EPILOGUE (2)

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***

Il était temps.

Allison ferma l'ordinateur d'un coup sec et se leva. Elle sortit de la maison et ses pieds entrèrent en contact avec le sable chaud. Devant elle, s'étendait à perte de vue l'océan céruléen, animé de vagues dont les roucoulements seuls troublaient le silence de cette chaude journée tranquille.

Elle ferma les yeux et laissa le vent des tropiques caresser son visage et sa chevelure. Elle continua d'avancer, jusqu'à ce que le sable devienne humide sous sa plante de pied. Une vague fraîche arriva jusqu'à elle. Tout était calme, on entendait les mouettes piailler en s'amusant sur la plage. Un groupe de hérons faisait la sieste à l'ombre d'un immense palmier, se réveillant de temps à autre pour vérifier qu'aucun prédateur n'était sur le point de leur bondir dessus.

Allison, uniquement vêtue d'un t-shirt blanc, se fondit dans l'eau et commença à se baigner. Au loin, sa nouvelle maison de bois ressemblait à une case sous les hauts cocotiers au pied du massif rocheux qui longeait la côte. De ce côté du globe, l'eau était d'une douceur à nulle autre pareille.

Au bout d'un moment, une silhouette se dessina dans l'entrebâillement de la porte. Allison sortit de l'eau, toute trempée, et s'avança vers la maison. Sa chevelure bleue lui collait sur la peau, et son t-shirt mouillé ne cachait plus grand-chose. Elle prit la serviette qu'il lui tendait, et sourit.

— Des nouvelles de Mei ? demanda-t-elle.

— Aucune évolution, répliqua Yan. Ma mère s'occupe d'elle et essaie de comprendre pourquoi elle ne s'est toujours pas réveillée. Ça n'a aucun sens ! Elle était censée se réveiller une fois l'hypothermie régulée.

— On n'en sait rien, Yan.

— Ma mère lui a fait un bolus de Dextro cinquante, en espérant que les résultats soient probants. Je devrais peut-être prendre un vol pour l'Ecosse...

— Ça tombe bien, moi aussi j'ai un vol à prendre, sifflota Allison en se séchant les cheveux. Figure-toi que j'ai retrouvé la trace de Salomé Mortensen...ma mère...il y a peu, elle s'est installée avec mon père à Amsterdam.

— Allison je croyais que tout ça était derrière nous...tu as promis à Warren que...

— Je sais ce que j'ai promis à Warren. Mais cette femme a tué mon enfant. Et son mari m'a violé pendant de longues années jusqu'à me foutre en cloque. Si je veux vraiment trouver la paix et crois-moi je le veux vraiment, il me faut éradiquer ces espèces de la surface de la Terre. Après et seulement après, tout ça sera derrière nous.

— Alli, tu ne peux p...

Le téléphone sonna et coupa la phrase de Yan. Allison s'empara de l'appareil. C'était un numéro masqué. Elle prit l'appel, le cœur battant à tout rompre.

— Allô ?

— Allison, c'est toi ?

Une vague électrique parcourut son corps humide, elle faillit flancher en reconnaissant la voix de Warren. Un soupir silencieux s'échappa de sa gorge, alors qu'elle resserrait son emprise sur le téléphone noir.

— Warren...

— Oh ma belle, tu m'as tellement manqué. J'ai réussi à me procurer un téléphone prépayé. Mais on n'a pas beaucoup de temps, sinon ils pourraient réussir à tracer l'appel. Je tenais juste à te dire que je t'aime, et je serai bientôt là. J'ai laissé la pépinière à Easton. Dans dix jours exactement, je serai à Phuket... avec toi...

Il raccrocha ensuite, puis continua de ranger ses affaires dans son sac. Il n'avait pas grand-chose à emporter, de toute façon. Kate passerait après lui pour récupérer le reste de ses effets, elle y tenait. Il était encore en train de fermer son sac de voyage, quand soudain une vive douleur le tenailla au thorax.

Il s'effondra sur son lit, saisi par l'intensité du mal qui venait de s'accaparer de lui. Il essaya de s'emparer de son téléphone, mais n'y arriva pas. C'était une crise cardiaque. La douleur était fulgurante. Les yeux exorbités, il se laissa choir sur le matelas, sentant toute force l'abandonner.

Au bout du compte, la stratégie d'Iris Danvier avait fonctionné. Le pacemaker piraté s'était bel et bien arrêté. Si personne ne venait rapidement, le cœur du jeune homme ne tarderait pas à suivre. Et ça, Allison Mortensen l'ignorait, trop obnubilée par la vengeance qu'elle mettait sur pied.

Au bout du compte, même quand tout allait bien, tout allait mal. La mort n'était jamais bien loin, quand bien même elle semblait vaincue. Toujours, le mal revenait au galop. La suite des choses leur promettait bien des surprises. Des surprises auxquelles aucun d'eux n'était prêt à faire face...

À suivre...

LES CHIRURGIENS DE DIEU tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant