CHAPITRE 40 (2)

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Par instinct, Warren se positionna devant Allison pour la protéger. Il ne sut pas pourquoi il fit cela, c'était comme si un esprit avait pris possession de son corps.

— Docteur Winfrey, susurra-t-il en essayant de la calmer.

— Poussez-vous de là, monsieur Eastwood.

— Il n'en est pas question.

— POUSSEZ-VOUS ! beugla Geffrah en les menaçant de son arme à feu.

— Du calme...on n'est pas obligés d'en arriver là.

— Vous vous rendez compte que vous protégez une criminelle ? questionna la vieille dame sur un ton hagard. Elle a été engagée pour vous tuer, nom de Dieu !

— Et elle m'a à de maintes reprises sauvé la vie, l'interrompit le métis. Vous le savez, sans elle je serais depuis longtemps mort. Vous ne pouvez pas lui faire du mal. Je ne vous laisserai pas faire, déclara-t-il enfin, sur un ton assuré.

Il agissait littéralement comme un bouclier humain pour la protéger. Il se serait pris toutes les balles du chargeur juste pour qu'elle ne soit pas blessée... cette constatation frappa Allison en plein cœur.

Elle réalisa alors que peut-être, juste peut-être, ils étaient au bout du compte faits du même moule ; ils étaient du genre à pouvoir tout sacrifier et se sacrifier pour sauver ceux qu'ils aiment...aimer et se sentir aimé, ça existait bel et bien, au bout du compte.

— Écoutez-moi, renchérit Warren en faisant un pas dans la direction de son assaillante. Tout le monde mérite une seconde chance dans la vie ; du simple écolier tricheur au plus grand criminel du monde, tout le monde mérite une seconde chance. S'il vous plaît, baissez votre arme.

«Si elle m'avait voulu morte, je vous assure que je l'aurais été il y a des lustres. Le docteur Mortensen est douée, elle sait arriver à ses fins. Elle n'est pas du genre à échouer, vous le savez tout autant que je le sais. Ce n'est pas moi, un simple fleuriste, qui lui aurait mis des bâtons dans les roues...au fond, c'est une bonne personne. Vous le savez, je le sais, c'est une chirurgienne. S'il vous plaît, elle mérite une seconde chance...»

Bien sûr que c'était faux ! Allison le savait en son for intérieur. Elle ne méritait aucune seconde chance. Elle s'évertuait à le lui dire. Elle était une pourrie jusqu'à la moelle, une putain de pestiférée. Les secondes chances n'avaient assurément pas été créées pour des gens comme elle.

— Pour devenir chirurgien, opina Geffrah, on...on prête serment, monsieur Eastwood ! Vous n'en savez rien, mais on prête serment. Ce serment, c'est lui qui commence notre vie de chirurgien, et qui l'accompagne jusqu'à ce qu'elle prenne fin.

« Au moment d'être admise à exercer la médecine, je promets et je jure d'être fidèle aux lois de l'honneur et de la probité. Mon premier souci sera...de rétablir, de préserver ou de promouvoir la santé dans tous ses éléments, physiques, mentaux, individuels et sociaux. Je respecterai toutes les personnes, leur autonomie et leur volonté, sans aucune discrimination selon leur état ou leurs convictions.

«J'interviendrai...pour les protéger si elles sont affaiblies, vulnérables ou...menacées dans leur intégrité ou leur dignité. Même sous la contrainte, je ne ferai jamais usage de mes connaissances contre...CONTRE LES LOIS DE L'HUMANITÉ !»

— Docteur Winfrey, je...

— « JE ne tromperai jamais leur confiance et n'exploiterai pas le pouvoir hérité des circonstances pour forcer les consciences...je donnerai mes soins à l'indigent et à quiconque me les demandera. Je ne me laisserai pas influencer par...la soif du gain ou la recherche de la gloire », putain !

— Baissez votre arme, implora Warren, alors que la cheffe continuait de réciter mot pour mot le serment de l'ordre des médecins.

— « ...Que les hommes et mes confrères m'accordent leur estime si je suis fidèle à mes promesses ; que je sois déshonorée et méprisée si j'y manque »...elle ne mérite pas de porter le titre de chirurgienne, s'écria Geffrah. Elle a failli à chacune de ces promesses, une après l'autre. Quel genre de seconde chance voulez-vous qu'il lui soit octroyé ? Poussez-vous, sinon on comptera deux morts plutôt qu'un.

Elle ne plaisantait pas, c'était le moins qu'on puisse dire. Mais Warren également était d'une détermination à toute épreuve. Il ne broncha pas, prêt à se prendre toutes les balles pour protéger cette femme. Pourquoi ? Il n'aurait pu se l'expliquer. Il savait que tout ça risquait de mal finir. Mais en avait-il seulement quelque chose à foutre ?

LES CHIRURGIENS DE DIEU tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant