CHAPITRE 18 (1)

7 1 0
                                    


— Entrez, vite !

Mei Xiang referma la porte lorsque les deux fugitifs se furent engouffrés chez elle. Trainant sa cuisse blessée, Yan se dirigea vers le canapé rouge et s'y étala. Il transpirait à grosses gouttes et respirait difficilement. Plus blême que d'accoutumée, de gros cernes bleus soulignaient son regard fatigué.

La radio diffusait une douce mélodie chinoise dans l'appartement illuminé de sombres lanternes rougeoyantes. Une faible odeur de jasmin avait embelli les lieux.

— Il a perdu beaucoup de sang, informa Allison qui s'était finalement servie du tricot de Yan pour compacter sa plaie.

— Qu'est-ce qui s'est passé ? demanda Mei.

Comme pour répondre à sa question, Yan se retourna et déversa son vomi sur le tapis aux broderies chinoises.

— Il est dyspnéique et en hypotension, dicta Allison. Sévèrement bradycarde, aussi. Il lui faut d'urgence une transfusion.

— Qu'est-ce qui s'est passé ? réitéra Mei.

— Merde, on en parlera plus tard, de ce qui s'est passé ! s'énerva Allison.

— Retire la balle, implora Yan entre deux gémissements de douleur.

Ses cheveux poissaient contre son front, et il était à moitié dans les pommes. Mei lui apporta un verre d'eau pour éviter qu'il ne se déshydrate, avant d'aller chercher son kit de chirurgie. Pendant qu'elle réunissait le matériel, une petite fille surgit dans le salon. Elle semblait un peu perdue, le regard vague et serrant un teddybear blanc entre ses bras.

Elle ressemblait à sa mère en tous points, à la différence de sa couleur de cheveux plutôt noisette. Mei revint au salon avec une boite blanche entre les mains, et se surprit à voir sa fille là.

— Jia-Li ! s'exclama-t-elle.

Après avoir dit quelque chose en mandarin à l'enfant, elle la fit remonter dans sa chambre avant de revenir vers les deux chirurgiens.

Yan poussa un autre soupir guttural et les deux femmes comprirent qu'elles devaient se dépêcher. Mei ouvrit la boite blanche qui contenait entre autre du désinfectant, des compresses hémostatiques et bandages, une seringue à éponge et plusieurs bistouris empaquetés.

En deux temps trois mouvements, la balle fut extraite de la cuisse du châtain alors qu'il hurlait d'agonie. La seringue à éponge servit à arrêter l'hémorragie. Allison soupira de soulagement en essuyant son front. La musique s'arrêta un instant avant de reprendre.

— Merci, soupira-t-elle en fermant les yeux.

— Tu devrais un peu dormir, répliqua Mei Xiang. Je vais préparer la chambre d'amis...attends-moi ici, et...surveille ses constantes. Ne bouge pas, je n'en ai pas pour longtemps...

— Mei, je...je te remercie...

— Je n'en ai pas pour longtemps, reste là...

***

Flashback, un jour plus tôt...

Eloignez-vous du patient Warren Eastwood, vous n'aimeriez pas être la prochaine sur la liste...

Une menace de mort. Il faillit s'évanouir en réalisant qu'Emma courrait un grave danger. Sans réfléchir davantage, il s'empara de son téléphone et lança un appel...

Pendant que le téléphone sonnait, Terrence pensa à comment il allait appâter son interlocutrice qui, il le savait, pouvait se montrer parfois intransigeante.

— Tiens donc, inspecteur Terrence Kruger, siffla-t-elle à l'autre bout du fil. Tu es en retard, ton rapport ne va pas se rédiger tout seul, tu sais ?

— Excuse-moi, Mei...mais l'heure est grave, j'ai besoin d'aide...

Le brun expliqua à sa collègue comment il avait trouvé une menace de mort dans la poche du jean de sa fiancée, et le fait qu'elle le lui avait caché. Il n'omit pas de mentionner son attitude bizarre ce soir-là, et le fait qu'elle était réellement en danger. Il en parla, avec un mélange de peur et de hargne qu'il peina à reconnaitre lui-même.

— Ton histoire me fait très peur, mais que veux-tu que je fasse, Terrence ?

— Tu es l'une de mes plus anciennes amies, répondit-il. Nous avons fait l'école de police ensemble. J'ai besoin que tu m'aides, Mei. Il faut que tu infiltres le Widburton Memorial Hospital de Londres, afin de protéger Emma.

— Quoi ? s'écria-t-elle au téléphone. C'est dangereux, Terrence !

— C'est ma fiancée ! s'indigna le policier. Je suis dingue d'elle, et ça me tue de la savoir en danger. Je ne peux pas moi-même y aller, parce que la tante d'Emma dirige cet hôpital, et Emma y travaille. Je me ferais cramer en deux secondes. Mais toi...tu as des compétences en médecine, et tu sais te défendre. Personne ne connaît notre lien, pas même Emma ; et c'est ce qui fait de toi la seule personne vers qui je peux me tourner.

Mei Xiang soupira bruyamment à l'autre bout du fil, pour exprimer son mécontentement.

— Ce n'est même pas sûr que le procureur soit d'accord avec cette idée.

— Je m'occupe procureur, la convainc-t-il. J'ai juste besoin que tu acceptes de me rendre ce service. Je te le revaudrai, promis...

Mei soupira à nouveau, à court d'excuses.

— Écoute, je ne sais plus quoi dire, marmonna-t-elle. Ok, comme tu veux. Si le procureur est partant, alors je le suis aussi...si jamais quelqu'un est aux trousses de ta fiancée, je le découvrirai, fais-moi confiance. Mais tu me le revaudras, Terrence ! Ce n'est pas pour n'importe qui, que je joue aux agents doubles...

***

— Tout est ok, soupira Mei en revenant au salon où Allison nettoyait le vomi de son mentor.

Ce dernier s'était finalement endormi, surveillé de près. Car Allison savait que même si la quantité de sang qu'il avait perdue n'était pas critique, elle pouvait quand même l'envoyer dans le coma.

Ce que la jeune femme ignorait en revanche, c'était que Mei avait profité de son aparté dans la chambre d'amis pour alerter ses collègues flics ; et qu'une brigade était en route et serait là dans moins de cinq minutes...

LES CHIRURGIENS DE DIEU tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant