Chp 12 - Faith : félonie

42 8 2
                                    

Palais royal, Ymmaril, Neuvième Cour d'Ombre

Tous ces hommes nus, le crâne rasé, assis sur les talons, enchainés les uns aux autres. Des soldats comme l'était Haroun, ou d'autres personnes de la colonie. Il y a encore quelques mois, j'aurais été bouleversée, horrifiée par la vue de mes congénères traités comme du bétail. Mais c'était avant que Haroun me dénonce. Avant qu'un tribunal me condamne à une peine cruelle sans la moindre compassion, à moi qui n'ai jamais tué personne, avant que Gerald me manipule, menace de découper mon fils à vif. Avant que des hommes ordinaires à qui on avait demandé la pire des missions – convoyer une « sorcière » vers le démembrement – décident d'utiliser mon corps pour leur amusement. Avant qu'on ne se débarrasse de mon fils comme d'un colis encombrant, un animal, tout ça parce qu'il avait des oreilles pointues et une queue.

Non, je n'ai pas pitié de ces hommes. J'ai tari toutes mes larmes.

Assise sur les genoux de Tamyan, je dois accepter qu'il me nourrisse lui-même, comme un animal de compagnie. De temps en temps, sa main se promène négligemment sur mes côtes, ma taille dénudée. Je le sens tendu, fébrile, impatient de regagner son domaine.

— Tu ne manges pas ? me demande-t-il en déposant un baiser sur ma nuque.

— Je n'ai pas très faim, Seigneur, lui réponds-je.

Personne ne parle le Commun, ici, mais je dois tout de même suivre le protocole. Rizhen me l'a affirmé. Certains ylfes utilisent des machines de traduction, comme le faisaient les chasseurs de Tamyan après l'attaque de la colonie, et ils peuvent nous épier.

— Moi, j'ai faim, murmure-t-il à mon oreille. Faim de toi.

Je me raidis en sentant ses crocs se promener sur ma peau. Même après les multiples orgasmes qu'il m'a donnés ce matin, en me prenant dans les hauteurs glacées du ciel, je ne lui ai pas pardonné. Tamyan s'est donc retenu de boire à la gorge de l'esclave de sang, tout à l'heure. L'air renfrogné, il m'a conduit jusqu'à son dragon, et m'a fait monter devant lui pour m'amener jusqu'à Ymmaril. Il n'a pas vraiment desserré les dents depuis. Je n'ai pas menti à Rika en lui disant que Tamyan était difficile.

Rika Srsen. Cette femme étonnante... la première à s'être liée à un ældien. Elle l'a fait de son propre chef. Moi, je n'ai pas vraiment choisi... mais je partage cette expérience avec elle, et je sais ce que cela représente.

Alors il te révèlera sa nature profonde : qui est celle d'un gros chamallow.

Les paroles de Rika amènent un sourire fugitive sur mes lèvres. Clairement, elle ne connait pas Tamyan.

— Qu'y-a-t-il, Faël ? susurre celui-ci, la voix brumeuse de désir réprimé.

Tamyan mordille le lobe de mes oreilles. Ses longs doigts caressent ma gorge avec une attention de plus en plus soutenue, et, étant assise sur lui, je peux sentir la pression dure de son pieu de chair, emprisonné dans son pantalon de chasse en cuir. Je me sens un peu coupable. Si je l'avais laissé prendre le sang de cette esclave, il serait moins excité. La soif de sang est étroitement liée au désir charnel, chez lui.

— Rien, lui réponds-je en piochant une baie rouge dans son assiette. Je repensais juste à quelque chose que m'avait dit Rika Srsen.

Du coin de l'œil, j'aperçois la lueur d'intérêt dans les siens.

— Et que t'a-t-elle dit ?

— Elle a juste mentionné le charme des mâle ældiens. Et la théorie qu'elle a sur eux.

LA CHAIR ET LE METAL T2 (Ne m'oublie pas)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant