Chap 87 : étoiles

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[...]

Nous avions marché une grande partie de la journée, et nous nous sommes arrêtés lorsque nous avions trouvé une sorte de prairie en début d'après-midi.
On avait étendu nos vêtements sur le début d'herbe au soleil pour les faire sécher parce que, comme disait Méredy "on sent le chien mouillé".

Maintenant, le soleil commençait à se coucher, ne nous laissant d'autre choix que de dormir ici, allongés dans cette herbe poussante.
Cette prairie était perdue au milieu de nul part, ce qui n'était pas plus mal par ailleurs, puisque maintenant la police devait nous rechercher, étant donné que nous étions entrés sur un territoire obligatoirement évacué.
La prairie était entourée d'arbres de toutes sortes, et, alors que mes amis dormaient tous, je me levais pour m'adosser plus loin à un arbre.
Accompagnée de mon insomnie habituelle, et la musique qui va avec, j'étais assise par terre, regardant les étoiles devants mes yeux.
Un mouvement à ma droite attira mon regard, je tournais la tête, à l'affûs, et poussai un soupir, ce n'était que Ron.

- tu ne dors pas ? Lui demandais-je alors que j'enlevais mes écouteurs de mes oreilles en les tirants d'un coup sec vers le bas.

- c'est à toi que je devrais le demander. Répond-t-il.

- j'arrive jamais à dormir.

Il s'installe à côté de moi, sans pour autant s'adosser à l'arbre, il s'allonge seulement par terre à mes côtés.
Je m'avance pour m'allonger à côté de lui, nos épaules se touchaient, et nos regards étaient, tous les deux, orientés vers le ciel étoilé.

- quelle question tu te poses le plus ? Demande-t-il tout à coup.

Je fixais une étoile sans vraiment réfléchir à sa question. À vrai dire, je me posais tellement de questions qu'aucune n'importait plus vraiment.

- pourquoi j'étais la dernière, je pense, et toi ?

- pourquoi je ne suis pas mort. Confit-il avant de mettre sa main sous sa tête.

- ah oui, il y a ça aussi... Soufflais-je tandis que mon cœur ne devenait qu'un organe étroit empli de questions. J'aurais aimé être comme tous les autres pour au moins ne pas souffrir de tout ça.

Ma remarque semblait le tourmenter, il se releva sur un coude, mettant son visage au-dessus du mien en me fixant durement.

- parce que tu crois qu'ils n'ont pas souffert ? La fois où ils ont failli tous se suicider, la fois où ils ne pouvaient plus respirer, pour toi, ils n'ont pas souffert ?

- si, bien sûr que si, mais... Nous aussi, je veux dire, une fois, on a eu une douleur atroce au poignet sans raison, et tous les incidents comme chez Luc, ou l'accident de voiture la semaine passée, sans parler évidemment des blessures morales. Lâchais-je

C'est vrai qu'eux aussi avaient souffert, et je ne veux vraiment pas me plaindre du mal que j'ai eu, mais c'est juste que je ne pouvais pas rester dans mon éternelle petite obscurité toute seule, la patience me manquait.

- ouais, c'est vrai, admet-il avant de retomber sur le tapis d'herbe.

Nous restions de nombreuses minutes sans parler, à seulement observer le ciel et son spectacle nocturne, j'eus le temps de découvrir douze nouvelles étoiles que je n'avais pas vues, voir quatre étoiles filantes et m'éblouir deux fois avec la lune quand Ron reprit la parole.

- dis-moi quelque chose que tu n'as jamais dit à quelqu'un.

Surprise de sa question, mais décidant de jouer le jeu, je cherchais dans le fin fond de ma mémoire à la recherche d'un détail solidement gardé que je pourrais dévoiler à Ron. Après tout, il m'a vu tuer mon père, qu'est-ce qui pourrait l'étonner sur moi après ça ?

- tu te souviens de cette histoire avec Lenni dont j'avais refusé de parler ? Demandais-je avant d'enchaîner sans attendre de réponse. C'était il y a deux ans, il avait subitement disparu et la nuit même, il était revenu dans ma chambre en me disant que je devais impérativement le suivre, il m'a emmenée vers un bâtiment en brique, et quelque chose m'a frappée, quand je me suis réveillée, Lenni m'avait expliqué qu'un homme avait menacé toute sa famille s'il ne m'amenait pas à lui, je lui en voulais tellement et... Je n'ai jamais su ce qu'il s'était passé, mais je me suis rappelée que c'était David. Confiais-je en tremblant devant les souvenirs qui me refaisaient face, j'avais des traces d'aiguilles sur le corps, et... J'avais mal...

- ...au poignet, me coupa Ron.

Je me retournais vers lui, ses sourcils étaient froncés, il semblait effrayé.

- j'ai vécu la même chose que toi Beth.

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La dernière.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant