CHAPITRE 32 (1)

6 1 0
                                    


— Putain ! hurla Yan au téléphone. Tu m'as laissé sans réponses pendant neuf heures, Alli ! J'ai failli me mettre à paniquer, là !

— Je sais, soupira cette dernière en sortant de sa torpeur, disons que j'étais...un peu occupée.

Pendant un instant, le réseau se déstabilisa. Allison regarda autour d'elle, puis fixa l'horloge au-dessus de la porte. Il se faisait déjà tard, elle n'imaginait pas avoir dormie aussi longtemps. En même temps, qu'elle se réveille était déjà un miracle, après ce qui lui était arrivé au bloc.

Elle avait bien failli crever, à cause de cette pestiférée de Margaux Chabbat ! Mais le pire, c'était qu'elle ne savait pas si Warren était sain et sauf. Ils avaient été séparés avant qu'elle ne s'en rassure personnellement. Son lit était vide, alors elle ne pouvait que prier qu'il soit rentré chez lui.

— J'espère que Warren Eastwood est enfin sorti de l'hôpital, pour qu'on puisse se tirer loin d'ici. C'est pas que je me plains, mais rester toute la journée dans cette voiture n'est pas de tout plaisir.

— Justement, siffla la fausse blonde, c'est de ça dont je voulais te parler. Warren Eastwood est sorti, oui. Mais moi, je ne peux pas. Pour tout te dire, je n'arrive même pas à marcher.

Elle lui avoua pour la réapparition de sa femme, et sa tentative de meurtre bien ficelée. Yan était en état de choc. Margaux avait réapparu à la surface de la terre. Ça faisait tellement longtemps qu'il ne l'avait plus revu.

Ils s'étaient quittés en queue de poisson, après avoir remplacé leur amour fusionnel par de la haine fraîche. Elle voulait récupérer sa place à l'Agence, et serait prête à tout pour ça, quitte à les tuer tous les deux.

— Tu dis qu'elle travaille maintenant au Widburton ?

— Yan, je n'ai pas de cheveu sur la langue, que je sache ! Et quand est-ce que tu comptais m'en parler, de ta femme ? Tu sais, Margaux Chabbat, la recrue la plus douée que l'Agence ait connue ?

— Mais depuis notre dernier passage dans cet hôpital, ils n'ont plus fait d'embauche que je sache.

— Elle a été prise directement après notre départ, pour qu'il y ait au moins un cardiochirurgien ici, expliqua Allison.

— Ecoute, si c'est vrai que Margaux est avec toi là-bas, tu dois faire attention à toi, Alli. Je connais cette femme, et...

— Ouais, bien sûr que tu la connais ! C'est ta femme. Elle m'a déchiqueté la fémorale, Yan !

— Non, se corrigea le mentor, ce que je veux dire c'est qu'elle ne lâchera jamais l'affaire jusqu'à te voir morte. Et crois-moi, elle est dangereuse...plus que qui que ce soit.

— Ma fémorale, Yan !

— Laisse tomber la fémorale. C'est après ta vie qu'elle en a...

Et Yan n'avait pas tort. Ces deux femmes avaient assez de puissance à elles seules pour carrément faire exploser Londres durant la nuit. Il ne se souvenait que trop bien de ce qui s'était passé il y a dix-sept ans, à la Nouvelle-Orléans. Bien des vies avaient été chamboulées, y compris la sienne. Il fallait qu'il trouve un moyen d'agir, d'empêcher Margaux de nuire à nouveau.

À peine s'était-il fait cette promesse, qu'il l'aperçut...

Mei.

Il tourna la tête juste à temps pour la voir filer au volant de son véhicule. Elle avait fini sa journée et était probablement en train de rentrer chez elle. Le chirurgien se souvenait que la chinoise devait vivre de ce côté-là. Vers Epping New Road.

Il coupa court avec Allison, mit les clés dans le contact et démarra sa berline noire. Il voulait juste se rassurer qu'elle allait bien...il s'occuperait de Margaux plus tard...

***

Lorsqu'elle raccrocha, Allison se sentit terriblement seule dans sa chambre vide. Elle avait tout oublié de son rêve, tout ce qui lui habitait l'esprit maintenant c'était cette pestiférée de Margaux Chabbat. Elle ne voulait pas se l'avouer, mais la rousse lui faisait peur.

Elle avait presque réussi à la tuer aujourd'hui au bloc, en présence de plusieurs autres spécialistes, de surcroit. Heureusement que cet urgentiste, le docteur Gipsy, était présent. Elle lui devait la vie. Il faut croire qu'il y avait également des chirurgiens doués qui œuvraient pour le bien. Ils étaient peu, mais il en existait, tout du moins.

Pourtant Allison ne comprenait toujours pas. Elle ne comprenait pas comment son adversaire s'y était prise. Cela témoignait bien de toute la puissance de la femme de Yan. Elle était dangereuse. D'un simple regard, elle avait réussi à faire exploser son artère fémorale ! C'était la définition même de ce qu'était une femme dangereuse. 

LES CHIRURGIENS DE DIEU tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant