant son rempart protecteur. Jaya était sa seule héritière, l'unique souvenir tangible de l'amour qu'il avait partagé avec son épouse, une relique plus précieuse que n'importe quel joyau. La mettre en sûreté était donc devenu une habitude parfois toxique pour la jeune femme, qui ne connaissait finalement que les murs du château, l'église et les bois environnants d'Alhora.

Enfin, Jaya atteignit l'entrée du passage secret, le même endroit où elle avait fui avec sa mère lors de l'attaque. Le souvenir était gravé dans sa mémoire, indélébile et tenace. Cependant, les livres qui dissimulaient l'entrée avaient été remplacés par un bureau massif. Elle dut se glisser à quatre pattes pour se frayer un chemin jusqu'à la porte et au tunnel. La jeune femme y parvint en quelques secondes, jusqu'à arriver à la sortie enneigée.

Sa cape en fourrure étroitement enroulée autour de ses épaules, Jaya longeait les arrières du palais, se dirigeant vers les écuries, situées à quelques mètres de là. Ses pas s'enfonçaient dans la poudreuse. Cependant, la nuit noire ne lui faisait pas peur. Les bruits environnants étaient comme des murmures lointains, inaudibles pour elle. Elle était consciente que les sombres créatures de la Forêt des Murmures ne pouvaient franchir le mur protecteur qui entourait la ville. Personne ne pouvait le faire, personne n'avait jamais osé s'aventurer dans les Montagnes Boréales depuis l'incident et c'était pour le mieux.

Se glissant proches des premières habitations, la musique happa ses tympans. Les gens s'amusaient autour des fleurs, dansant et mangeant jusqu'à en être rassasiés. Des piles de viandes grillées à souhait étaient étalées sur les tables. Le cerf que Tiordan avait tué avait été découpé en plusieurs morceaux pour que tout le monde puisse en avoir ; Symphorore avait dû se jeter dessus et en dévorer la moitié.

𝐋𝐄 𝐂𝐑𝐈 𝐃𝐄 𝐋'𝐇𝐈𝐕𝐄𝐑Où les histoires vivent. Découvrez maintenant