Chp 11 - Rika : retour à la Cour de Nuit (5)

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Lathelennil m'attendait en faisant les cent pas dans l'antichambre, inquiet.

— Alors ? aboya-t-il en me voyant sortir de la pièce que son frère m'avait allouée pour interroger les prisonniers.

— Ils n'ont rien voulu me dire, soupirai-je, soudain très lasse. Enfin si... l'un d'eux m'a appris que le gouverneur de Nuniel recevait un ældien, celui-là même qui avait traité avec Singh et Priyanca Varma... mais je n'ai pas réussi à en apprendre plus.

— Tu as été follement imprudente, grinça Lathé en m'attrapant le bras. J'ai cru que j'allais te perdre ! Encore un peu, et je me ruais sur lui... vraiment, je n'ai jamais autant souffert de devoir retenir mon bras !

— C'était la seule solution, murmurai-je, la voix rauque. Pour retrouver Ren...

Lathelennil me prit dans ses bras.

— Viens là, ma belle. Mange-ça.

M'ayant assise sur un fauteuil, il fourra un grain de raisin entre mes lèvres. Puis un deuxième, avant de passer à d'autres douceurs.

— Arrête, Lathé... je n'ai pas le cœur à ça.

— Bon. Tu as au moins appris quelque chose. Il est allé voir ce gouverneur humain... d'après toi, qu'est-ce qui aurait pu lui arriver ? répliqua Lathelennil, les sourcils froncés. C'est l'Aonaran, et le guerrier le plus puissant de notre race.

— Ren est bon, naïf et plein d'espoir, lui appris-je. Il veut faire confiance aux humains, et à cause des sentiments que nous avons l'un pour l'autre, il est persuadé qu'une alliance humano-ældienne est possible. Il s'est peut-être fait avoir par la ruse, comme cela lui a déjà arrivé par le passé, avec l'Amirale Priyanca Varma. L'Holos le veut mort ou vif, et connaissant mes frères de race, je peux te dire qu'ils ne lâcheront pas avant que sa peau et son panache blanc ne servent de tapis aux pieds du président Singh, qui doit le tenir responsable de la mort de son épouse et cheffe des Armées.

— Qu'est-ce que tu comptes faire ? me demanda le dorśari, penché sur moi.

— Je vais récupérer l'Elbereth là où Ren l'a cachée... et je vais venir le chercher. C'est mon compagnon, et le père de mes enfants. Je ne peux pas risquer de le perdre une nouvelle fois. Pour moi, c'est inenvisageable.

Lathelennil me regarda en silence. Puis il me prit par les épaules.

— Je viens avec toi, décida-t-il. J'ai promis de mettre mon épée à ton service. Et si tu pars en quête pour délivrer ton mâle de ses ennemis... Il est normal que je vienne pour me battre à tes côtés.

Je le remerciai, un peu gênée. C'était pour délivrer Ren, que je trompais allégrement avec lui, que je partais en guerre. Et pourtant, il se proposait pour m'aider.

— Je ne te laisserai pas affronter tous ces dangers toute seule, reprit-il. Que tu le veuilles ou non, Amarrigan a fait en sorte que nos routes se croisent. Nos destins sont liés.

— Je croyais que tu ne croyais ni aux sældar, ni au destin, Lathelennil, objectai-je.

— Ce n'est pas que je n'y crois pas, reconnut-il. C'est juste que... Je refuse qu'une force supérieure prétende guider mes actions. Et toi, je sais que tu es faite de ce bois-là, également.

C'était vrai. Lui et moi avions beaucoup en commun.

— Il va d'abord nous falloir retrouver l'Elbereth, dis-je.

— Tu crois qu'elle te laissera accéder à son bord ?

— Elbereth m'a accepté comme son pilote : je suis officiellement le capitaine de ce cair, pour reprendre un concept humain. Ren, lui, a le grade de commandant. Sachant Ren en danger, elle doit se morfondre de ne pas pouvoir venir l'aider. La relation entre Ren et Elbereth est particulièrement intense, beaucoup plus profonde que celle qui lie habituellement un ædhel et un wyrm. Si je débarque devant son bord, elle m'ouvrira le sas sans hésiter.

LA CHAIR ET LE METAL T2 (Ne m'oublie pas)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant