PARTIE II : DEUXIEME INFILTRATION - CHAPITRE 25 (1)

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— Ta toute première mission.

Iris leva son regard velouté sur Easton, avant de le reporter immédiatement sur le petit robot qui faisait des mouvements rapides sur l'aéroglisseur devant elle.

— Je ne considère pas réellement ça comme une mission, siffla-t-elle en notant quelque chose dans son carnet. Tuer un homme au cœur aussi fragile que du verre, c'est d'un ennui !

Ils étaient dans le laboratoire de l'Agence, ce même laboratoire qui avait été témoin de leur premier baiser, il y a un mois. Depuis lors, les choses avaient changé à l'ACD. Le talent d'Iris Danvier n'avait pas cessé de croitre, attirant de plus en plus l'admiration du nouveau chef.

— J'ai connu quelqu'une qui parlait comme toi, et qui aujourd'hui s'est tue à jamais...

— Ne me compare pas à ce lézard, s'indigna la brune, moi je suis un dragon. Je suis l'avenir du darkside de la chirurgie.

— Ton mentor ne tarit pas d'éloges à ton sujet non plus. Utiliser la technologie au service du crime médical, ce n'est pas ce qu'il y a de plus commun ici.

— Le docteur Elena McFarland est certes douée, mais je rêvais de mieux. Je croyais qu'avec elle j'en saurais plus sur le fonctionnement du cerveau et comment le reprogrammer, mais l'apprentissage avec elle est si lent.

«Enfin, comment puis-je reprogrammer un cerveau, si je n'ai pas encore tous les outils nécessaires pour comprendre cet organe ?»

Easton ne répondit pas directement. Il se contentait, malgré lui peut-être, de déshabiller du regard la jeune femme assise devant lui, et concentrée à effectuer des branchements électriques.

Plus le temps passait et plus il avait du mal à contrôler ses pulsions vis-à-vis d'elle. Il y avait ce petit jeu entre eux, cette légère tension sexuelle inavouable mais toutefois présente.

Ses longs cheveux noirs de jais qu'une brise (même furtive) pouvait effleurer. Ses lèvres, fines, rosées comme un radis bien mûr. Elle avait un regard qui pétillait, et une éloquence à nulle autre pareille. Elle se prenait pour une déesse de la médecine, mais c'était une déesse tout court.

— J'ai tout arrangé pour ton insertion. Mon frère sera à l'hôpital demain pour une visite de routine concernant son pacemaker. Avec tout ce qui s'est passé, son rendez-vous a été fixé dans le plus grand des secrets pour éviter un désagrément quelconque. Mais désagrément, il y aura...

— Combien de temps, son rendez-vous ? demanda Iris sans quitter des yeux l'aéroglisseur.

— Quelques heures, tout au plus. Tu auras droit à un seul coup. Pas deux.

— Pas besoin de deux, rétorqua l'adolescente en rangeant le reste de fils électriques. Puis elle se débarrassa de sa blouse blanche.

Easton suivit chacun de ses mouvements avec beaucoup d'intérêt. Elle était gracieuse. Comment, à un si jeune âge, pouvait-on se targuer d'avoir le charme de l'expérience ?

— Tu entreras à l'hôpital en tant qu'externe. Iris Danvier, dix-neuf ans, tu as fait toutes tes études à John Hopkins.

— Pourquoi pas à Harvard ? s'indigna la concernée. Si j'avais été à Harvard, j'aurais décroché mon diplôme les doigts dans le nez.

— Ça aurait attiré trop de suspicion. Pourquoi une diplômée de Harvard déménagerait subitement à Londres ? Même si mon frère semble avoir repris le cours de sa vie, le MI5 ne le lâche pas. Ils savent qu'il est la seule piste susceptible de conduire à l'Agence. À toi de faire en sorte que ça n'arrive pas.

Il finit sa phrase en réalisant à quel point elle s'était rapprochée de lui. Sa courte robe blanche laissait apparaître ses fines jambes, et ses bras parfaits étaient décorés d'une dizaine de fins bracelets dorés. Iris avait tout ce qu'il y avait de dangereux chez une femme : la beauté de son jeune âge, l'intelligence de toute l'Agence, et une force physique à peine croyable.

Elle arriva au-dessus du siège où Easton s'était établi, et se pencha au-dessus de lui.

— Tu devrais aller te préparer pour ta mission, marmonna le chef, en humant malgré lui le doux parfum de lait d'amande que portait la jeune fille.

— Tu as raison, sourit-elle en mordillant le lobe de son oreille. Je vais aller arranger mes affaires.

Elle se redressa et Easton se sentit comme mourir de l'intérieur. Il voulut dire quelque chose, mais sa langue resta collée de sécheresse. Il déglutit péniblement.

— Iris, l'appela-t-il avant qu'elle ne disparaisse par la porte. Elle se retourna vers lui. Fais attention...à toi...

Elle gloussa.

— Je sais me défendre, assura-t-elle. Tu veux que demain ton frère soit mort ? Demain ton frère sera mort...

***

— Et en gros, il nous faut empêcher cela.

Yan hocha la tête, toujours peu convaincu. Il ne comprenait pas la décision d'Allison de revenir à Londres, alors qu'elle avait failli y perdre la vie un mois plus tôt. Était-elle, par un malheureux hasard, suicidaire ?

Tout le monde les croyait mort : l'Agence, la police, les renseignements. Ils pouvaient disparaitre sans laisser de traces. Une aubaine pareille ne s'était jamais présentée à un membre compromis de l'Agence. Peut-être ne réalisait-elle pas la chance qu'elle avait d'être encore en vie...

— On aurait pu disparaître, soupira le châtain. Le Mexique, les Maldives, partout ! On aurait pu disparaître, putain. On se jette dans la gueule du loup en revenant ici.

— Ils vont le tuer, Yan.

— Comme ils ont essayé de nous tuer !

LES CHIRURGIENS DE DIEU tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant