LES CHIRURGIENS DE DIEU tome 1

CHAPITRE 18 (2)

— Encore merci pour tout, réitéra Allison lorsque la chinoise lui tendit un tricot noir avec des broderies dorées en chinois.

— Va te reposer, l'exhorta-t-elle en étalant une couverture sur le blessé. La chambre d'amis est prête.

Allison voulut accepter, mais dévisagea Yan avec préoccupation, se demandant si elle pouvait le laisser dans cet état.

— Ne t'inquiète pas, je reste là. Il ne lui arrivera rien...

— Bien...je te souhaite alors une...bonne nuit...

La chirurgienne se leva et dépassa Mei en direction de la chambre au fond du couloir sombre. Mais alors qu'elle n'avait traversé que la moitié du corridor, un cadre accroché au mur attira son attention. En plissant des yeux, elle remarqua que c'était un diplôme appartenant à Mei Xiang. Le diplôme de...

L'école de police ?

Allison sentit sa poitrine se contracter douloureusement. Elle hasarda un regard vers Mei, au chevet de Yan. La cardio-chirurgienne réalisa qu'ils s'étaient fait piéger. Mei Xiang n'était pas médecin, mais flic.

Un flic infiltré...

Et que pouvait chercher un flic à l'hôpital, si ce n'était pour les piéger, eux ?

Il y avait une sorte de canne chinoise décorative perchée au mur près du diplôme encadré. Allison s'en empara. C'était un long et lourd bâton de bronze supplanté d'un pommeau en forme de tête de dragon.

Armée, elle s'approcha de Mei. Le tapis étouffait le son de ses pas. De dos, la chinoise ne pouvait la voir. Allison comptait bien en profiter. Elle détestait se faire trahir.

L'adrénaline coulait dans ses veines. Enserrées sur la canne, ses mains tremblaient. Lorsqu'elle arriva à la hauteur de son adversaire, elle souleva l'arme et l'assomma violemment avec. Mei tomba en masse lourde sur le tapis, inconsciente.

Allison s'empressa de réveiller Yan et de lui exposer la situation. Pendant un instant, ce dernier peina à la croire. Il avait du mal à entendre ce que racontait sa recrue.

— Que...que fais-tu ? demanda-t-il en remarquant Mei étalée sur le tapis.

— Putain, Yan ! Il faut qu'on se casse d'ici au plus vite, la police sera là d'un instant à...

Elle n'avait pas encore terminé sa phrase, que le bruit caractéristique des sirènes la stoppa net. Elle fonça vers la fenêtre et hasarda un regard à travers les rideaux incarnats. Quatre voitures de police venaient de se garer devant la maisonnée.

Leurs gyrophares rouges et bleus avaient illuminé toute la ruelle et le carrefour adjacent à Epping New Road, et clignotaient jusque dans la maison. En un temps chrono, Yan avait retrouvé l'entièreté de ses esprits.

— Je pense qu'il y a une porte arrière, souffla Allison en s'emparant du matériel médical. Suis-moi.

De sa démarche claudicante, il fonça derrière elle vers la seconde porte. On entendit quelqu'un hurler quelques paroles dans un mégaphone. Mais les deux chirurgiens étaient bien trop terrifiés pour entendre autre chose que les battements de leurs cœurs.

Allison posa la main sur la poignée dorée, et tourna dans un sens puis dans l'autre. Un déclic résonna, à son plus grand soulagement. Aussi vite qu'ils purent, ils piquèrent un sprint vers un talus d'arbustes à une centaine de mètres de la demeure. La blessure de Yan le ralentissait considérablement...

— Arrêtez-vous ! hurla un policier qui venait de surgir loin derrière eux.

— Ne t'arrête pas, cria le blessé en essayant d'augmenter sa foulée. La douleur était inimaginable.

— Arrêtez-vous, ou je tire ! avertit le policier, bientôt rejoint d'un autre.

Allison continua de courir sans regarder derrière elle. Il était hors de question qu'elle se fasse choper. Plus qu'une cinquantaine de mètres, pour disparaitre dans la forêt noire.

— Ne t'arrête pas, Allison !

Un coup de fusil ponctua la phrase du châtain. Le sang de la jeune femme se glaça dans sa poitrine. Un autre coup partit. À chaque fois, elle avait l'impression que la déflagration naissait dans son âme...elle ne savait pas s'ils pourraient atteindre le talus qui leur permettrait de s'échapper, tous les deux...

Elle voulait tant y croire, mais elle n'en était plus si sûre...il semblait ne plus avoir aucune issue...