Temple de Naeheicnë, Cité d'Ymmaril, Neuvième Cour d'Ombre
Les arènes d'Ymmaril. Il n'existe nul endroit dans le royaume qui me soit aussi intime. Plus encore que le château de mon père, où j'ai finalement, peu été. Car c'est ici que j'ai passé la moitié de mon existence. Au temple de Naeheicnë, comme « consacré » au service du Père de la Guerre. Ce qui explique la haine et le mépris que je porte envers cette institution.
Rizhen, comme moi, baisse un œil morne vers les autels en marbre où on nous enchaînait, après une victoire conquise toujours de haute lutte, pour « honorer » les femelles qui avaient payé pour ça. Une époque où elles étaient plus nombreuses, mais pas moins insatiables. Rizhen, avec son physique de beau paladin, avait beaucoup de succès, mais moi, de par la noblesse de mon sang, j'étais l'étalon le plus demandé du temple. Si l'une de ces « dames » avaient conçu un Niśven suite à ce simulacre, son statut se serait envolé à des hauteurs stratosphériques. Heureusement, cela n'arriva jamais.
J'ai saigné dans ce lieu, souffert, hurlé, maudit. Et beaucoup joui. Mon sang, ma sueur et mon sperme ont nourri ces dalles rouges et noires, enfanté ces fleurs de mort qui, sans cesse, poussent sur l'échiquier central, obligeant les servants à les arracher quotidiennement. J'en vois une juste sous mon nez, avec ses pétales mauves et coupants comme des lames. Je l'écrase avec soin sous mon pied nu.
— Tu es prêt ? me demande Riz, remis de la vile tentative d'empoisonnement de Nazhrac.
J'ai passé la nuit dans le temple de mon château avec lui, en attente, laissant Lathelennil escorter ma Faël jusqu'à Ymmaril. Cette enflure d'Aran a exigé qu'elle assiste au combat... de façon à pouvoir s'emparer d'elle dans le temps juste après. Cyann, lui, attend dans le cair de mon cousin, sous la garde de Rhaenya et la compagne de l'Aonaran, Rika Srsen. Faël était malade de devoir se séparer de son petit à nouveau. Mais si les choses tournent mal... lui, au moins, survivra.
— Oui, grogné-je. Je suis archi prêt.
Si je ne renverse pas Aran ce soir... Faël sera souillée par lui. Prise devant toute la Cour. Je ne peux pas tolérer cela. Je vais tuer Nazhrac, puis Fornost-Aran, directement dans la loge royale, devant toute la Cour. Je m'emparerai de sa couronne, et deviendrai le nouveau roi de Dorśa.
*
Le portail scintille, signifiant que le temps est venu pour moi d'entrer dans l'arène. Rizhen me jette un dernier regard, frappe mon plastron pour en vérifier une dernière fois la solidité. Une maigre protection : les élus de Naeheicnë doivent combattre presque nus pour montrer à tous leur mépris de la douleur et de la mort, et seuls mon bas-ventre et l'une des épaules sont protégés. J'ai obtenu le droit de couvrir mes fesses et mes cuisses avec un pantalon de cuir, et on me l'a autorisé uniquement pour éviter que les spectatrices se rincent l'œil alors que le roi est dans la loge. Il m'a toujours vu comme un rival, parce que je suis plus beau que lui. Si en plus le peu de femelles restantes matent mon cul au passage... ça ne le fera pas.
— Tue-le vite, Tam, me conseille Rizhen. N'essaie pas de faire une action d'éclat pour épater la galerie, ou de jouer avec lui. Les enjeux sont trop hauts.
— Je sais, Riz. Je vais lui planter ma dague dans le ventre tout de suite.
Il hoche la tête, approbateur.
— La règle autorise un seul joker après le premier sang. Tu auras le droit entre effectuer une configuration ou appeler un unique soutien en renfort. Je te conseille de renoncer à la configuration et de me faire entrer dans l'arène. J'attendrai juste derrière le portail.
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LA CHAIR ET LE METAL T2 (Ne m'oublie pas)
Science Fiction"Lle naa vanimë. Tu es mienne." Pour lui, je suis sa chose : une captive, une esclave. Qu'il traite mieux que les autres, qui a le droit à certains égards. Qu'il subjugue avec ce pouvoir d'attraction incroyable propre aux ældiens, qui fait perdre la...