CHAPITRE 13 (2)

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— Qu'est-ce qu'il y a cette fois ? s'énerva-t-elle. J'en ai marre que tu me colles aux basques, sérieusement !

— Je suis aussi très content de te revoir.

— Ne joue pas à ça, Yan. Tu devrais être à l'Agence à cette heure. Que fais-tu ici ?

— Tu trainais, répondit-il de son air grave, en avalant la dernière bouchée de sa viennoiserie. Warren Eastwood était encore en vie, et plus en forme que jamais à ce que j'ai pu constater. Trop de temps était passé...

— Tu n'avais pas besoin de te déplacer pour me dire ça. Je gère la situation !

— On ne dirait pas, répliqua le mentor. Je suis ici sous les ordres du chef. Il trouvait que tu n'assurais pas autant que tu l'aurais dû. Il m'a alors exigé de venir ici et de m'assurer qu'avant cet après-midi, Warren Eastwood ne soit plus de ce monde.

— Tu ne le touches pas, grogna Allison. C'est ma mission, c'est à moi de gérer les choses. C'est à moi de le tuer, merde !

— Ne te donne plus cette peine, souffla Yan. J'ai déjà tout arrangé.

Allison ressentit une pierre froide lui écraser les boyaux. Ses genoux faillirent flancher. Elle ouvrit la bouche, mais ne put rien dire. Le souffle coupé et le regard empreint d'interrogations, elle se contenta de fixer son mentor, en attendant qu'il éclaircisse sa lanterne.

— Je sors de sa chambre, annonça-t-il en léchant les dernières traces de sucre sur ses ongles. Venir à bout de lui était relativement facile, je ne comprends pas pourquoi tu y as mis autant de temps. Un bon coup dans le cœur, commotio cordis, mort subite, et le tout est réglé. On peut rentrer à l'Agence dès ce soir, ne me remer...

Allison tourna les talons et piqua un sprint vers la chambre de Warren. On aurait dit que la foudre venait de s'abattre sur elle. Derrière elle, Yan se lança à sa poursuite en hurlant son prénom. Mais elle n'écoutait plus rien. Elle était comme catapultée dans un monde parallèle. C'était comme si son univers entier venait de basculer. Toute cette pléthore de sensations, était-ce seulement normal ?

Elle s'engouffra dans l'ascenseur et le ferma avant que Yan n'ait le temps de monter à bord. Alors que la cage entamait son ascension, Allison essaya de calmer sa respiration. Pourquoi diable n'était-elle pas heureuse, ou du moins rassurée ? Pourquoi ressentait-elle cette peur viscérale lui tordre les tripes ?

Enfin, ce n'était pas difficile à comprendre ! Pour qu'elle survive, il fallait que Warren meure. Et là, Warren était mort. Ce qui signifiait qu'elle était tirée d'affaire. Elle aurait dû être soulagée ! Elle aurait dû ressentir de la gratitude à l'encontre de son mentor, qui venait vraisemblablement de lui sauver la vie. Pourtant, Allison ne ressentait rien d'autre qu'une peur, une terreur indicible et indescriptible.

Lorsque l'ascenseur s'ouvrit, la chirurgienne fonça dans la chambre de la cible à éliminer, priant un Dieu auquel elle ne croyait guère de faire en sorte que tout ceci ne soit qu'une mauvaise blague. Elle arriva dans la chambrette de Warren et se précipita à son chevet. Le métis semblait endormi. Allison tâta son pouls : inexistant. Elle sentit son esprit se congeler dans son corps. Alors, sans réfléchir plus, elle appuya sur le bouton d'urgence au chevet du patient...

LES CHIRURGIENS DE DIEU tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant