CHAPITRE 37 (1)

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— Docteur Griffin ! Docteur Griffin !

Enfin, elle l'avait retrouvé. Iris Danvier accourait vers l'urologue, qui semblait redoubler d'effort pour s'éloigner d'elle. Il ne lui jeta même pas un regard, essayant par tous les moyens d'atteindre l'ascenseur.

Il réussit, fort heureusement. Mais Iris aussi parvint à s'y engouffrer, avant que la porte ne se referme. Alors, ils se retrouvèrent seuls dans cette cage d'un mètre carré et demi qui montait au dernier étage.

— Docteur Griffin, soupira Iris, ça fait une heure que je vous cherche.

— Eh bien, moi je vous évite ! grogna le chirurgien.

— J'espère que ce qui s'est passé hier entre nous, ne...

— Je ne couche ni avec les externes, ni avec les internes. Je suis marié, figurez-vous.

Oh, pour une surprise...

Il avait beau être marié, Iris ne lâchait jamais l'affaire. Elle voulait son porte-cartes, alors elle allait obtenir son porte-cartes. C'est comme cela que ça fonctionnait, elle obtenait toujours tout ce qu'elle voulait. Pas par chance, non. Pour elle, c'était déjà une aberration qu'une femme au vingt-et-unième siècle puisse compter sur la chance pour réussir. Si elle était aujourd'hui une chirurgienne de cette carrure, ça n'avait rien à voir à la chance...

Elle appuya sur le grand bouton rouge, et l'ascenseur s'immobilisa. Puis elle se retourna vers le docteur Griffin.

— Qu'est-ce que vous faites ? demanda-t-il alors qu'elle approchait lentement de lui. Je viens de vous dire que j'étais...je suis marié !

Oui, mais il avait quand même passé la matinée à l'éviter ! Ce n'était pas le comportement de quelqu'un qui espérait que rien ne se passe. Il savait que quelque chose se passerait, et il le craignait. Mais il n'avait pas à craindre, ce ne serait ni douloureux, ni long...et si ça pouvait le rassurer, Iris n'était pas non plus très emballée par ce qu'elle s'apprêtait à faire.

— Vous allez bien ? lui demanda-t-il alors qu'elle éclatait en sanglots. Ça va ?

— J'ai tellement honte, minauda-t-elle en laissant ses larmes couler derrière ses lunettes. Vous devez me prendre pour une...une...

— Non, la vilipenda l'urologue, non je ne vous juge en aucun cas.

— On s'est embrassés, et c'est arrivé à cause de moi. Je ne savais pas que vous étiez marié, je vous le promets. Je vous trouvais tellement séduisant, j'ai...je sais que c'est mal, et je...je suis si confuse, je ne...je suis désolée, docteur Griffin, termina-t-elle en se jetant entre ses bras pour mieux pleurer.

— Eh bien, opina celui-ci, je sais que...je vous comprends. Je suis plutôt un beau mec, et ça m'attire souvent des ennuis.

Iris sentit bientôt l'hilarité se mêler à ses larmes. Elle appuya plus son visage contre l'épaule du médecin pour qu'il ne se rende pas compte qu'elle rigolait. Non, il n'était sûrement pas le genre à s'attirer des ennuis à cause de son physique, ça c'était certain.

— Écoutez, continua-t-il, un jour vous trouverez un homme de votre âge qui saura vous aimer et que vous aimerez. Il ne sera peut-être pas séduisant, mais...au moins il aura un grand cœur.

— Je sais minauda, Iris. Je suis désolée, et je suis encore plus désolée de tâcher votre blouse avec mes larmes.

Elle se releva et essuya ses joues, puis remit l'ascenseur en marche.

— Ce n'est pas grave, ahana le docteur Griffin. Eh bien, n'en parlons plus. C'est de l'histoire ancienne, on passe à autre chose.

Iris acquiesça en enfonçant ses mains dans les poches de son blouson. Elle baissa les yeux et vit le porte-cartes magnétiques entre ses doigts. Le docteur Griffin n'y avait vu que du feu.

En un sens, il avait raison. Il était temps de passer à autre chose...

***

Allison enfila son pantalon de cuir rouge avec beaucoup de peine à cause de la plaie, puis lissa les mèches de sa perruque blonde. Elle se regarda dans la glace, et se surprit à sursauter face à son apparence. Elle n'arrivait toujours pas à s'y faire.

Néanmoins, son teint blêmissait de plus en plus, et son visage commençait à reprendre sa forme originelle. Bientôt, les produits du docteur Jerry Mallorca arrêteraient de faire effet. Il fallait qu'elle sorte de l'hôpital. De toute façon, c'était mission accomplie. Elle avait réussi à empêcher Iris Danvier de faire du mal à Warren. Du moins, elle le croyait...

Ce qu'elle ignorait, c'était que l'adolescente avait réussi à s'infiltrer en douce dans la salle informatique et avait fini par trouver les fichiers relatifs au pacemaker du patient...

Pour le moment, une seule chose préoccupait Allison, c'était de sortir d'ici au plus vite. En repensant à l'histoire sordide de Margaux Chabbat, elle sentit son pouls mitrailler sa tempe. Elle en eut des vertiges.

Mais franchement, qu'est-ce qu'il ne fallait pas inventer ! Une fille ? Et puis quoi encore ? Yan lui avait dit que son enfant était mort. Il n'y avait aucune raison qu'il lui ait menti. C'était Margaux la menteuse, la pestiférée ! Toute cette histoire n'était que du vent, hors de question qu'elle croie en ces futilités. Yan ne lui aurait jamais caché l'existence de son enfant, fin de l'histoire. 

LES CHIRURGIENS DE DIEU tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant