CHAPITRE 22 (2)

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Sous le maître-autel derrière lequel ils s'étaient dissimulés, il y avait un coffre-fort horizontal à clé, d'à peu près deux mètres de longueur et un de largeur.

— Passe-moi les bouteilles d'alcool ! ordonna le mentor.

Allison obtempéra, même si elle ne comprenait rien à ce qu'il faisait.

Yan tira sur la trappe du coffre-fort et se débarrassa de toute la paperasse ancienne qui l'encombrait. Il définit un nouveau code, remerciant les cieux que la boite métallique ne fut pas verrouillée.

— Qu'est-ce que tu fais ? réitéra Allison.

Pour toute réponse, il lui tendit l'une des bâches qui servaient à recouvrir les sièges de la cathédrale.

— Tu n'es pas claustrophobe, j'espère. Enroule-toi dans ceci et entre dans le coffre.

— Ne me dis pas que tu veux foutre le feu !

— Tu as une meilleure idée, peut-être ? aboya-t-il.

Il tendit la bonbonne et le masque à oxygène à Allison, alors qu'elle s'installait au fond du coffre étroit.

— On va fondre là-dedans, Yan...

— C'est un coffre-fort incombustible système Bauche riveté qui date de la fin du dix-neuvième siècle, lorsque la cathédrale a été construite. L'Agence comporte le même modèle. Et ces bâches de protection sont constituées d'une couche de néoprène à l'intérieur, et du nylon alumnisé à l'extérieur. Ça nous permettra de résister à la chaleur. On ne va pas fondre. Entre là-dedans, Allison !

Une autre fournée de tirs ponctua son exhortation, alors qu'un troisième vitrail explosait à grands fracas. Allison hocha la tête, peu rassurée. Elle ne voulait pas mourir, cuite à point.

Face à ça, les balles des snipers n'étaient qu'une douce euthanasie. Mais elle fut néanmoins rassurée en constatant l'assurance que dégageait son mentor. Il savait ce qu'il faisait...

Elle l'espérait de tout cœur.

Le châtain déchira des morceaux du tricot de Mei qu'il portait encore, et s'en servit pour boucher les bouteilles d'alcool à la manière d'une mèche. Grâce au briquet mauve que son grand-père lui avait offert et qu'il ne quittait jamais, il mit le feu aux bouts qui pendaient encore en extérieur puis, une après l'autre, il balança les bombes artisanales vers les trois coins de la cathédrale. Elles explosèrent toutes en de grands torrents ardents.

Sans perdre une seule seconde, il s'enroula à son tour dans la bâche alumnisée et rejoignit Allison à l'intérieur du coffre. Le feu monta à une altitude fulgurante. Yan se dépêcha de fermer le coffre, et le noir se fit sur eux.

Ce n'était bien sûr qu'une solution temporaire. Bientôt, ils allaient commencer à manquer d'oxygène. Cette bonbonne ne leur permettrait de tenir qu'approximativement cinq heures ...en espérant que le paternel de Yan arrive à temps pour les sauver...

LES CHIRURGIENS DE DIEU tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant