[...]
Le souffle coupé, je ne bougeais plus. Incapable de faire quoique se soit, les yeux rivés sur mon poignet, la bouche entrouverte.
Lorsque je réussis à me lever, appuyée contre le tronc d'arbre, mes yeux commencèrent à me brûler, puis ma vision se dédoublait, et je sentis le chatouillement familier des larmes sur mes joues.
Je pleurais comme si mes yeux étaient des rivières inépuisables, sans aucun sanglot, sans aucun geste, seuls mes yeux délivraient mes larmes.
Pleurais-je de soulagement, de rage, de joie, de tristesse ? Aucune idée.
Je relevais la tête, vingt mètres plus loin devant moi, je voyais Ron enfiler un pull par-dessus son tee-shirt. L'air s'était refroidi, je n'avais même pas réalisé que mes doigts étaient glacés.
Je lâchais ma cigarette qui tomba au sol sans un bruit, puis l'écrasait avec ma semelle. Je restais un moment debout, regardant mes chaussures, attendant que mes larmes arrêtent de couler, puis je me mis en marche.
Mes yeux rivés sur Ron, marchant vers lui, cette étrange impression de ne plus rien ressentir, comme si les larmes que j'avais lâchées avaient effacé toutes traces d'émotions.
Ron était maintenant assis dos à moi, discutait avec Lenni à côté de lui, vêtu d'un simple tee-shirt, tout comme moi, Lenni supporte bien le froid.
Lorsque j'arrive à sa hauteur, je m'arrête net, qu'est-ce que je pourrais lui dire ? Je n'allais pas lui lâcher ça comme ça !
- Ron ?
Ma voix était brisée, je ne la reconnaissais pas moi-même. Ils se retournèrent en même temps vers moi. Lenni se leva furtivement en me voyant, les sourcils froncés, me questionnant du regard.
Ça va ? Me disaient les yeux de Ron.
- je... Fis-je, je me sentais soudainement impuissante, faible, inutile.
Mes jambes se dérobèrent sous moi, je m'étalais sur mes mollets.
Lenni jetait un regard à Ron, incapable de comprendre la situation.
- David... Il a... C'est lui. Tentais-je d'expliquer vainement plus pour moi que pour Ron et Lenni.
Je relevais le visage, les yeux de Ron s'étaient détendus, il entrouvrit la bouche puis se pinça les lèvres.
- Beth tu... Tu ne savais pas ? Murmure-t-il
- quoi ? Expulsais-je plus violemment que je ne l'aurais voulu en expulsant tout l'air de mes poumons.
Je me relevais, ne le quittant pas des yeux, les sourcils froncés.
- je l'ai compris hier, je croyais que toi aussi... Susurre-t-il
- ça ne t'était pas venu à l'esprit d'en parler avec moi ? M'écriais-je tout à coup, révoltée.
Il ne répondit pas, les yeux perdus dans le gazon sous ses mains.
- quelqu'un m'explique ? Intervient Lenni qui n'avait pas bougé depuis tout à l'heure.
Je le regardais, accablée, je me sentais comme doublement trahie, et j'étais incapable de l'expliquer à mon meilleur ami.
- C'est David qui a fait tout ça, il est à l'origine de tout ça... Essayais-je, et comme il me regardait avec le même regard incompréhensif, je poursuivis : j'ai quatre cicatrices sur le poignet, il est censé en avoir seulement trois, et ce corps inconnu, je... C'est David qui l'a mis là. Bafouillais-je
- comment tu peux savoir que c'est lui ? S'obstine Lenni.
J'ouvrais la bouche, je n'en avais aucune idée, mais dans ma tête tout était si clair, tout coïncidait, j'en étais sure.
- on a qu'à l'appeler. Fit la voix de Méredy dans mon dos.
Je me retournais, ignorant qu'elle était là et depuis combien de temps.
- tu sais qui il est ? Demandais-je, comme si c'était la question la plus importante de toutes.
- non, mais Lenni m'a raconté tout ce qu'il s'est passé de A à Z. Répond-t-elle, elle sourit et ses pommettes rebondirent.
Je me retournais vers Lenni qui souriait tête baissée.
- tu as bien son numéro, Lenni ?▪️▪️▪️
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La dernière.
Science FictionEt si un jour, sans aucune raison, les filles du monde entier disparaissaient ? Et si un jour, l'humanité entière serait devenue entièrement vouée à la discontinuation de son existence ? « Je n'ai pas disparu » Beth, une jeune fille de 16 ans qui a...