Chap 68 : vol

1.8K 200 17
                                    

[...]
Les néons s'allumèrent dans un aveuglement surprenant, Ron avait apparemment trouvé l'interrupteur. Bien que dehors, le ciel était clair et dégagé, le magasin semblait avoir du mal à se contenter de la lumière naturelle pour s'illuminer.
Nous nous ruons d'un seul pas vers le rayon qui contenait des sandwichs en tous genre. Ils étaient classés par genre dans les étagères, tout serrés et portant leur étiquette distincte du prix.
À notre grand soulagement, ils n'avaient pas passé la date limite de péremptions, nous pouvions donc en manger sans oublier d'en mettre en réserve dans notre sac.
Nous prenons tout ce qui pouvait entrer dans notre sac, à nous trois, nous avions environ une vingtaine de sandwichs.
Alors que j'entamais un sandwich au poulet, Ron me lança des bouteilles d'eau que j'attrapais sans trop d'effort. J'en laissais une à côté de moi avant de ranger les autres dans mon sac.
Je m'étais assise par terre, adossée au rayon en face des sandwichs à côté de Méredy. L'air était frais, dû aux portes grandes ouvertes, et je me remettais de ma nuit en m'étirant comme un chat après son réveil.
Je remarquais que Méredy était silencieuse et terne, elle regardait son sandwich comme s'il était couvert d'écailles.

- Méredy, ça va ? Lançais-je en la pointant du regard.

Elle leva aussitôt la tête, comme si je l'avais interrompu dans son observation.

- je... Je ne sais pas si c'est bien ce qu'on fait... On vole ce magasin !

Ma bouche s'entrouvrit, mais aucun son n'en sortit. Je me tournais vers Ron qui haussa les épaules. Je sentais une sorte de panique chez Méredy, une panique qu'elle-même aurait du mal à expliquer.

- Méredy, ce n'est pas grave ce qu'on fait, tout le monde aurait fait la même chose... Et ces sandwichs auraient périmé si on ne les avait pas mangés.

Elle ne répondit pas et se contenta de recentrer à nouveau son attention sur son sandwich.

- Méredy, on n'a pas d'autres choix, si tu veux mourir de faim ça sera sans moi. Ce ne sont que des sandwichs !

La petite brune ne répondit pas, mais elle mordit dans son sandwich avec un écœurement qui se ressentait jusque chez-moi. Elle était distraite et tout à coup très silencieuse, ce qui m'étonnait de sa part, elle qui bavardait depuis que je l'ai rencontré. Malheureusement, nous connaissons seulement depuis hier, j'aurais donc tort de la juger sur ses habitudes.
Nous finissons de manger rapidement et je me relevais, avec une douloureuse sensation de mal de dos. Le poids inconditionnel de mon sac n'y changea rien. Une sonnerie provenant de ma poche m'attira, j'en sortais mon portable et l'allumais.
C'était un message de Lenni, écrit comme je le connaissais, avec son vocabulaire très littéraire.

- c'est Lenni ? Demande Ron.

Je lève la tête vers ce dernier et hoche la tête avec un léger sourire.

- qu'est-ce qu'il écrit ? Continu t'il

- "tu as peur pour moi, mais tu ne crois pas que j'ai aussi peur pour toi ?"

Ron sourit en secouant la tête, tandis que je restais accrochée à l'écran.
Il est vrai que je n'avais pas pensé qu'il s'inquiétait peut-être pour moi, étant donné que de nous deux, je suis actuellement la plus en danger.
Mais je m'en voulais plus encore, il me faisait des petits rappels poignants, parce qu'il savait que c'était mon point faible, lorsqu'il me fait des reproches indirectement.

- qu'est-ce que je suis sensée lui répondre ? Continuais-je

Je relevais encore la tête vers Ron qui ouvrit la bouche, mais semblait réfléchir, après quelques secondes, il lâcha :

- dis-lui qu'on l'attendra à Bonners Ferry.
                                                                 ▪️▪️▪️

La dernière.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant