Chp 14 - Tamyan : fureur, sang et feu (2)

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Comme prévu, je l'attaque sans attendre. Et comme prévu, il esquive comme une hënnelleth. Je suis plus rapide, plus brutal que lui : alors, au moment où il essaie de filer sous ma lame, je lui attrape sa longue crinière détachée. Il fait alors quelque chose qui me sidère : il se retourne, plus vif qu'une anguille de roche, et sacrifie sa manne noire. Je me retrouve avec sa queue de cheveux dans la main, les doigts souillés par l'eysh dont il se sert pour teindre ses cheveux du même noir-bleuté que la caste dominante. Fou de rage, je gaspille mon énergie avec une configuration mineure, incendiant dans ma paume ce honteux trophée.

Un mâle qui laisse un autre couper ses cheveux... il aurait baissé son pantalon pour me laisser l'enculer que ça aurait eu le même résultat.

La foule hurle sa désapprobation, et je prévois une nouvelle révolte dans le clan du Feu Noir si, par un hasard aussi extraordinaire qu'improbable, il parvenait à l'emporter contre moi.

— Nazhrac ! hurlé-je. Je ne vais pas te poursuivre partout dans l'arène comme après un sale gosse qui fuit la fessée. Viens prendre ton coup de sabre, que je me trouve enfin un adversaire digne de ce nom ! Tu m'ennuies profondément, et j'ai envie de voir ce que tu m'as réservé.

Il surgit soudain à ma dextre, lame en avant : j'esquive facilement son attaque, et empoigne sa gorge. Car ma bravade était évidemment une feinte. Je compte l'étrangler, le tuer sans verser le sang. Ainsi, il n'aura pas l'occasion de faire descendre son champion dans l'arène.

Mais ce ver retors a enduit tout son corps d'huile visqueuse. Une huile qui m'empêche de le saisir, et qui, en sus, me brûle la peau des doigts. Je le lâche en grognant. Il en profite pour me donner un coup pas trop mal ajusté, me faisant trébucher. Je reprends mes distances. On se fait face un instant, chacun jaugeant l'autre.

Sauf que personne n'ose attaquer. Les règles de ce jeu ridicule sont sans appel : le premier qui fera saigner l'autre aura perdu la manche.

— Eh bien vas-y, me nargue Nazhrac. Tu aurais pu planter tes griffes dans ma chair, tout à l'heure, et même me donner un coup de lame. Où sont passées tes belles menaces ? J'attends.

Je grogne, crache par terre.

— Je sais ce que tu essaie de faire. Tu veux faire entrer ton champion dans l'arène... !

— Et tu as dit que tu affronteras tout ce qui se présenterait, me rappelle Nazhrac.

— Tout, oui... mais je dois admettre que j'avais sous-estimé tes fourberies !

Il ricane.

— Tu manques sérieusement d'imagination, Tam, me tance-t-il. Ce moraliste raide de Rizhen a dû déteindre sur toi... tu n'es plus capable que de penser autrement qu'en termes d'honneur et de prestige, à présent, et c'est pire maintenant que tu as cette femelle. Mais quand Aran la pilonnera comme il a pilonné ta mère, la tête enfoncée sur cette table et le cul à l'air, tu...

Ma lame fuse sous son nez. Il recule, surpris. Puis plaque sa main sur sa bouche, qui se fend déjà.

J'ai mon ouverture.

Achève-le, crois-je entendre dans mon oreille, comme si Rizhen était avec moi.

Et je frappe d'estoc en plein dans son ventre, exactement comme j'avais dit que je ferai.

Mais ma lame ne rencontre que du vide.

Je relève la tête, pour apercevoir Nazhrac quelques mètres plus loin. La main droite toujours sur la bouche, il déplie ses doigts pour me montrer le cube prismatique qu'il tient dans sa gauche. Une pierre de déplacement instantané... cette loque infâme a réussi à faire entrer cet artefact, interdit dans l'arène, je ne sais comment. Il a triché. Sauf que personne n'a vu. Plus rapide qu'un barde en plein tour de passe-passe, il a fait disparaitre l'objet à nouveau.

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LA CHAIR ET LE METAL T2 (Ne m'oublie pas)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant