CHAPITRE 26 (2)

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Il essaya de rester stoïque, mais toutes ses cellules s'étaient mises à frissonner de panique. Il baissa la vitre de son véhicule et offrit son plus grand sourire à l'agent.

Il devait demeurer calme. Physiquement, il n'avait presque plus rien à voir avec Yan McFarland. Seule son attitude était en mesure de le trahir.

— Papiers du véhicule, exigea le policier en examinant l'intérieur de la voiture.

Les mains moites, Yan s'exécuta et offrit à l'agent les faux papiers concoctés par son paternel.

— Estéban Derbez, lut l'homme en tenue en haussant les sourcils.

— Oui, approuva Yan en prenant un accent mexicain. Hay un problema, monsieur l'agent ?

— Que faites-vous là ?

— J'attends una amiga, expliqua-t-il. Elle récupère des résultats al hospital. Tenemos que tomar el avion pour le Mexico esta noche. Sus padres habitent là-bas, vous voyez ? Et elle doit accoucher le mois prochain. Es un nino. Lo llamaremos Arthur, c'est le prénom de mon père. Et puis, elle...

— Je croyais que vous attendiez une amie...pas votre femme.

Yan se tût, le regard figé sur le policier à travers la fenêtre du véhicule, réalisant sa grossière bévue.

Respire.

— Si ! s'exclama-t-il. Si, senor. J'attends una amiga...no estoy casado. Pas encore, vous savez ? Estoy esperando el momento adecuado pour...pour lui faire ma demande de...

— Votre carte dit que votre père se prénomme Horacio, pas Arthur...

Nouveau silence. Yan songea qu'il aurait dû mieux mémoriser les informations sur ses faux papiers.

Et surtout qu'il devait arrêter de parler. Car il s'enfonçait.

De plus en plus...

— Elle dit ça, ma carte ? s'étonna-t-il. Ça doit être un error, un gran error, senor. El nombre de mi padre es Arthur, il s'est toujours appelé Arthur. Sé el nombre de mi padre, quand même ! Sé el nombre de mi...

— Veuillez sortir du véhicule, et mettez vos mains en évidence...

Yan se tût, le sang glacé et les os paralysés. Il allait se faire arrêter. Il allait se faire arrêter, puis sa couverture serait grillée. Il n'arrivait même plus à réfléchir. Il n'y avait aucune issue. Il savait, il savait que c'était une idée stupide ! Il le savait, depuis le départ. En à peine quelques heures, il s'était fait démasquer.

Résigné, il ouvrit la portière, sortit du véhicule et se livra à l'agent de sécurité avec les mains en l'air...

***

Iris Danvier n'était au Widburton que depuis une heure, que déjà elle avait établi ses marques. Elle savait que si elle voulait réussir sa mission, elle devait s'intégrer. Ça n'était peut-être pas nécessaire, vu le court laps de temps qu'elle passerait dans cet hôpital.

Mais elle avait bien remarqué que l'internement de Warren Eastwood avait provoqué quelques tensions au sein du corps médical. Après tout, personne n'avait vraiment oublié l'incident qui s'était produit un mois plus tôt...

Personne n'avait oublié Allison Mortensen...

Iris ne comptait pas reproduire les mêmes erreurs que son prédécesseur. Elle était l'avenir de la chirurgie. Elle était la mieux placée pour accomplir cette mission. Contrairement aux autres recrues de l'ACD, elle n'avait pas forcément besoin d'un bistouri pour ôter la vie.

La chirurgie avait tellement évolué. Après tout, un pacemaker n'était pas un morceau de chair...c'était une pièce informatique, contenant un code...qu'on pouvait cracker...

Le téléphone d'Iris sonna dans la poche de sa blouse. C'était Easton. Elle prit l'appel et se refugia dans l'une des chambres de garde de l'hôpital.

— Je savais que tu ne pourrais pas te passer de moi pendant plus d'une heure, sarcasma-t-elle.

— Ne t'y méprends pas, soupira le chef, dis-moi comment avance la mission.

— Bientôt accomplie. Il me faut juste trouver comment entrer dans la salle informatique. J'ai enquêté, et je sais désormais que je peux accéder au pacemaker de Warren Eastwood via l'un des ordinateurs de service.

— Du piratage ? Sérieusement, c'est possible ?

— Un pacemaker est un boitier informatique, je te signale. Il émet et reçoit des signaux. Alors oui, c'est possible. Du moins, dès que j'accèderai à la salle informatique. De là, j'aurai littéralement son cœur entre les mains. Décharge mortelle, infarctus, le choix est vaste pour le tuer...et le tout sans soulever aucun soupçon.

«Il me faudra juste être à une certaine proximité de lui, afin de brouiller les signaux. Donc je devrai agir, avant qu'il ne quitte l'hôpital. Je sens que je vais bien m'amuser, sur ce coup-ci. Dès que j'accède à la salle d'informatique, le tour est joué...

« Le seul problème, c'est que seuls les temps plein ont l'accès à cette pièce. Je vais donc devoir me débrouiller à obtenir l'une des cartes magnétiques qui débloque la porte. Et sans même l'avoir approché, je tuerai ton frère. Je t'ai dit que je suis douée !»

LES CHIRURGIENS DE DIEU tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant