Elle allait ressaisir sa chance dès que l'occasion se présenterait ?Putain ! Depuis quand elle en était à ressaisir sa chance, d'abord ?
Elle était Allison Mortensen. Personne n'était aussi doué qu'elle. Pas même cette Margaux Chabbat, pestiférée !
Elle n'échouait jamais. Jamais ! C'était impossible. Tout le monde pouvait échouer, mais pas elle.
Malgré la rage qui l'animait, la jeune femme demeurait stoïque. Assise dans son canapé gris, les jambes croisées, un verre de vin rouge en main.
Les haut-parleurs de son plafonnier diffusaient une douce musique au rythme sensuel. Elle leva le regard vers le jeune strip-teaseur qui dansait devant elle depuis bientôt un quart d'heure. Elle s'était loué l'un de ces prostitués pour la nuit. Allison avait cru au départ que ce mec pourrait l'apaiser, détourner ses pensées de Warren. Mais force était de constater qu'elle s'était trompée.
Dépitée, elle avala le reste de son verre. La jeune docteure voyait déjà rouge. Lascivement, le danseur roux continuait de se frotter contre les cuisses de la chirurgienne. Les deux étaient presque nus.
Allison avait une culotte et un soutien-gorge noir, tandis que le strip-teaseur n'avait plus que son bermuda, déformé de désir. Il posa ses lèvres sur celles de la jeune femme, ils s'embrassèrent et se caressèrent, laissant la musique les envelopper comme un châle endiablé.
Il dégrafa son soutien-gorge et la débarrassa de sa culotte, avant de la baiser avidement et sans retenue.
Perforation du myocarde. Épanchement péricardique. Quelle idée de génie ! Elle n'aurait pas pu trouver mieux. Et pourtant, elle avait elle-même tout foutu en l'air. Stupide qu'elle était ! Même Dieu s'était rangé à ses côtés. Souffrir d'insuffisance coronarienne et voir son artère coronaire déchirée, comment pouvait-on survivre à ça ?
C'était par définition impossible. C'est elle qui avait rendu cela possible ! Et là, elle était en colère. Terriblement en colère.
Il y eut un hurlement. Puis un bruit de bouteille brisée. Le temps qu'elle revienne à elle, le prostitué était étendu sur le sol, sa tempe ouverte par un tesson de bouteille et son sang tâchant le carreau blanc. Mais cela ne suffit pas à arrêter Allison. Elle fonça à la cuisine et s'empara d'un hachoir parfaitement limé, avec lequel elle ouvrit en deux l'abdomen de l'inconnu.
Elle était dans un état extrême de folie. La violence de ses gestes était inouïe. Elle plongea ses mains dans le ventre du roux et tracta les boyaux de ce dernier hors de son corps. Intestins, estomac, tout y passa. Le temps qu'elle s'en rende compte, son salon était devenu une scène d'horreur.
La jeune femme s'esclaffa d'une façon tout à fait sauvageonne, nue comme une bête à califourchon sur le cadavre tailladé. Force était de réaliser qu'elle n'avait rien perdu de son talent de tuer. Et demain, elle le prouverait à toute l'Agence, en tuant de la même façon Warren Eastwood. Et ensuite, il serait enfin sienne.
***
Lorsqu'environ deux heures plus tard Yan McFarland arriva à l'Agence, c'était toujours la cohue totale. Il se fraya un chemin à travers la masse d'étudiants affolés qui venaient de terminer les cours, emprunta les marches, et fonça à travers les allées en galléries de termites où clignotaient des gyrophares rouges incrustés dans le grès. Il fallait qu'il atteigne la villa du chef à la surface.
Il n'y a que lui qui aurait pu lui expliquer ce qui se passait. Yan emprunta un dédale de corridors circulaires, enjambant les escaliers deux à deux. Il se retrouva à un endroit désolé de l'Agence, avec des salles vides et des couloirs désertés. Là, le sifflement de l'alarme n'était plus qu'un lointain bruit.
Le châtain grimpa des escaliers en colimaçon et se retrouva avec une trappe close au-dessus de sa tête. Il entra un code, et débloqua l'entrée qui menait à l'antre de Nelson Bonaparte. Il surgit dans le bureau personnel du chef.
Là, tout semblait normal. La pièce était rangée, contrairement au désordre à l'extérieur. Yan avança et appela le chef. Il ne reçut aucune réponse. Il contourna une bibliothèque aux vieux ouvrages, puis se faufila entre deux sofas vintage beige fleuris.
Son attention fut attirée par un filet d'eau qui ruisselait dans sa direction sur le carrelage caramel. Il remonta le cours et remarqua des débris de verre brisé. Juste à côté, il aperçut une main inerte. Un souffle froid parcourut son échine. Il fonça vers Nelson, affalé à même le sol, et tâta immédiatement son pouls. Faible, mais pas inexistant. Il essaya de réveiller le chef en l'appelant à nouveau, mais c'était peine perdu.
Après avoir in extremis appuyé sur le bouton d'urgence, Nelson avait finalement perdu connaissance. Yan se précipita vers l'armoire à médicaments dans le bunker de Nelson et s'empara d'un flacon d'adrénaline. Il l'administra à son supérieur avec un massage cardiaque à l'appui.
Il s'empara également d'un respirateur artificiel et coinça le masque sur le visage endormi du vieillard. Peu de temps après, ce dernier s'extirpa de sa torpeur en une grande inspiration. Il cligna plusieurs fois des yeux, l'air de se demander où il était. Yan soupira de soulagement en s'appuyant sur ses genoux.
— Docteur McFarland...
— Vous avez fait un malaise, expliqua-t-il en s'essuyant le front, épuisé par le contre-la-montre qu'il venait d'accomplir.
Nelson n'attendit même pas la fin de la phrase de Yan, que déjà il s'était enfoncé deux doigts dans la gorge. Il les ressortit en même temps qu'un jet de vomis.
— Qu'est-ce que vous faites ? s'inquiéta le châtain.
Pour toute réponse, le chef s'empara d'une bouteille sur la table et la tendit au cardiochirurgien d'un air grave.
— Faites analyser cette eau, ordonna-t-il. Je crains qu'on ait essayé de m'empoisonner.
Qui aurait pu faireça ? D'où vient cette bouteille ?
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LES CHIRURGIENS DE DIEU tome 1
Misteri / ThrillerAllison Mortensen fait partie de l'Agence des Chirurgiens de Dieu, une organisation criminelle formant secrètement des chirurgiens à l'art de tuer. Quand la jeune femme reçoit sa toute première mission à Londres, elle ne se doute pas de ce qui l'att...