CHAPITRE 27 (2)

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— Qu'est-ce qu'il y a, Greg ? s'énerva la nouvelle venue. J'espère pour toi que cette fois, c'est sérieux !

— Désolé, Mei. En fait, j'ai besoin d'un second avis. Ce permis m'a l'air faux.

Il tendit la carte à Mei Xiang, qui l'examina en profondeur. Le cœur de Yan était suspendu en apesanteur. Il dévisagea la jeune femme de haut en bas. Elle ne l'avait pas regardé. Même pas un coup d'œil.

En plus, quelque chose semblait avoir changé en elle. Elle avait le regard vide, le teint pâle et pas un sourire sur son visage. Elle était loin de la Mei Xiang qu'il avait connu, celle qui l'avait embrassé et avec qui il avait couché...

Quatre fois.

— Ce permis n'a aucun problème, soupira-t-elle, la voix emplie de courroux. Bah voilà ! Bravo, Gregory. Deux personnes à qui tu as fait perdre des minutes précieuses de leurs journées. Je suis désolée, monsieur. Vous pouvez vous en aller, termina-t-elle avant de tourner les talons.

Yan resta coi face à ce spectacle. À aucun moment, elle n'avait même prêté attention à lui. Il la regarda s'éloigner, alors que le vent faisait flotter sa queue de cheval sous sa casquette noire. L'autre policier s'excusa à son tour, puis s'éloigna.

Mais Yan n'en avait rien à foutre. Il venait de revoir Mei ; et là, tout ce à quoi il aspirait à présent, c'était de lui parler à nouveau... il devait savoir ce qui lui était arrivé...et surtout si c'était à cause de lui.

Mais ce jeu était dangereux. Car à cause de ses pulsions, il risquait de tout foutre en l'air...

***

Allison essaya de comprendre, mais les idées se catapultaient dans sa tête. Elle se demanda si elle avait loupé un épisode de sa propre vie. Parce qu'assurément, quelque chose lui échappait. C'était certain.

Récapitulons...

Elle avait feint d'être malade afin de s'introduire à l'hôpital sous couverture. Et là, les résultats disaient qu'elle était vraiment malade ; et pas de n'importe quoi ! Un anévrisme aortique.

Sérieusement ?

Elle était cardiochirurgienne. Si elle faisait un anévrisme aortique, elle l'aurait elle-même diagnostiqué. Là, elle n'avait feint qu'un seul des symptômes, dont les douleurs au thorax. Et c'était insuffisant pour apposer le diagnostic.

— Je n'ai aucun anévrisme aortique, dicta-t-elle sur un ton unanime.

— Moi je vous dis que si, Jenna.

Elle ouvrit la bouche pour répondre, mais ne sut quoi dire. Car comment avouer qu'elle avait feint ses symptômes, sans se compromettre définitivement ? Ici, elle n'était qu'une patiente !

Si elle se mettait à parler comme la cardiochirurgienne qu'elle était vraiment, elle s'attirerait les soupçons de son médecin et ceux de Warren. Elle était dans une impasse.

— Je peux voir les scans ?

— Nous n'avons pas le temps...il faut à tout prix qu'on...

— Les scans ! exigea Allison en tendant la main.

Son médecin lui donna l'enveloppe, et la jeune femme regarda ce qui s'y trouvait. Warren ne parla pas, se contentant d'être un spectateur si muet qu'on pouvait presque oublier sa présence. Allison sortit de l'enveloppe un cliché noir avec des dessins difformes gris.

— Ça, c'est les résultats de l'IRM, expliqua le médecin. Si vous saviez lire ce genre de cliché, vous comprendriez que la situation est plus que critique. La racine de l'aorte est dilatée à plus de six centimètres. Le flap intimal se trouve juste là. Votre valve aortique va bientôt se mettre à fuir et du liquide comprimera votre cavité péricardique, si on ne se bouge pas...

Allison ne put que donner raison à sa chirurgienne. C'était même un miracle que ce patient soit encore en vie. Son aorte était si dilatée qu'on aurait dit un ballon gorgé d'eau. Sauf que ce n'était pas ses clichés à elle...

Plutôt ceux de quelqu'un d'autre.

Elle fixa la rousse d'une façon bien étrange, l'air de lui demander qui elle était.

— Nous devons vous conduire au bloc, Jenna, insista-t-elle.

— Je n'ai fait qu'un malaise, opina Allison, ce qui est insuffisant pour poser le...le diagnostic d'anévrisme aortique...

— Ecoute Jenna, déclara Warren, ça ne me concerne pas mais...c'est normal d'avoir peur. Moi aussi, j'avais peur quand on m'a annoncé que j'avais urgemment besoin d'un pacemaker. C'est normal d'être effrayé. Mais tout va bien se passer...

Effrayée ?

Il la prenait pour qui ? Elle n'était pas effrayée, juste confuse ! Quelqu'un essayait de la conduire à tout prix au bloc. Pourquoi ? Elle n'en savait rien, diantre !

— Je vais moi-même m'occuper de vous, promit sa chirurgienne. Tout se passera bien...

— Excusez-moi, siffla Allison, mais je crois que vous ne vous êtes pas présentée...je ne connais même pas votre nom, docteure...

— Oh, c'est vrai, s'excusa la rousse, pardon. Que je suis tête en l'air. Vous avez raison, continua-t-elle en tendant la main à la patiente. Je suis le docteur Chabbat ; Margaux Chabbat.

LES CHIRURGIENS DE DIEU tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant