CHAPITRE 34 (2)

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Yan se demanda pendant un court instant si c'est lui qu'elle venait accoster, mais il chassa très vite cette idée de sa tête. Elle ne savait même pas qui il était. Elle le croyait mort.

Et ce n'était pas plus mal, vraiment pas plus mal !

Elle continuait de s'approcher. De temps à autres, Yan la perdait de vue à cause des passants qui allaient en contre-sens et l'ombrageaient. Il songea d'abord à se baisser pour qu'elle ne l'aperçoive pas.

Mais il se souvint que la veille, elle ne l'avait même pas regardé quand elle examinait son faux permis. Il y avait peu, voire aucune chance qu'elle le remarque comme le gars de la veille. Ni comme Yan McFarland...

Et ce n'était pas plus mal...vraiment pas plus mal...

Il conçut qu'elle venait vraiment en sa direction lorsqu'elle s'arrêta au niveau du véhicule et toqua à la vitre de sa fenêtre. Il faillit faire un infarctus. Son souffle s'arrêta et son cœur manqua de peu un battement. Il baissa la vitre, et la musique contenue dans le véhicule s'échappa vers l'extérieur.

— Bonjour, monsieur. Puis-je avoir vos papiers, s'il vous plaît ?

Encore ?

— Si senora, si ! Bueno, répondit-il, mais avec moins d'assurance que la veille.

Il tendit ses documents à la brune ; et alors qu'elle les examinait plus en profondeur, c'est elle que lui examinait. Son cœur battait la chamade, elle était tellement sublime. Ses yeux bridés, ses légères taches de rousseur comme un voile sur son visage, ses lèvres charnues...tout en elle était parfait.

Yan ne sut pourquoi, toutefois il remarqua encore cette latente tristesse sur le visage de sa bien-aimée. Ce n'était pas flagrant, mais pas inexistant non plus. Elle était malheureuse, et il ne savait pas pourquoi. Elle semblait pourtant avoir gagné le gros lot, avec son nouveau mec plein aux as. Mais il lui manquait quelque chose, la lueur vivace qui jadis illuminait son regard.

— Vous étiez ici hier, non ? lui demanda-t-elle au bout d'un moment, en lui rendant les papiers. Vous étiez garé un peu plus devant, de l'autre côté de la rue ; juste après ce passage piéton là, n'est-ce pas ?

Eh merde.

— Si ! brailla-t-il. Mi amiga, c'est à cause d'elle. Elle doit récupérer des résultats d'examen. Nous voyageons à Mexico esta noche, expliqua-t-il en sentant des filets de sueur rouler sur son échine.

— Bien, soupira Mei, vos documents m'ont l'air conformes.

— Ciertamente ! s'exclama-t-il. Je suis un honnête hombre.

— Je n'en doute pas, affirma la brune, vous pourriez donc m'expliquer ce que vous faisiez devant ma maison hier soir.

***

Iris était dégoutée de ne pas pouvoir rentrer sur Paris. Easton refusait de permettre son extraction d'urgence. Elle était bloquée au Widburton, obligée de continuer d'endosser son rôle d'externe. Il avait refusé de prendre ses appels toute la nuit. Il la punissait de son échec ! Bien sûr, et après c'était elle l'immature ! Elle rouspéta en silence.

— Ça va ? demanda Tim alors qu'ils avaient déjà l'hôpital en vue. Tu n'as rien dit sur le trajet, j'espère que je ne t'ai pas fâché à un mom...

— Non, soupira-t-elle, ne t'inquiète pas.

Ils passèrent près de la voiture de Yan. Mais étant trop accaparé par ce que ce dernier allait dire à Mei, les deux agents de l'ACD ne se virent pas.

— Tu penses trop, c'est ça ton problème, expliqua Tim. Tu devrais essayer de te canaliser.

— Je me canalise déjà très bien avec la chirurgie, riposta l'adolescente.

— La chirurgie ? s'étonna Tim. Nous sommes externes, nous n'avons même pas encore choisi de spécialité.

Oups...

Iris Danvier se rendit compte de sa bourde et dévia immédiatement le sujet sur le beau temps qu'il faisait. C'est vrai, ici elle n'était plus qu'une vulgaire externe de médecine, elle n'était même pas encore censée savoir réaliser correctement une injection. Elle devait faire semblant d'être une empotée, alors qu'elle était probablement la plus jeune chirurgienne du monde entier.

Ils esquivèrent un groupe de skateurs qui roulaient à vive allure, puis traversèrent un oiseau mort qui gisait au milieu du trottoir. Bientôt, ils arrivèrent devant le hall de l'hôpital, au même moment où un fauteuil roulant en sortait, avec une blonde assise dessus. Lorsqu'Iris vit qui poussait la chaise sur roues, elle en perdit presque son latin.

— Ce n'est pas Warren Eastwood, là ? demanda-t-elle à son collègue, alors que le métis s'éloignait en direction du parc de l'hôpital avec la femme handicapée.

— Si, répondit Tim. Qu'est-ce qu'il fait encore là ? Nous avons bien signé son autorisation de sortie hier.

Iris s'en foutait, de ce qu'il faisait encore là. L'essentiel, c'était qu'il était encore là.

Le destin lui offrait une seconde chance de faire ses preuves. Et là, elle n'allait pas se louper. Il fallait déjà qu'elle commence par retrouver l'urologue Griffin, il avait un porte-carte qui l'intéressait particulièrement...

LES CHIRURGIENS DE DIEU tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant