Chap 74 : accident

1.7K 166 18
                                    

[...]

Quelques heures plus tard, nous arrivons à Eastport. L'entrée fut marquée par un grand panneau sur le côté de la chausser, je le suivis des yeux un instant puis il disparut de ma vue.
Le soleil pointait haut dans le ciel, la voiture roulait seule sur la route, Eastport semblait avoir été déserté.
J'entendais Lenni et Méredy se parler près de moi, je regardais le paysage défiler sans intervenir dans leur discussion. Les arbres commençaient à se verdir, l'herbe apparaissait sur les côtés de la route, le printemps faisait son entrée.
J'étais seulement absorbée par l'extérieur, la nature qui défilait à la vitesse de la voiture. Vite, très vite, peut-être trop.
Je me décollais de la fenêtre un instant pour me retourner, je vis Méredy retournée sur son siège, grand sourire qui parlait avec Lenni, et à sa droite, Ron, qui changeait de vitesse, pour aller plus vite. Encore plus vite.

J'eus le temps d'entrouvrir la bouche, mais c'était déjà arrivé.
La voiture glissa, se tourna et se stoppa sur un arbre sur le côté.
Ma tête se heurta violemment contre le siège avant, un trou noir s'installa en moi et je me réveillais une seconde après. La voiture s'était tournée sur elle-même, nous étions sur l'autre côté de la route, en sens inverse, le côté gauche de la voiture était compressé, ma portière était pratiquement arrachée et celle de Méredy avait l'arbre qui la traversait. Une douleur me brûlait le front, je tournais la tête, Lenni avait la tête sur sa portière, celle-ci s'était entrouverte, je pouvais voir les traces des pneus sur le goudron de la chaussée, un filet de sang sur le cuir de la portière. Ma vue était brouillée, mon front me brûlait, je ne comprenais rien. Méredy, elle, était penchée au-dessus de la boite à gant, inerte.
Ron était dans un la même position que Lenni, des taches de sang parsemaient sa chevelure châtain, une main ironiquement encore posée sur le levier de vitesse.
Une multitude d'émotions me traversaient l'esprit, j'étais prise de tourment, ma tête me tournait et ma vue s'embua. Tant d'émotions m'arrivèrent qu'ils disparurent tous, je ne sentais alors plus rien, plus même de peur ou de douleur, ma brûlure se faisait oublier, mes craintes s'estompaient, je ne sentais plus rien, comme si mon trop-plein d'émotions avait explosé, et que je me retrouvais comme seule dans cette voiture accidentée. Mon souffle, seulement, se faisait entendre, j'étais perdue au milieu de cette vision de sang et de dégâts, j'agissais au ralenti, j'étais perdue, j'étais vivante.
Un léger soupir se fit entendre, je repris mes esprits, contrainte, et en cherchais la source.
"Beth..."
C'était une voix si faible, à peine perceptible, une voix souffrante et suppliante, j'aurais pu en pleurer, du ton qu'empruntait cette voix, mais j'avais perdue toutes émotions.
"Beth..." Suivi d'un soupir, à nouveau, je me tournais, et n'aperçus aucun signe de vie de mes amis.
Puis quelque chose glissa sur ma main, un geste lent, je me tournais vers Lenni qui réussit faiblement à ouvrir les yeux et poussa un soupir.
C'était son doigt sur ma main, ses yeux ouverts, son sang sur la portière.
Il me porta son sourire convivial et lâcha :

- t'es encore en vie ? En rigolant faiblement, j'ai ma jambe coincée dans la portière, j'arrive plus à l'ouvrir.

Je souris et sans lui répondre poussa les restes concassés de ma portière, je sortis en me retrouvant dans un début de pelouse, contournais la voiture et arrivais à la portière de Lenni. Effectivement, il avait dû ouvrir la portière en se rattrapant à quelque chose par réflexe, et sa jambe avait glissé dans l'ouverture. Il n'avait plus aucune force, moi-même, j'eut du mal à ouvrir sa portière.
Lorsque celle-ci fut ouverte, il remonta sa jambe et releva son pantalon qui laissait voir une marque de sang autour de son mollet.
Je poussais un cri muet de stupéfaction puis il remit la jambe de son jean en place.

- il faut qu'on aide les autres. Dit-il▪️▪️▪️

La dernière.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant