Epilogue

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Évidemment que ce que j'ai vu pourrait rendre fou n'importe qui, moi-même était à deux-doigt de le devenir si Méredy n'avait pas intervenue en voyant mes mains sur le rebord qui tremblaient frénétiquement. Peut-être suis-je déjà folle ; je ne dis plus rien, je ne dors plus, et le moindre endroit sombre me rappelle le vide infini que j'ai vu durant des milliards d'années. Finalement, au bout de deux jours et demi, je tombais de fatigue, mais rouvrais les yeux dès que le noir du sommeil commençait à m'envahir. Lenni m'avait dit de garder la lumière allumée, et son conseil s'était avéré très utile, j'étais certainement trop folle pour y penser.
Le nombre de délits que nous avons commis n'est pas passé inaperçu, parenticide ( eh bien oui, j'ai tué mon père ), vol, entrée par effraction dans un territoire évacué, menaces armés contre la police...
C'était sans compter la seule bonne chose qu'à fait la puce pour nous, on pouvait alors affirmer sans crainte qu'on ne se contrôlait plus, une chance que Lenni et Méredy aient commis moins de délits que nous. De plus, on pouvait fournir des réponses au monde entier qui se demandait ce qu'il avait bien pu se passer ces derniers mois. Rajoutez un bon avocat et on obtient l'esquive d'une peine judiciaire.
À peine plus tard, Ron et moi s'étions fait retirer nos puces, à mon réveil, je m'étais sentie plus légère. Dommage que je n'ai pas pu la récupérer pour la détruire, des scientifiques voulaient les étudier.

Le bruit de ma fenêtre me réveille, j'ouvre à peine les yeux pour entrevoir Lenni entrer depuis le jardin. Je grogne et plonge mon visage sous l'épaisse couverture. Je n'ai plus peur du noir maintenant, je crains légèrement sans piquer une crise à chaque fois.
Il soulève la couverture et je grogne encore.

- j'ai froid !

Il me regarde comme si je venais de parler l'extraterrestre, il hausse les sourcils et rit :

- O.K., tu as l'air d'avoir dormis toute la nuit et tu as froid en plus ? Où est la vraie Beth ?

Pour toute réponse, je grogne encore et lui demande mon pull sur ma chaise. Au moment où il se retourne pour le prendre, il continue à me parler de dos :

- parce qu'en plus, tu portes des couleurs ! Il désigne mon pull bleu pâle, mais qui êtes-vous ?

Il rit plus fort et je me redresse pour enfiler le sweat.

- j'ai assez vu de noir comme ça.

Il lève les yeux au ciel et me sourit. Je vois bien qu'il rit jaune, qu'il se demande pourquoi je n'ai plus d'insomnies, pourquoi je ressens le froid, pourquoi le noir n'est plus ma couleur fétiche. Je me le demande aussi, voilà pourquoi je ne peux pas lui fournir de réponses.
J'ai changé, ça, on peut en être sûre. Depuis plus longtemps que Lenni ne le pense, puisqu'on ne se voit plus beaucoup.
Les cours ont recommencé, lui y va, moi pas. Je devais apparemment me "remettre de mon traumatisme" pour pouvoir remettre les pieds au dernier endroit que j'ai vu avant que tout ne parte en vrille. J'y retournerai surement la semaine prochaine, attendant les regards surpris quand tout le monde me verra porter autre chose que du noir.

Lenni se jète à ma droite sur le lit, on reste là un moment à fixer le plafond, se souvenant du stupide bon vieux temps, alors que mes posters de rock se détachent un peu plus du mur à chaque seconde. Allongés côte à côte, silencieusement, jusqu'à ce qu'il lance :

- je crois que je vais demander à Méredy d'être ma petite amie.

Je souris malgré moi, le regarde une seconde puis retourne au plafond.

- sérieusement ? Dis-je le sourire aux lèvres

- Mmh... Qu'est-ce que tu en penses ?

- eh bien étant donné la manière dont elle a réagi quand tu l'as embrassé...

Je ris, il me donne une tape sur le bras en souriant. Je reprends :

- t'es un gars super, et elle une fille super, alors vous feriez un super couple.

Évidemment que Méredy et lui feront un couple, ça s'est vu dès le tout premier jour et c'est génial. L'une des dernières choses au monde qui réussissent à me faire sortir un véritable sourire.
Et c'est à ce moment précis, allongé aux côtés de Lenni, que je réalisais que tout était terminé. Et que tout cela restera à jamais au plus profond de mon âme.

*

La dernière.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant