CHAPITRE 21 (2)

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Geffrah se tenait devant tous ces journalistes, assaillies de questions, aveuglée par les flashes des caméras, mais stoïque face à la situation.

— Comment expliquez-vous qu'une tueuse ait pu s'infiltrer dans votre hôpital, à votre insu ? demanda un homme en prenant des notes dans son calepin.

— Rien ne laissait penser que le docteur Mortensen soit une meurtrière, répliqua Geffrah. Son dossier était correcte, elle a réussi l'entrevue et semblait être la candidate idéale au poste de cardio. Nous savions qu'il y avait quelqu'un dans cet hôpital qui souhaitait attenter à la vie de Warren Eastwood, mais je n'aurais jamais pensé qu'il s'agissait d'Allison Mortensen.

— Mais certains médecins la décrivaient comme je cite, froide et asociale.

— Nous sommes en chirurgie, siffla la cheffe, l'aide sociale c'est le bâtiment en face. Bien sûr qu'elle était un peu froide. Nous sommes dans une profession où nous tuons presque autant que nous ne sauvons. Avoir du sang-froid est nécessaire pour survivre, quand on est chirurgien. Et asociale ? Je suis désolée mais tout le monde n'est pas doué pour se faire des amis.

— A-t-elle réussi le test psychologique que vous faites passer à vos médecins avant l'embauche ?

— Elle en avait déjà un de valide.

— Pourquoi la défendez-vous ? demanda une rousse dans la foule.

— Des rumeurs prétendent qu'elle avait une relation particulière avec son patient, est-ce vrai ? demanda une autre journaliste.

— Et qu'en est-il des soupçons que vous aviez à propos d'un mercenaire au Widburton ? Pourquoi n'avez-vous pas immédiatement évacué les lieux ?

— Si vous saviez que quelqu'un souhaitait attenter à la vie du patient, pourquoi ne l'avez-vous donc pas transféré ailleurs ?

— Vous pensez qu'Allison Mortensen agissait seule ?

Geffrah fut gagnée de vertiges. C'était comme si on vidait un chargeur sur elle. Elle se prit la tête entre les mains. Les voix de tous ces journalistes voltigeaient autour de sa tête, résonnant dans son crâne et se faisant de plus en plus lointains. Avant qu'elle ne le réalise, elle frappait durement le sol. Puis ce fut le trou noir...

***

— Ce n'est rien, minauda le médecin, juste une petite commotion cérébrale ; fort heureusement, sans hémorragie interne critique. Je vous prescrirai des analgésiques et un mois de repos.

Il rangea sa petite torche et sortit de la chambrette, alors que Terrence s'approchait de Mei Xiang. Cette dernière était étendue sur un lit, une sacoche de glaçons sur la tempe. Sa bosse désenflait lentement mais sûrement, même si de temps à autres elle ressentait sa tête lourde et son cœur palpiter.

— Au moins ma bosse est moins énorme que celle de ta fiancée, opina-t-elle dans une vaine tentative de plaisanterie. Tu sais que tu es un connard ?

— Je plaide coupable, admit l'inspecteur.

— Tu les tenais ! Pourquoi les avoir laissé filer ?

— Tu as raison, souffla Terrence. Je tenais ces deux-là...mais c'est un poisson plus gros que je vise, Mei. Ces deux-là, ils ne sont pas tout seuls.

Comme pour corroborer ses propos, le brun fit jouer une piste audio sur son téléphone. C'était l'enregistrement qu'Emma lui avait envoyé :

«

Je devrai faire mon rapport à Nelson dans quelques minutes, et je crains que « j'en sais rien » ne le satisfasse pas comme réponse.

Il te demandera de me tuer, Yan. De toute façon on en est là, qu'est-ce qu'on fait ? J'aurai toute l'Agence contre moi. »

— Tu vois, elle parle d'une Agence. C'est une organisation sécrète, tu saisis ? En les laissant s'en aller, ils me conduiront tout droit à leur QG. J'ai mis nos agents les plus performants sur leurs pistes. Nous attendons le meilleur moment pour contre-attaquer.

— Je veux en être ! s'écria Mei.

— Tu as entendu le médecin. Tu es de repos. T'inquiète, on les coffrera tous, ces salauds.

Il avait à peine fini de parler, que son téléphone vibra dans sa poche. Il avait reçu un message.

— C'est Trevor ! s'écria-t-il. Ils ont les suspects en vue et sont prêts pour l'embuscade, mais les services secrets viennent de se pointer et risquent de faire foirer l'opération.

Terrence se précipita sur ses effets et remit son téléphone dans sa poche. Ses gestes étaient hâtifs et presque désordonnés.

— Ou se trouvent-ils ? demanda Mei.

— Au vieux clocher sur la route de Riverside, répliqua-t-il en s'emparant à nouveau de son téléphone. Il composa rapidement un numéro et plaqua l'appareil à ses oreilles. Je crois qu'on ne peut plus attendre. Je vais ordonner l'arrestation de ces fils de pute, avant que le MI5 ne fasse tout foirer. Au diable, le reste de l'organisation. Hors de question que ceux-là nous échappent...

LES CHIRURGIENS DE DIEU tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant