La dernière.

Chap 44 : cours

[...]
Je me levais précipitamment, lassée des regards pesant des personnes sur moi.

- Beth ! 

Ron devait surement courir derrière moi, je me laissais rattraper et essuyant les larmes sur mon visage d'un geste las.

- Beth où tu vas ?

Il attrapa ma main qui trainait derrière moi et marchait à mes côtés.

- j'en sais rien, j'en ai marre. Dis-je

- Beth, te sens pas coupable...

Je m'arrêtai tout à coup et me tournais vers lui. 

- si, je suis la coupable, la seule et l'unique.

- pas la seule... 

Il baissa la tête et je le vis se mordre les lèvres.

- comment ça ? Demandais-je 

Je redoutais qu'il ne le sache, qu'il sache quoi faire, et je redoutais plus encore qu'il le fasse. 

- je sais pas... On doit bien être coupable quelque part... Dit-il après un petit silence

Ça me rassurai légèrement, il relevait la tête vers moi, avec un tout autre regard. Un regard intrigué, et curieux, qu'il ne me portait pas directement, se sont mes lèvres qu'il regardait comme ça.
Mes yeux tremblaient encore de larmes, quand nous nous rapprochons au même moment. Mes lèvres s'écrasèrent contre les siennes, et une dernière larme s'échappa de mon œil pour apporter un goût salé à ce baiser. Je sentais mon cœur revivre, cette fois ce baiser était seulement amoureux, pas réconfortant. Je remarquais que mes mains s'étaient plaquées sur sa mâchoire, je n'avais aucune idée de comment elles y étaient parvenues, mais elles y étaient bien. Il stoppa notre baiser d'un simple mouvement de lèvres.

- j'y vais... Au revoir Beth. Dit-il

Je cru percevoir une pointe de nostalgie dans sa voix, sa voix qui d'ailleurs semblait... Cassé.
Il me laissa seule dans ce couloir froid et vide. J'avalais ma salive, puis du bout des doigts, touchai légèrement mes lèvres.
Je retournais à ma chambre, pourquoi étais-je sortis ? Pour déjeuner il me semble, je n'avais plus faim. Je me postais devant la fenêtre, je regardais les nuages défiler devant mes yeux dans le soleil qui se levait de plus en plus haut dans le ciel. Je me sentais bien, si j'oubliais le fait d'avoir tué plusieurs hommes cette nuit. J'ouvrais la fenêtre, j'avais besoin de respirer, de me changer les idées. Je posai mes coudes sur le rebord et laissais tomber mon menton dans mes paumes. Là, j'étais bien, j'étais mieux.
Je n'entendis presque pas la porte s'ouvrir, je n'aurais pas dû l'entendre.
Je me retournais et vis Lenni haletant, comme la dernière fois que je l'ai vu.

- dépêche-toi, c'est Ron.

Il disparu comme il était apparu, et je le suivais en courant sans ne rien comprendre. Je courais dans les couloirs de l'hôpital, en criant le nom de Lenni, je finis par le rattraper et lui attrapa l'épaule pour le forcer à s'arrêter.

- tu peux m'expliquer ? Demandais-je à bout de souffle

- ce n'est vraiment pas le moment ! Proteste-t-il 

- dis-moi ! 

- je peux pas le formuler... Dépêche-toi ! Répond-t-il avant de repartir au pas de course.

Sans toujours ne rien comprendre, je n'avais d'autre solution que de le suivre, je commençais à m'inquiéter du fait qu'il ne pouvait pas "formuler" et évidement, je m'inquiétais pour Ron.
Je manquais de perdre de vue Lenni plus d'une fois, j'étais perdue, pas seulement dans l'hôpital, mais aussi dans mes pensées. Mes jambes me faisaient atrocement mal et la douleur à l'abdomen revenait à la charge.
Lorsque je tournais à l'angle d'un couloir, je revis le garçon qui m'avait poussée il y a seulement quelques minutes. 

- ton petit copain fait du bon travail. Lâche-t-il froidement

Il me bouscula d'un coup d'épaule et je le regardais s'éloigner bouche bée. Qu'avait-il voulu dire?
Lenni me rappela à l'ordre à l'angle du couloir d'en face, je me mis à courir comme je ne l'avais jamais fait. Il me conduit jusqu'à une porte quelconque.
J'appuyais sur la poignée et entrai. Je n'avais pas eu le temps d'analyser. Tout ce que je vis, c'est Ron les yeux pleins de larmes.
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